Le jeu vidéo occupe une place prépondérante dans les loisirs de millions de personnes, une récente étude vient bousculer les idées reçues sur l’addiction à ces divertissements numériques. Puneet Manchanda, professeur de marketing, et Bruno Castelo Branco, doctorant, tous deux issus de l’université de renom, se sont penchés sur la question en utilisant des données concrètes issues de Steam, la célèbre plateforme de diffusion de jeux.
Leur constat est surprenant : contrairement aux croyances populaires qui voudraient que l’addiction aux jeux vidéo soit un phénomène largement répandu, leur recherche suggère que seuls 14,6 à 18,3 % des 13 400 joueurs analysés présentent des signes d’une consommation addictive. Cette découverte interpelle sur la manière dont est perçue l’addiction aux jeux vidéo au sein de la société.
Qu’est-ce que l’addiction selon cette étude ?
Le critère d’addiction retenu par Manchanda et Branco repose sur un principe simple mais efficace : une personne est considérée comme dépendante si le fait de jouer incite à jouer encore plus. Cette définition, bien que paraissant évidente, se distingue des approches traditionnelles qui se basent souvent uniquement sur la durée du temps de jeu.
Les jeux vidéo sont-ils conçus pour être addictifs ?
Une partie de l’étude s’est intéressée à l’impact du design et du genre des jeux sur l’addiction. Contre toute attente, les résultats indiquent que les caractéristiques propres aux jeux ne sont pas des indicateurs fiables de l’addiction. Cette conclusion va à l’encontre de l’opinion courante accusant certains jeux, notamment les battle royales comme Fortnite ou Apex Legends, d’être spécifiquement conçus pour accroître l’addiction.
Qui est réellement à risque d’addiction ?
L’analyse approfondie révèle que l’addiction ne dépend pas tant du jeu en lui-même que de la disposition individuelle à une consommation addictive. En effet, certaines caractéristiques personnelles semblent prédisposer à une pratique addictive des jeux vidéo. Par exemple, les joueurs considérés comme dépendants possèdent en moyenne plus de jeux, ont un réseau d’amis plus large sur la plateforme, jouent plus longtemps et sont plus enclins à acheter de nouveaux jeux.
Perspectives futures
Manchanda et Branco ne s’arrêtent pas là et envisagent d’élargir leurs recherches sur plusieurs aspects tels que l’impact des jeux sur le comportement rationnel versus irrationnel, l’éthique de la publicité et du marketing des jeux vidéo, ainsi que les traits de design spécifiques favorisant l’addiction.
Cette étude constitue une étape importante dans la compréhension de l’addiction aux jeux vidéo, en offrant une vision nuancée et basée sur des données concrètes. Elle souligne l’importance de considérer les traits individuels dans l’approche de l’addiction, tout en remettant en question certaines idées reçues sur la conception des jeux vidéo.