Quand des spaghettis en carbone promettent de révolutionner nos batteries : bienvenue chez NAWAH
Imaginez une assiette de spaghettis froids. Pas très sexy, je vous l’accorde. Maintenant, imaginez ces mêmes spaghettis, alignés au micron près, debout comme une armée miniature, chacun parfaitement dressé. Vous venez de visualiser ce que les scientifiques appellent des nanotubes de carbone verticalement alignés, ou VACNT. Ce sont précisément ces “pâtes high-tech” que la jeune pousse française NAWAH (anciennement Nawa Technologies) a réussi à dompter. Dans un coin discret de Provence, cette start-up pourrait bien avoir trouvé l’un des ingrédients clés de la révolution énergétique mondiale et remettre la France sur le devant de la scène des technologies vertes.
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Le défi des batteries : ce n’est pas le contenu, c’est l’agencement
Commençons par démolir une image que vous avez tous en tête : une batterie, ce n’est pas juste une boîte pleine de lithium, ce qui compte, c’est la manière dont les électrons et les ions circulent à l’intérieur. Dans les batteries “classiques”, c’est souvent un vrai capharnaüm. Les ions se déplacent comme dans un vieux parking mal éclairé : couloirs étroits, virages serrés, bouchons permanents… Bref ! Surchauffe, lenteur de recharge, pertes d’énergie !
Avec les nanotubes de NAWAH, c’est tout l’inverse. Les électrons ont un couloir VIP, tout droit, pas d’embouteillages et peuvent revendiquer 80 % de charge en 5 minutes lors de certains tests. Grâce à la surface interne décuplée, on stocke plus d’énergie sans agrandir la batterie. De quoi envisager 1 000 kilomètres d’autonomie pour une voiture électrique. Paris-Marseille sans recharger, clim enclenchée.
Un carbone qui travaille pour la planète
Ce qui impressionne aussi, c’est la cohérence écologique de l’approche. Pour synthétiser ses nanotubes, NAWAH n’utilise pas du gaz issu d’énergies fossiles, mais des liquides riches en carbone comme des huiles végétales. On capte le carbone des plantes pour le transformer en nanotube, puis on le relâche proprement en CO₂ revalorisable en fin de vie. Une sorte de photosynthèse inversée industrielle, parfaitement bouclée. Peu d’acteurs peuvent en dire autant.
Et même leurs usines sont pensées pour occuper moins de surface au sol, entre un tiers et un quart de moins que les géants du secteur. Là où certains abattent des forêts pour construire des giga-usines, NAWAH conçoit ses lignes pour s’intégrer au paysage.
Une expertise rare, qui fait mouche
Dompter les nanomatériaux n’a rien d’évident. La plupart des laboratoires qui travaillent sur les nanotubes en sont encore à faire des essais dans des boîtes de Petri. NAWAH, elle, produit déjà des tapis alignés en continu, avec une régularité suffisante pour alimenter l’industrie.
Dans les matériaux composites, par exemple, ces nanotubes renforcent les couches de carbone comme une armature invisible, ce qui a comme effet effet immédiat une résistance à la fatigue multipliée par dix. Là où un matériau standard commence à faiblir après 5 000 cycles, ceux renforcés par NAWAH tiennent jusqu’à 50 000. Lors de tests d’impact, il faut dix fois plus de chocs pour les endommager.
Pas étonnant que des industriels s’intéressent de très près à cette technologie. On sait que Saft (une filiale de TotalEnergies spécialisée dans les batteries) est déjà dans la boucle, avec des projets cofinancés par l’ADEME. D’autres noms circulent, sans être confirmés. Mais une chose est sûre : l’automobile n’est pas le seul domaine concerné.
Une production prête pour l’échelle mondiale
En 2022, NAWAH a signé un record mondial en produisant des tapis de VACNT sur 90 centimètres de large, en double face. Ce détail peut paraître technique, mais il est essentiel. C’est cette largeur qui rend la technologie viable pour l’industrie, permettant de dérouler ces “tapis de nanotubes” comme on déroulerait un film plastique en usine.
