Le passeport chinois monte en grade.
C’est un petit rectangle bordeaux, de 125 millimètres sur 88, qui commence à devenir un symble de la puissance diplomatique de la Chine. Depuis 2021, dix pays supplémentaires ont accepté de laisser entrer les citoyens de l’Empire du Milieu sans visa ou avec un visa à l’arrivée. Le passeport chinois a ainsi grimpé de la 72e à la 60e place du classement mondial de mobilité.
Lors d’une conférence à Pékin le 30 juillet, Xiong Shuren, directeur du service des entrées et sorties à l’Administration nationale de l’immigration, a levé le voile sur cette dynamique : la Chine agit méthodiquement pour étendre la liberté de circulation de ses ressortissants, et les chiffres donnent le vertige.
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Plus de 90 destinations à portée de passeport pour les chinois en 2025
Aujourd’hui, plus de 90 pays et régions offrent une entrée facilitée aux détenteurs d’un passeport chinois. On y trouve des partenaires commerciaux fidèles, mais aussi de nouveaux États séduits par la vitalité du tourisme chinois et l’ampleur des investissements asiatiques.
Cette ouverture n’est pas unilatérale. La demande intérieure pour voyager à l’étranger a explosé. Rien que sur la période 2021-2025, 300 millions de documents de sortie ou d’entrée ont été délivrés.
L’administration suit le rythme. 480 millions d’actes d’assistance ont été traités via les services numériques, hotlines et plateformes mobiles.
Réouvrir les verrous pour mieux accueillir
Il n’y a pas que les ressortissants chinois qui profitent de ce grand ménage diplomatique. La Chine a aussi retravaillé ses propres conditions d’entrée, pour attirer chercheurs, investisseurs, touristes et talents étrangers.
Liu Jia, responsable de la gestion des étrangers, l’a résumé ainsi : le nombre de résidents permanents étrangers est en nette augmentation. La raison ? Un parcours administratif plus simple, et une nouvelle carte de résident permanent lancée fin 2023, équipée d’une puce permettant aux titulaires d’utiliser les transports, de consulter un médecin ou d’ouvrir un compte bancaire… comme n’importe quel citoyen local.
Cette carte, lorsqu’elle est accompagnée d’un passeport valide, permet aussi de revenir en Chine sans visa, et plusieurs fois s’il le faut. Un outil bien pensé pour les voyageurs réguliers, chercheurs, industriels, ou diplomates en escale permanente.
Des chiffres qui parlent la langue de la géopolitique
Concrètement, la Chine a signé 29 accords d’exemption de visa mutuelle, adopté 46 politiques unilatérales d’entrée sans visa et mis en place 55 dispositifs de transit sans visa (entre 72 et 144 heures) dans les grands hubs comme Pékin, Canton ou Shanghai.
Et ces mesures ne sont pas symboliques. L’entrée sans visa est devenue la première porte d’accès à la Chine pour de nombreux étrangers, qu’ils soient commerçants, diplomates, ou chefs de projet sur les grands chantiers de l’initiative “la Ceinture et la Route”.
Le passeport chinois n’est donc plus seulement un carnet de voyage. C’est une clé diplomatique, un outil d’influence, qui ouvre autant de portes à l’international qu’il en ouvre à ses propres citoyens.
Une carte à puce qui fait tomber les barrières
Depuis décembre 2023, la nouvelle carte de résident étranger permanent a changé la donne. Intégrant une puce électronique, elle permet à ses détenteurs d’interagir directement avec les services publics, les compagnies de transport, les hôpitaux ou les banques.
Le visa électronique de son côté continue de se développer, avec des formulaires allégés pour les visiteurs professionnels, universitaires ou scientifiques. Le système chinois de mobilité s’étend, se digitalise, et gagne en rapidité.
Une course de fond entre l’Europe et l’Asie
En 2025, le passeport chinois se positionne à la 60e place du classement mondial établi par Henley & Partners, basé sur les données de l’IATA. C’est loin du podium, certes, mais la progression est spectaculaire : en 2015, la Chine était à la 94e place.
Face à cette dynamique, le passeport français reste un mastodonte : il permet d’accéder à 189 destinations sans visa, ce qui le place à la 3e place mondiale aux côtés de l’Allemagne (elle progresse même de 3 places par rapport à 2023), de l’Italie ou de l’Espagne. Seuls Singapour (193) et le duo Japon-Corée du Sud (190) font mieux. Chute confirmée pour les États-Unis et le Royaume-Uni : chacun perd encore une place dans le classement 2025. Washington glisse à la 10e position, frôlant la sortie du top 10, Londres se maintient péniblement au 6e rang. Un recul lent mais constant depuis dix ans. Pendant que les émergents ouvrent leurs frontières, les anciens leaders referment les leurs.
Attention au faux confort toutefois pour l’Hexagone. La France, tout comme ses voisins européens, reste puissante dans un classement statique, alors que des puissances comme la Chine avancent vite en ajustant leurs accords, en misant sur la réciprocité, et en investissant dans les zones grises du globe.
Deux approches très différentes d’un même outil : un carnet de voyage, devenu miroir diplomatique.
Et au fond, une réalité simple : plus un passeport ouvre de portes, plus il dit quelque chose sur la manière dont le monde perçoit votre pays.
tableau des passeports les plus puissants au monde en 2025
Rang | Pays | Nombre de destinations accessibles sans visa |
1 | Singapour | 193 |
2 | Japon, Corée du Sud | 190 |
3 | Danemark, Finlande, France, Allemagne, Irlande, Italie, Espagne | 189 |
4 | Autriche, Belgique, Luxembourg, Pays‑Bas, Norvège, Portugal, Suède | 188 |
5 | Grèce, Nouvelle‑Zélande, Suisse | 187 |
6 | Royaume‑Uni | 186 |
7 | Australie, Tchéquie, Hongrie, Malte, Pologne | 185 |
8 | Canada, Estonie, Émirats arabes unis | 184 |
9 | Croatie, Lettonie, Slovaquie, Slovénie | 183 |
10 | États‑Unis, Islande, Lituanie | 182 |
Sources :
- Henley Passport Index (données IATA)
- https://www.chinadaily.com.cn/a/202507/31/WS688ac3daa310c26fd717cac9.html
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