Depuis la rétrogradation de Pluton en 2006, le système solaire semble amputé de sa neuvième planète. Pourtant, des astronomes comme Mike Brown et Konstantin Batygin pensent qu’un corps céleste massif, encore invisible, pourrait bien hanter les confins de notre système. La quête de cette mystérieuse “Planète Neuf” pourrait bientôt arriver à son terme grâce à l’Observatoire Vera C. Rubin, en cours d’installation au Chili.
Pluton, une planète déchue
Découverte en 1930, Pluton a longtemps été considérée comme la neuvième planète du système solaire. Cependant, des recherches menées au début des années 2000 ont révélé que Pluton partage son orbite avec d’autres objets similaires dans la ceinture de Kuiper, une région glacée au-delà de Neptune. En 2006, l’Union astronomique internationale (IAU) a redéfini les critères d’une planète, rétrogradant Pluton au statut de “planète naine”. Cette décision, bien que scientifique, a profondément marqué l’imaginaire collectif.
Une hypothèse intrigante : la Planète Neuf
En étudiant les objets transneptuniens (TNO), des corps glacés aux orbites étrangement excentriques, les astronomes ont détecté des indices de l’influence gravitationnelle d’un objet massif encore inconnu. Selon les simulations de Brown et Batygin, cette “Planète Neuf” pourrait avoir une masse comprise entre cinq et dix fois celle de la Terre et évoluer à une distance incroyable de 700 unités astronomiques (AU) du Soleil.
Les TNO comme Sedna, dont l’orbite dépasse 76 AU, montrent des regroupements orbitaux inexplicables sans une influence extérieure. Les géants gazeux connus, comme Neptune, sont trop éloignés pour exercer une telle influence.
Les défis de l’observation
Si la Planète Neuf existe, pourquoi n’a-t-elle pas encore été observée ? Plusieurs raisons expliquent cette difficulté. Elle serait à une distance où sa luminosité serait extrêmement faible, rendant sa détection impossible avec la plupart des télescopes actuels. De plus, sa position potentielle pourrait coïncider avec le plan de la Voie lactée, un champ visuel saturé de lumière stellaire, compliquant davantage les recherches.
En dépit de ces obstacles, les astronomes n’abandonnent pas. Les découvertes récentes de TNO comme “Farout” et “FarFarOut” renforcent l’hypothèse d’une perturbation gravitationnelle d’origine inconnue.
L’arrivée de l’observatoire Vera C. Rubin : un tournant
Prévu pour commencer ses observations en 2025, l’Observatoire Vera C. Rubin révolutionnera la cartographie céleste. Doté d’une caméra de 3 200 mégapixels et d’un champ de vision étendu, cet observatoire scannera systématiquement le ciel nocturne de l’hémisphère sud. Il devrait détecter des millions de nouveaux objets, dont potentiellement la Planète Neuf.
L’observatoire est conçu pour éliminer les biais d’observation qui pourraient fausser les conclusions actuelles. Si les orbites des TNO confirment des regroupements inexpliqués, cela renforcerait considérablement la probabilité d’une neuvième planète.
Une quête scientifique aux implications majeures
La découverte de la Planète Neuf ne se limiterait pas à ajouter un membre à notre système solaire. Elle éclairerait l’histoire tumultueuse des premières années du système, marquées par des migrations planétaires et des interactions gravitationnelles complexes.
Elle pourrait également résoudre des énigmes sur la formation des systèmes planétaires en général. Les exoplanètes de type Neptune miniatures, communes autour d’autres étoiles, sont absentes de notre système. La Planète Neuf pourrait combler ce vide.
Les controverses et les perspectives
Bien que les preuves indirectes s’accumulent, certains scientifiques restent sceptiques. Des études récentes suggèrent que les regroupements observés pourraient être des artefacts d’observations limitées, appelés biais d’observation. Pourtant, même les critiques admettent que la possibilité d’une planète inconnue mérite d’être explorée.
L’arrivée de Rubin permettra de trancher cette question dans les prochaines années. Si la planète existe, sa découverte bouleversera notre compréhension du système solaire. Dans le cas contraire, elle ouvrira de nouvelles perspectives sur la dynamique des objets transneptuniens.
Une attente fébrile
Mike Brown, autrefois surnommé “l’homme qui a tué Pluton”, pourrait devenir celui qui a ressuscité la neuvième planète. Que la Planète Neuf soit un monde glacé ou qu’elle demeure un mirage cosmique, les réponses sont à portée de télescope. Dans un futur proche, l’Observatoire Rubin nous révélera si cette quête est fondée ou si l’univers nous rappelle, une fois encore, que ses mystères sont plus vastes que nos hypothèses.
Source de l’article : https://www.scientificamerican.com/article/if-planet-nine-exists-well-find-it-soon/