L’Assemblée nationale française a récemment franchi une étape décisive en adoptant en première lecture une proposition de loi qui pourrait radicalement transformer la lutte contre les discriminations dans le monde du travail. Cette loi prévoit la création d’un service public sous l’autorité du Premier ministre, chargé de mener des « tests individuels de discrimination ». En clair, l’État s’arroge le droit de tester les entreprises, une démarche qui soulève de nombreuses interrogations.
Le testing : Un outil fiable ou une source de pièges ?
Le principe du « testing » est simple : l’envoi de faux CV pour détecter d’éventuelles discriminations, notamment lors des processus d’embauche. Cependant, cette méthode n’est pas exempte de critiques. D’une part, la fiabilité des tests est questionnée, et d’autre part, l’utilisation de l’anonymat et du faux par l’État peut être perçue comme une forme de piégeage des entrepreneurs qui, en fin de compte, cherchent à créer des emplois.
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Une présomption de culpabilité pour les entrepreneurs ?
Ce nouveau rôle assigné à l’État instaure une sorte de présomption de culpabilité sur les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur. Le commerçant cherchant un vendeur, l’industriel ouvrant une nouvelle usine, ou encore le dentiste recrutant une assistante, tous sont présumés coupables avant même d’avoir agi. Cette approche pourrait saper le lien de confiance essentiel entre l’État et le monde entrepreneurial.
Reconnaître le rôle inclusif des entreprises
Il est indéniable que des comportements discriminants existent et doivent être réprimés, et l’arsenal législatif actuel offre déjà des outils à cet effet. Toutefois, en concentrant l’attention sur une potentielle culpabilité des entreprises, le rôle inclusif et intégrateur qu’elles jouent au quotidien est occulté. Les entreprises en France contribuent à l’insertion de salariés de tous niveaux et origines dans le monde du travail, un aspect que cette nouvelle loi semble ignorer.
Au-delà du CV : La réalité du recrutement
Un point souvent sous-estimé dans le débat sur le testing est la complexité du processus de recrutement. Réduire ce processus à la seule lecture d’un CV est réducteur et témoigne d’une méconnaissance de la réalité des entreprises. Un employeur ne se base pas uniquement sur la couleur de peau, les orientations sexuelles, ou le physique, mais sur un ensemble de critères incluant profil, parcours et compétences.
Appel à la prudence du Sénat
Face à ces enjeux, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) interpelle le Sénat pour reconsidérer cette proposition de loi. L’objectif est de restaurer la confiance nécessaire entre l’État et les entreprises, et de trouver un équilibre entre la lutte contre les discriminations et le respect de l’autonomie et de la bonne foi des entreprises.
Cette proposition de loi, bien que partant d’une intention louable de lutter contre les discriminations, soulève des questions fondamentales sur son approche et ses conséquences potentielles sur la relation entre l’État et le monde de l’entreprise.