Nexans Electra : le géant câblier qui va brancher le monde de demain.
155 mètres de long, 10 000 tonnes de câbles sur le dos, et une mission électrique : relier les continents, les éoliennes et les réseaux. Le Nexans Electra, futur navire câblier de nouvelle génération, vient de franchir une étape décisive. Sa coque, construite en Pologne, vient d’arriver au chantier Ulstein Verft, en Norvège, pour entamer sa phase finale d’aménagement. Derrière cette avancée industrielle se cache un navire hors normes, pensé pour répondre à un défi majeur : accélérer la transition énergétique mondiale, câble après câble.
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Nexans renforce le poids de la France dans un domaine où elle brille déjà : les câbliers
L’éolien offshore explose un partout dans le monde, ce qui entraine des interconnexions électriques sous-marines de plus en plus nombreuses. Face à cette demande croissante, Nexans muscle son jeu et Electra constituera bientôt son fer de lance. Ce mastodonte est taillé pour transporter et poser des câbles HVDC ou HVAC, des lignes à haute tension capables de transporter l’électricité sur des centaines de kilomètres sous la mer.
Deux carrousels, une mission
Le cœur du système, ce sont les carrousels. Sur le pont, un premier de 10 000 tonnes. En dessous, un second de 3 500 tonnes. Et pour la fibre optique, une cuve dédiée de 450 tonnes. À l’échelle d’un navire, c’est énorme. À l’échelle de la demande énergétique mondiale, c’est une réponse directe aux besoins des gigaprojets de transition électrique.
Grâce à cette capacité, Electra pourra enchaîner les missions longue distance, poser plusieurs types de câbles à la suite, et intervenir sur des projets complexes sans faire de va-et-vient inutile. Efficacité logistique, réduction des délais, économie de carburant : tout a été pensé pour que chaque sortie en mer soit optimisée.
Des entrailles en pleine transformation
Depuis son arrivée à Ulsteinvik, la coque du navire est entrée dans une phase intense : pose de l’installation électrique, montage des systèmes de propulsion, intégration des treuils, des systèmes de levage, des tuyauteries… En coulisse, des centaines d’ingénieurs et de techniciens s’activent pour donner vie à une machine de haute précision.
Une fois achevé, Electra disposera d’une tenue en mer exceptionnelle, grâce à un positionnement dynamique de dernière génération. Qu’il s’agisse d’opérer en mer du Nord ou au large des côtes africaines, le navire pourra rester stable, même dans des conditions météo musclées.
Une vision industrielle durable
Electra sera aussi propre que possible, dans un secteur maritime en pleine mutation.
Le navire sera compatible avec les biocarburants, équipé d’un système de stockage d’énergie, et pourra se connecter à l’alimentation électrique à quai lors des escales. Résultat : moins de carburant brûlé, moins de CO₂ émis, moins de bruit sous-marin. Des atouts essentiels dans un monde où l’empreinte environnementale des navires devient un critère de performance.
Une réponse directe à l’urgence énergétique
Derrière Electra, il y a une réalité simple : la demande mondiale en électricité verte explose, et les infrastructures ne suivent pas toujours. Pour raccorder une ferme éolienne offshore à un pays, il faut des câbles. Pour installer ces câbles, il faut des navires spécialisés. Et dans ce domaine, chaque capacité compte.
Electra permettra à Nexans de doubler sa réactivité, de livrer des projets clé en main, de réduire les délais d’installation, et d’intervenir là où les autres ne peuvent pas. C’est un outil stratégique pour électrifier les océans et, au passage, pour renforcer l’indépendance énergétique des pays connectés.
La France, reine des câbliers dans un monde sous tension
À l’heure où les océans deviennent le nouveau terrain stratégique des infrastructures énergétiques et numériques, la France s’impose dans un domaine que peu de nos concitoyens connaissent, mais que tous utilisent… sans le savoir : les navires câbliers. Ces géants marins posent, inspectent et réparent les artères vitales de notre monde interconnecté. Et sur ce marché de niche aussi technique que stratégique, la France détient près de 33 % de la flotte mondiale.
Entre Nexans, Orange Marine, Louis Dreyfus Armateurs et ASN, la France dispose non seulement de navires spécialisés, mais aussi d’une maîtrise complète de la chaîne de valeur, depuis la fabrication des câbles jusqu’à leur pose en eaux profondes. Cette concentration de compétences lui permet de répondre à des appels d’offres internationaux, qu’ils concernent l’électrification des fonds marins, comme avec le navire Electra, ou la sécurisation des câbles Internet transocéaniques.

Dans un contexte marqué par les sabotages, les tensions géopolitiques et l’explosion des besoins en électricité et en données, cette flotte devient un atout de souveraineté. Elle permet à la France non seulement de livrer les projets les plus complexes, mais aussi de réagir rapidement en cas d’incident, sur les côtes européennes comme à l’autre bout du globe.
Electra, dans ce tableau, n’est pas un cas isolé. C’est la démonstration concrète d’une ambition industrielle française assumée, et d’un leadership discret dans un monde où les réseaux les plus puissants sont souvent… invisibles.
Données techniques du câblier Electra :
Élément | Valeur |
Longueur | 155,2 mètres |
Largeur | 31 mètres |
Carrousel principal | 10 000 tonnes (pont) |
Carrousel secondaire | 3 500 tonnes (sous le pont) |
Cuve fibre optique | 450 tonnes |
Mise en service prévue | 2026 |
Propulsion | Hybride, avec stockage d’énergie |
Alimentation à quai | Oui |
Compatibilité biocarburants | Oui |
Chantier naval | Ulstein Verft (Norvège) |
Commanditaire | Nexans (France) |
Source : Nexans