Chacun de nous a une vision personnelle du leader idéal, influencée par de multiples facteurs. Historiquement, deux écoles de pensée principale s’opposent dans la compréhension des prototypes de leaders : l’école culturelle et l’école évolutionniste.
L’école culturelle suggère que nos idéaux de leadership sont formés par nos interactions répétées avec des figures de référence telles que nos parents, enseignants, et les médias. Par exemple, une personne pourrait préférer un leader fort si elle a grandi dans une société où les figures d’autorité masculines prédominent.
D’autre part, l’école évolutionniste argue que les rôles de leader et de suiveur ont évolué pour faciliter la coordination et la coopération dans les activités vitales des premières communautés humaines. Ainsi, en période de danger, un leader avec une grande force physique pourrait être privilégié.
L’influence de l’environnement sur nos prototypes de leaders
Sirio Lonati et Mark Van Vugt apportent une nouvelle dimension à ce débat en proposant que l’environnement—y compris les conditions sociales, économiques, et naturelles—joue également un rôle crucial dans la formation de nos idéaux de leadership. Ils identifient deux mécanismes principaux : la “culture évoquée” et la “culture transmise”.
La culture évoquée
La culture évoquée se réfère à la façon dont nos prototypes de leaders sont modelés par notre capacité à réagir aux différentes conditions et événements socio-environnementaux. Par exemple, des catastrophes naturelles ou des épidémies peuvent favoriser l’émergence de leaders autoritaires, car ces situations exigent souvent des réponses rapides et des décisions fermes pour la survie du groupe.
La culture transmise
À l’inverse, la culture transmise décrit comment nos idéaux de leadership sont façonnés par un apprentissage social, hérité des générations précédentes. Cette approche est plus lente à évoluer et peut parfois entraver l’adaptation aux nouveaux contextes.
Des exemples concrets à travers le monde
Les recherches de Lonati et Van Vugt montrent que les prototypes de leadership varient considérablement d’une culture à l’autre. Par exemple, les leaders autoritaires sont mieux acceptés en Chine et en Corée qu’en Occident. En Égypte, une grande majorité croit que les hommes font de meilleurs leaders politiques par rapport à une très petite proportion en Suède. En Suisse, il y a une préférence marquée pour le management participatif chez les germanophones, moins chez les francophones.
Quand les menaces majeures façonnent le leadership
Le style de leadership autoritaire tend à se renforcer face à des menaces majeures telles que les guerres, les inondations ou les épidémies. Ces situations critiques déclenchent une préférence pour des règles strictes et un respect rigoureux de l’autorité, permettant une gestion efficace des crises.
La convergence et les conflits entre culture évoquée et transmise
Il arrive que les influences de la culture évoquée et transmise convergent pour façonner certains prototypes de leadership. Toutefois, la culture transmise peut également agir comme un frein à l’adaptation nécessaire face à de nouveaux défis, comme illustré par la persistance des prototypes de leadership principalement masculins en Australie.
Vers une compréhension plus nuancée des leaders
L’approche de Lonati et Van Vugt offre une perspective enrichissante sur comment les profils des dirigeants idéaux sont formés et adaptés en fonction de l’environnement et de la culture. Cette perspective nous incite également à reconsidérer certains épisodes historiques, comme le rejet de Winston Churchill après la Seconde Guerre mondiale, ou le choix continu de dirigeants peu proactifs face aux crises climatiques.
La recherche continue dans ce domaine est essentielle pour affiner notre compréhension des dynamiques de leadership et mieux préparer nos sociétés aux défis futurs.