Dans les zones urbaines, il est fréquent d’observer une forte concentration d’éclairage urbain qui contribue à augmenter la pollution lumineuse. Les effets nocifs de cette pollution ont des conséquences directes et indirectes sur notre santé et notre bien-être. Parmi ces problèmes se trouve l’altération du sommeil qui touche un grand nombre de personnes vivant en zone urbaine.
Qu’est-ce que la pollution lumineuse ?
La pollution lumineuse, également connue sous le nom de pollution nocturne, est causée par l’utilisation excessive et inadéquate de l’éclairage artificiel pendant la nuit. Elle englobe plusieurs problèmes tels que l’éblouissement, la diffusion de la lumière dans l’atmosphère, l’intrusion lumineuse dans les habitations ou encore la surexposition à la lumière bleue. Cette dernière étant particulièrement présente dans nos écrans d’appareils électroniques (téléphones, ordinateurs, télévisions…).
Définition de la trame noire :
La trame noire désigne un concept écologique visant à identifier, préserver et restaurer les zones urbaines et naturelles faiblement exposées à la pollution lumineuse. Son objectif est de protéger les écosystèmes et les espèces nocturnes des effets néfastes de la lumière artificielle, tout en améliorant la qualité du sommeil et la santé humaine. La ville de Grand Poitiers a entrepris une démarche innovante en cartographiant les zones de forte pollution lumineuse. Cette “trame noire”, intégrée à la planification urbaine, vise à réduire la lumière intrusive, offrant une lueur d’espoir pour le retour de nuits réparatrices.
Sources principales de pollution lumineuse en milieu urbain
En ville, on retrouve différents types d’éclairages qui contribuent à la pollution lumineuse :
- Eclairage public : lampadaires, feux de circulation, panneaux signalétiques, monuments illuminés…
- Eclairage résidentiel : candélabres, appliques murales, guirlandes lumineuses, spots…
- Eclairage commercial : enseignes, vitrines, façades d’immeubles, projecteurs de certains établissements…
- Eclairage industriel : installations de production et de stockage, parkings sécurisés, sites industriels…
En 2023/2024, des cartographies départementales de la radiance nocturne vue du ciel ont été réalisées par le Cerema (Centre d’Études et d’expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement) à une résolution spatiale de 130 m x 130 m. La radiance nocturne, qui mesure l’intensité de la lumière émise par les sources lumineuses pendant la nuit, permet d’identifier les zones prioritaires d’intervention afin de réduire la pollution lumineuse et d’améliorer la qualité du ciel nocturne.
Acquisitions nocturnes du satellite LuoJia 1-01 sur la France métropolitaine en 2018. La frange Ouest de la France n’est pas couverte, ni les départements d’outre-mer.
L’ensemble des Cartographies départementales et le rapport du Cerema sont disponibles ici
Conséquences directes et indirectes sur notre santé
Les effets néfastes de la pollution lumineuse sont multiples. Ils peuvent toucher directement notre organisme mais aussi indirectement par le biais des autres formes de vie qui nous entourent et avec lesquelles nous interagissons.
Altération du sommeil et troubles de l’horloge biologique
L’une des conséquences les plus courantes de la pollution lumineuse est l’altération du sommeil. En effet, notre corps réagit naturellement à la lumière en sécrétant différentes hormones comme la mélatonine (hormone du sommeil) ou encore la cortisol (hormone de l’éveil). Lorsque nous sommes surexposés à la lumière artificielle durant la nuit, notre horloge biologique se dérègle et les cycles de sommeil sont perturbés, entraînant ainsi des troubles du sommeil tels que l’insomnie, les réveils nocturnes, la somnolence diurne…
Baisse des performances cognitives et altération de la mémoire
La qualité du sommeil joue un rôle essentiel dans notre capacité à apprendre, mémoriser et rester concentré. Un sommeil perturbé peut ainsi entraîner une baisse des performances cognitives et une altération de la mémoire.
Impacts sur l’environnement et les écosystèmes
Adapter l’éclairage public
Pour limiter la pollution lumineuse, il convient de réfléchir à des solutions plus respectueuses de l’environnement et de notre bien-être :
- Réguler la durée et l’intensité de l’éclairage selon les besoins et les horaires;
- Installer des luminaires dirigés vers le sol pour éviter la diffusion inutile de la lumière;
- Favoriser l’utilisation d’éclairages moins agressifs comme les lanternes ou les lampadaires à faible hauteur.
Modifier nos comportements individuels
Nous pouvons également adopter des gestes simples au quotidien pour améliorer notre qualité de sommeil :
- Avoir une chambre suffisamment sombre en installant des rideaux opaques ou des volets roulants pour bloquer la lumière extérieure;
- Eteindre les écrans (ordinateurs, téléphones, tablettes) au moins une heure avant de dormir;
- Diminuer l’éclairage dans toutes les pièces à partir du crépuscule;
- Eviter l’utilisation d’appareils électroniques au lit (notamment les téléphones portables et les tablettes), qui émettent une forte quantité de lumière bleue.
La réduction de la pollution lumineuse passe par une révolution de l’éclairage urbain et une prise de conscience collective. L’adoption de normes d’éclairage respectueuses du rythme nocturne peut nous rapprocher d’une harmonie entre ville et sommeil. En prenant conscience des risques liés à la pollution lumineuse et en adaptant nos comportements, il est possible d’améliorer notre qualité de sommeil et de préserver l’environnement qui nous entoure.