L’Allemagne n’a pas de pétrole mais elle a des idées avec cette première mondiale : une usine flottante capable de produire de l’hydrogène à partir la mer et du vent

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Un carburant fait de vent, d’eau salée et d’un zeste de CO₂.

Une usine posée sur l’eau, loin des côtes, alimentée uniquement par le vent et l’air marin. Pas un tuyau, pas un câble vers la terre. Juste des pales qui tournent, des machines qui s’activent, et au final… du carburant liquide. C’est le nouveau projet allemand dont nous allons vous parlez aujourd’hui et qui pourrait se résumer à “En Allemagne, on n’a pas de pétrole mais on a des idées”.

Flottant au large de Bremerhaven, dans le nord du pays, une barge bardée de containers et de modules high-tech, développée par l’Institut de technologie de Karlsruhe. Le but ? Transformer les ressources les plus banales, l’air, l’eau de mer et le vent, en carburant synthétique prêt à l’emploi !

Lire aussi :

Du vent dans les câbles, et du carburant à la sortie pour cette embarcation insolite allemande

Voici comment ça marche, étape par étape.

On capte le vent offshore avec des éoliennes, on convertit cette énergie en électricité, et on utilise cette électricité pour faire deux choses : désaliniser l’eau de mer, puis séparer les molécules de cette eau en hydrogène et oxygène grâce à l’électrolyse.

En parallèle, un autre module capture le CO₂ directement dans l’air. Oui, dans l’air que vous respirez, celui qui contient 0,04 % de dioxyde de carbone. C’est peu, mais suffisant.

Une fois qu’on a de l’hydrogène d’un côté, du CO₂ de l’autre, on les fait réagir ensemble dans un réacteur Fischer-Tropsch. Et là, abracadabra, on obtient des carburants liquides parfaitement utilisables, sans pétrole ni émissions supplémentaires. Juste un peu de chimie bien maîtrisée.

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Un laboratoire qui tangue au gré des vagues

Cette usine flottante n’est pas encore à plein régime. Elle est en phase de test dans le port, avant d’être installée au large de l’île d’Helgoland. L’idée, c’est de voir comment tout ce petit monde résiste aux conditions marines : embruns, tempêtes, corrosion, sel… Rien de tendre.

C’est aussi l’occasion de vérifier si la production est stable, si les matériaux tiennent, si les réactions chimiques se comportent bien à bord d’une barge qui n’a rien d’un laboratoire immobile.

Et surtout, il faut mesurer les impacts sur l’environnement. Est-ce que les rejets sont maîtrisés ? Est-ce qu’on dérange les poissons ? Est-ce que l’ensemble est vraiment propre, sur l’ensemble de son cycle de vie ? Toutes ces questions sont au cœur du projet.

Un carburant pour les avions, les bateaux… et peut-être votre voiture

Le but final n’est pas juste de produire quelques litres pour le plaisir. Si tout fonctionne, elle pourrait donner naissance à des usines beaucoup plus grandes, capables d’alimenter des secteurs entiers.

On parle de kérosène synthétique pour les avions, de méthanol pour l’industrie chimique, voire d’ammoniac pour les cargos. Tout cela sans utiliser une goutte d’eau douce, sans extraire de pétrole, et sans dépendre de pipelines.

Le CO₂ capté dans l’air devient une matière première. Le vent devient une source d’énergie stable. Et l’eau de mer, jusqu’ici inutilisée, entre dans la danse.

Pourquoi tout miser sur la mer ?

La réponse tient en trois mots : puissance, espace, constance.

Une éolienne en mer produit en moyenne 5 MW, contre 3,5 MW à terre. Le vent y est plus fort, plus régulier, et surtout, il y a de la place. Des kilomètres carrés sans voisin, sans route, sans limitation d’usage.

Installer une usine en pleine mer, c’est aussi éviter de saturer les réseaux électriques terrestres. On consomme l’énergie là où elle est produite. Pas besoin de construire de nouveaux câbles, ni de surcharger les lignes existantes.

Et en connectant directement les électrolyseurs aux éoliennes, on élimine un maillon de la chaîne. Moins de pertes, moins de contraintes, plus d’efficacité.

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L’Allemagne veut passer à l’échelle

Derrière cette barge, il y a un plan. Un plan ambitieux, financé par le gouvernement fédéral. Le programme H2Mare regroupe plusieurs sous-projets :

PtX-Wind, pour tester le carburant synthétique en mer.
H2Wind, pour adapter les électrolyseurs aux conditions marines.
OffgridWind, pour améliorer les turbines hors réseau.
TransHyDE, pour s’attaquer au transport de l’hydrogène.

La mer n’est plus un obstacle. Elle devient un territoire énergétique et cette barge, ancrée dans la mer du Nord, pourrait bien annoncer la fin du pétrole dans certaines applications. Reste à savoir si d’autres pays européens oseront suivre.

Source : https://www.wasserstoff-leitprojekte.de/projects/h2mare

 

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

4 Commentaires

  1. Non, l’Allemagne n’est pas pionnière sur cette technologie, la France la développe déjà depuis un bon moment … rapprochez vous de l’Amicale de l’Offshore et vous en saurez plus !!!

  2. En France, l’entrepirse Lhyfe fait la même chose.
    Elle fait fonctionner depuis maintenant quelques années une éolienne en mer au large du Croisic et produit de l’hydrogènes dans les conditions décrites par votre article
    Cette éolienne est pour l’instant unique car c’était au départ un essai.
    Cet essai ayant été concluant, Lhyfe va maintenant se lancer dans un vrai champ d’éoliennes en mer.

  3. Une usine prototype pour produire le carburant du futur, c’est très bien mais, car il y a toujours un ” mais”, si l’on se projette dans le futur, quel sera le coût d’un litre de carburant synthétique quelque soit son élaboration?
    Je rebondis aussi sur la désalinisation de l’eau de mer, technique énergivore à terre: quid des boues ou autres rejets très salés?
    Rien n’est parfait mais la science avance

  4. Bonne idée d’utliser NH3, malgré sa toxicite.
    Par contre, attention aux fuites d’hydrogène ! Les molécules H2 diffusent facilement. Dans l’atmosphère, eĺles vont détruire les radicaux OH (générés par le rayonnement cosmique), lesquels sont les nettoyeurs du méthane, ce contributeur notable à l’effet de serre.
    Soulignons que diminuer les rejets de méthane réduirait en une décennie la concentration dans l’atmosphère et donc le forçage radiatif.
    Une contrainte négligée pour la mirifique civilisation de l’hydrogène ?

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