En 2024, le coût de l’apprentissage pour les finances publiques pourrait atteindre 25 milliards d’euros, un montant qui soulève des inquiétudes quant à la pérennité de ce mode de formation en France. Selon Bruno Coquet, économiste à l’OFCE, le système d’apprentissage français, particulièrement généreux depuis la pandémie, nécessiterait une refonte profonde pour réduire ses coûts. En effet, une économie de 8 à 10 milliards d’euros semble possible sans pour autant compromettre l’efficacité du dispositif.
Explosion des coûts et débat budgétaire
La pandémie de COVID-19 a engendré une hausse significative des aides à l’apprentissage, notamment avec le plan de relance de 2020. Cette situation place le dossier de l’apprentissage au cœur des débats budgétaires, avec un gouvernement confronté à un déficit plus important que prévu. L’augmentation des coûts pédagogiques est notable : ils sont passés de 1,4 milliard à près de 10 milliards d’euros entre 2018 et 2024, exacerbés par diverses exonérations fiscales et sociales.
La réforme de 2018 : une réussite nuancée
La réforme de l’apprentissage initiée en 2018 sous le mandat d’Emmanuel Macron est souvent citée comme une réussite. Elle a permis d’identifier et de cibler les problèmes inhérents à l’apprentissage en France. Cependant, malgré ces améliorations, la réforme a aussi contribué à une hausse massive des coûts, rendant le dispositif de plus en plus coûteux pour les finances publiques.
Les aides à l’apprentissage : un coût annuel colossal
Le coût des aides à l’apprentissage est estimé entre 22 et 25 milliards d’euros par an. Ces aides, majoritairement destinées aux employeurs dès la signature du contrat d’apprentissage, déclenchent également d’autres mécanismes d’aides publiques. L’Inspection générale des finances suggère de revoir le ciblage de ces aides afin de réduire le reste à charge pour les entreprises.
Un consensus pour la réforme malgré des défis
Malgré l’existence d’un consensus autour de la nécessité de réformer le système d’apprentissage, la mise en place de réformes efficaces reste complexe. L’ampleur des changements nécessaires et les résistances potentielles pourraient entraver la progression des propositions de réforme.
Effets d’aubaine et implications économiques
Les aides exceptionnelles introduites en 2020 ont créé un effet d’aubaine considérable, rendant les contrats d’apprentissage extrêmement attractifs pour les employeurs. Ces aides ont permis de couvrir jusqu’à 100% du coût du travail pour la majorité des apprentis, entraînant une augmentation significative du nombre d’apprentis. Cependant, cela a également engendré des coûts importants pour l’État, avec des effets de substitution estimés à 200.000 emplois.
Le coût réel de l’apprentissage et son efficacité
Le coût unitaire d’un apprenti est d’environ 26.000 euros par an, soit le double de ce que coûte un étudiant moyen dans l’enseignement supérieur. Bien que l’apprentissage ait contribué à augmenter le taux d’emploi des jeunes, son impact sur la productivité et l’économie reste discutable, comparé aux autres pays européens qui n’ont pas investi autant dans l’apprentissage mais montrent des performances similaires.
Vers une réforme nécessaire mais complexe
La situation actuelle de l’apprentissage en France représente un défi majeur pour les décideurs politiques. La nécessité d’une réforme est claire, mais les obstacles sont nombreux. Une révision des aides, un meilleur ciblage et une réduction des coûts sont essentiels pour maintenir ce dispositif crucial sans compromettre les finances publiques. Les débats à venir au Parlement cet automne seront décisifs pour l’avenir de l’apprentissage en France.
Source de l’article : https://www.latribune.fr/economie/france/25-milliards-d-euros-le-cout-astronomique-de-l-apprentissage-1006103.html