La mémoire humaine est un domaine complexe qui a longtemps fasciné les chercheurs. Si vous vous souvenez du nom de votre enseignant de deuxième année ou de ce que vous avez mangé au déjeuner aujourd’hui, ces souvenirs, bien que séparés par des décennies, sont tous deux des exemples de mémoires à long terme. La découverte, il y a plus de cinquante ans, que les dommages à une région du cerveau appelée le lobe temporal médial entraînaient une grave altération de la mémoire déclarative à long terme, tout en préservant la mémoire à très court terme, a posé les bases de nombreuses recherches subséquentes.
Découverte clé sur la mémoire des habiletés motrices
Les patients atteints de lésions au lobe temporal médial peuvent suivre et poursuivre une courte conversation, mais, quelques minutes plus tard, ils ne se souviennent pas que cette conversation a eu lieu. Étonnamment, ils sont capables d’apprendre de nouvelles compétences motrices et de les conserver pendant des jours, des mois ou même plus longtemps, ce qui indique que les lésions du lobe temporal médial ont peu d’effet sur les mémoires des compétences motrices.
La recherche récente de la SEAS
Des chercheurs de la Harvard John A. Paulson School of Engineering and Applied Sciences (SEAS) ont récemment publié une étude dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), qui montre que, tout comme les mémoires déclaratives, les mémoires à court et à long terme pour les compétences motrices se forment dans différentes régions du cerveau, avec le cervelet jouant un rôle essentiel dans la formation des mémoires de compétences à long terme.
Rôle du cervelet dans l’apprentissage sensorimoteur
Il est bien connu que le cervelet est essentiel pour l’apprentissage moteur, mais son rôle dans la formation de mémoires de compétences à court et à long terme était moins clair. Pour comprendre la connexion entre le cervelet et ces types de mémoires, Maurice Smith, professeur Gordon McKay de bioingénierie à la SEAS, et Alkis Hadjiosif, chercheur postdoctoral à la SEAS et au Massachusetts General Hospital, se sont inspirés d’un ensemble apparemment désordonné de résultats antérieurs sur l’apprentissage moteur chez les patients atteints de lésions cérébelleuses.
Les défis des études précédentes
Bien que ces études antérieures aient toutes trouvé des preuves d’un apprentissage sensorimoteur altéré chez les individus avec des lésions cérébelleuses, l’ampleur de cette altération variait considérablement entre elles. Smith et Hadjiosif ont pensé que des différences subtiles dans le temps entre les essais pourraient expliquer la plupart des disparités observées.
Importance des intervalles entre les essais
Ils ont découvert que les deux études examinées avaient des intervalles entre les essais généralement courts et ne rapportaient que de légères altérations de l’apprentissage chez les patients avec une maladie cérébelleuse sévère par rapport aux individus en bonne santé. Cependant, en examinant de plus près les différences d’un essai à l’autre, ils ont trouvé que les mêmes patients qui affichaient des performances presque normales sur leurs essais de pratique à intervalle court étaient nettement moins performants sur les essais à long intervalle lors de la même session.
Implications des découvertes
Cette recherche souligne l’importance du temps pour comprendre la dégradation de la mémoire chez les patients avec dégénérescence cérébelleuse et résout le mystère de la variabilité des essais et des études dans les effets des dommages cérébelleux sur la capacité d’apprentissage sensorimoteur. La découverte que le cervelet agit comme une passerelle pour la formation de mémoires stables pour les compétences sensorimotrices, largement indépendante des systèmes de mémoire à court terme, ouvre de nouvelles voies pour les traitements futurs et les interventions éducatives.
Nouvelles approches thérapeutiques ?
La compréhension approfondie du rôle du cervelet pourrait transformer les approches thérapeutiques pour les individus souffrant de troubles de la mémoire et de l’apprentissage moteur, offrant des stratégies plus ciblées et potentiellement plus efficaces pour la réhabilitation. Cette étude montre également l’importance de revoir les données existantes sous de nouvelles perspectives pour obtenir de précieuses insights dans des domaines aussi complexes que celui de la neurologie.
