Alors que la communauté scientifique surveille de près la transition de l’El Niño vers des conditions potentiellement plus fraîches de La Niña dans l’océan Pacifique, un phénomène similaire semble se profiler dans l’Atlantique cet été. Ce changement, connu sous le nom de “Niña Atlantique”, pourrait avoir des répercussions notables sur le climat et la météorologie de la région tropicale atlantique.
Qu’est-ce que la Niña Atlantique ?
La Niña Atlantique est la phase froide d’un modèle climatique naturel appelé le mode zonal atlantique, qui, à l’instar du phénomène ENSO (El Niño-Oscillation Australe), oscille entre des phases chaudes et froides tous les quelques années. Typiquement, les températures de surface de la mer dans l’Atlantique équatorial est suivent un cycle saisonnier surprenant : les eaux les plus chaudes de l’année apparaissent au printemps, tandis que les eaux les plus froides, en dessous de 25 degrés Celsius, se manifestent de juillet à août.
Cet été, les températures à la surface de la mer dans la partie centrale équatoriale de l’Atlantique ont été de 0,5 à 1,0 degré Celsius plus froides que la moyenne, marquant le début d’une Niña Atlantique. Ce refroidissement est principalement dû à des vents qui agissent à la surface de l’océan. En été, la bande de pluie constante autour des tropiques est poussée vers le nord par un chauffage solaire plus intense, entraînant des tempêtes régulières qui attirent l’air du sud-est au-dessus de l’Atlantique équatorial.
L’impact des variations de température
Une différence de température de ±0,5 degré Celsius, bien que minime en apparence, peut avoir un impact considérable sur les précipitations des continents environnants. Une réduction des précipitations peut affecter la région du Sahel, tandis qu’une augmentation est possible au-dessus du golfe de Guinée, avec des décalages saisonniers des périodes de pluies dans le nord-est de l’Amérique du Sud. De plus, les Niños Atlantiques ont montré une augmentation de la probabilité de développement d’ouragans puissants près des îles du Cap-Vert.
Surveillance et prévisions pour 2024
Début 2024, les températures de surface de la mer dans l’est de l’Atlantique équatorial ont été exceptionnellement chaudes, les plus élevées depuis 1982. Toutefois, un passage rapide à des anomalies froides a été observé, une transition rapide jamais vue auparavant. Cette année, les prévisions saisonnières de la NOAA anticipent une activité cyclonique supérieure à la normale, basée sur les conditions attendues de La Niña dans le Pacifique équatorial et des températures océaniques chaudes dans l’Atlantique tropical. Il sera intéressant de suivre l’évolution de cette Niña Atlantique et de voir si elle tempère l’activité des ouragans à mesure que la saison avance.
Conséquences potentielles et recherche future
Les scientifiques cherchent à comprendre les déclencheurs de ces événements et comment leur fréquence pourrait être affectée par le réchauffement climatique anthropique au cours du siècle à venir. Des hypothèses sont en cours d’élaboration pour expliquer ces phénomènes complexes et les interactions entre les vents équatoriaux, l’upwelling et les températures de surface de la mer.
Alors que les implications exactes de la Niña Atlantique restent à préciser, ce phénomène mérite une attention particulière de la part des météorologues, des climatologues et des décideurs, car il pourrait influencer de manière significative les conditions météorologiques et climatiques à l’échelle régionale et globale. La communauté internationale doit rester vigilante et bien informée pour anticiper et mitiger les effets potentiellement perturbateurs de tels événements climatiques.
Source de l’article : https://www.climate.gov/news-features/event-tracker/atlantic-nina-verge-developing-heres-why-we-should-pay-attention