L’entreprise détient aujourd’hui plus de 100 brevets, emploie environ 70 personnes entre la France et les États-Unis, et s’appuie sur un site américain à Dayton (Ohio) pour transférer rapidement ses innovations entre les deux continents. L’aéronautique, l’énergie, l’hydrogène, l’électronique embarquée : les débouchés sont innombrables et l’horizon dégagée pour la start-up française !
Une entreprise qui sait s’adapter aux circonstances
En 2023, NAWAH a pris un virage clair : stop temporaire sur la production de supercondensateurs, trop gourmande en ressources à ce stade, et retour au cœur du métier : le nanomatériau. L’objectif est de fournir des électrodes optimisées aux géants de l’énergie et du transport, qui assembleront eux-mêmes leurs cellules.
C’est une stratégie agile, qui permet à NAWAH de garder la main sur son savoir-faire, tout en réduisant les risques industriels. Ce repositionnement s’est accompagné du rachat par le fonds Kouros (société française d’investissement industriel dédiée à la transition énergétique), qui était déjà actionnaire, et qui a renforcé la solidité financière de la start-up.
L’électrode française qui pourrait électriser l’Europe
Alors que l’Europe a débloqué plus de 20 milliards d’euros pour assurer sa souveraineté énergétique, voir une PME française jouer dans la cour des grands a de quoi donner le sourire. Dans une course mondiale aux batteries, l’avantage ne viendra pas toujours du produit fini, mais de la qualité des matériaux qui le composent.
Et c’est précisément là que NAWAH fait la différence.
Des nanotubes dressés comme des soldats, une production pensée pour la planète, des électrodes prêtes à changer l’autonomie des véhicules…
NAWAH ne fabrique pas des batteries. Elle fabrique ce qui permet aux batteries de dépasser leurs limites. Et quand on voit ce qu’une assiette de spaghettis bien rangés peut accomplir, on se dit que parfois, les grandes révolutions tiennent à des détails d’alignement.
Sources :
- Site de NAWA
- https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/en-2025-des-batteries-automobiles-avec-une-autonomie-de-800-a-1000-km-87396/
Les nanotubes de carbone peuvent présenter des risques graves pour la santé, en particulier par inhalation, à l’image de l’amiante.
Le recyclage de ces technologies est très complexe.
Pacôme…
Dès que c’est français ca critique.
Vous préférez qu’un chinois ou un américain, ou un allemand fasse à notre place ?
C’est une mentalité problématique, des qu’un entrepreneur français fait quelque chose c’est l’Etat qui lui tombe dessus et tous les français qui sont biberonnés à la gauchitude depuis 40 ans qui vomissent, noircissent, critiquent…
Vive Nawah et les français qui innovent et sont les seuls à créer un futur pe dans que les autres attendent dans les gradins et donnent des notes.
Encore un mot :
Pacôme n’a pas évoqué l’idée d’abandonner le projet. Il a juste pointé un risque dont d’ailleurs Nawah doit être consciente. Je trouve cette avancée intéressante en tant qu’alternative aux batteries actuellement non satisfaisantes à plus d’un titre (désastre géologique, humain, écologique… Celles au sodium sont prometteuses ). Mais elle nécessite encore des innovations autour des points soulevés par Pacôme. On ne lance pas un produit sur le marché pour faire vitrine et s’émerveiller : il doit être abouti. Tu donnerais un médicament à tes proches s’il n’était pas sérieusement pensé et testé. Et c’est précisément parce que l’Amérique, la Chine et j’en passe (mais en réalité quelques grands groupes et lobbys) veulent à tout prix faire la course qu’il appartient aux citoyens, entreprises (petites, moyennes…), dirigeants (pourquoi n’y a-t-il pas de “plan Marshall” pour la recherche, axé sur les enjeux actuels ?), penseurs, scientifiques… de cesser cette folie qui ne conduit qu’à l’épuisement, la concentration de plus en plus de richesses entre de moins en moins de personnes (fait largement établi et documenté) sans que cela se traduise en vertu pour les peuples : les conflits sont plutôt ainsi décuplé, la paupérisation, les libertés…