L’EPR2, nouveau fleuron de l’énergie française pourrait coûter 67,4 milliards d’euros à l’Hexagone pour un succès incertain selon la Cour des comptes

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Le plus haut degré de contrôle du budget français tire la sonnette d’alarme sur le programme EPR2.

Alors que la France s’engage dans un ambitieux projet de relance de son industrie nucléaire, un rapport critique de la Cour des comptes met en lumière les nombreuses incertitudes pesant sur le programme des réacteurs EPR2. Ce vaste chantier qui est également un véritable “gouffre financier” pourrait bien répéter les erreurs du passé, notamment celles du projet Flamanville, et compromettre les ambitions françaises dans le domaine énergétique.

Lire aussi :

La Cour des comptes sort un rapport de 97 pages sur les dérives budgétaires de l’EPR2

Dans son rapport de 97 pages publié le 14 janvier 2025, la Cour des comptes souligne que les projets de réacteurs EPR continuent de souffrir de dérives importantes, à la fois financières et temporelles. Le cas emblématique de Flamanville, où les coûts sont passés de 3,3 milliards d’euros à 23,7 milliards en 2023, illustre ces difficultés. La situation est aggravée par les projets à l’international, en Finlande et au Royaume-Uni, où les dépassements budgétaires et les retards s’accumulent. Malgré une réorganisation de la filière et la renationalisation d’EDF, les magistrats financiers estiment que les risques restent “persistants”.

Le programme EPR2 face à des défis structurels

Le programme EPR2, présenté comme la clé de voûte de la relance nucléaire en France, peine à gagner en crédibilité. Annoncé par le président Emmanuel Macron en 2022, ce projet prévoit la construction de six nouveaux réacteurs avec une option pour huit autres. Toutefois, selon la Cour, la filière “est loin d’être prête”.

Les défis sont multiples :

  1. Des études incomplètes : La conception détaillée des réacteurs a seulement commencé en juillet 2024.
  2. Un financement incertain : EDF demande une clarification des engagements financiers de l’État.
  3. Une rentabilité douteuse : La rentabilité prévisionnelle de Flamanville 3 est jugée “médiocre”, et celle du programme EPR2 reste inconnue.

Une hausse alarmante des coûts

Le coût estimé de construction des six premiers réacteurs EPR2 a bondi de 30 %, passant de 51,7 milliards d’euros à 67,4 milliards. Ce chiffre, établi “à conditions économiques inchangées et hors inflation”, pourrait encore augmenter, souligne la Cour des comptes. Pour Flamanville 3, la Cour évalue le coût total à terminaison à 23,7 milliards d’euros, bien au-delà des estimations initiales. Ce surcoût reflète des ajustements liés aux provisions et au coût du financement, mais il met également en évidence une gestion inefficace des risques.

Recommandations pour éviter un échec

Afin d’assurer la viabilité du programme EPR2, la Cour des comptes formule plusieurs recommandations :

  • Retarder la décision d’investissement finale : EDF doit attendre d’avoir sécurisé le financement et achevé les études de conception détaillée avant de lancer le projet.
  • Limiter l’exposition financière à l’international : Les projets nucléaires hors de France ne doivent pas ralentir le calendrier domestique.
  • Clarifier le rôle de l’État : Un engagement financier clair est nécessaire pour éviter de nouvelles dérives.

Un enjeu stratégique pour la transition énergétique

Malgré les critiques, le nucléaire reste central dans la stratégie énergétique française. Avec un objectif de 42 % d’électricité d’origine nucléaire d’ici 2050, le programme EPR2 est crucial pour atteindre ces ambitions. Toutefois, le rapport met en lumière la nécessité d’une planification rigoureuse pour éviter les écueils passés.
La relance du nucléaire s’inscrit également dans un contexte géopolitique tendu, où la maîtrise énergétique est un atout stratégique. La modernisation des turbines Arabelle, désormais sous contrôle français, illustre cette volonté de souveraineté.

Un gisement de lithium de 600 milliards d’euros vient d’être découvert

Cet article explore les défis du programme EPR2 en France, soulignant les incertitudes financières et techniques identifiées par la Cour des comptes. Alors que le coût de construction des réacteurs nucléaires explose, les magistrats appellent à une meilleure gestion des risques et à des engagements clairs de l’État. Ce projet, essentiel à la transition énergétique, reste à ce jour une source de débats et d’inquiétudes.

Source : https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-filiere-epr-une-dynamique-nouvelle-des-risques-persistants

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

1 COMMENTAIRE

  1. L’EPR2 doit bénéficier d’un retour d’expérience pour savoir pourquoi les coûts ont été pulvérisés. La conception ne devait pas être aboutie. Il y a eu, entre autres, des problèmes de béton, de crayons d’uranium, de concrétions de carbone sur le fond et le couvercle de cuve et ceux liés à l’intégration des modifications post Fukushima. Mais pas seulement. Je pense que les contrôles ont été mal réalisés. EDF avait perdu l’habitude de construire des centrales nucléaires. Sur le papier cela fonctionnait. Pas dans la réalité. Lorsque j’ai appris que des EPR2 seraient construits à Hinkley Point, j’ai été horrifiée. Trop tôt. EDF souhaite en vendre aux Tchèques, aux indiens. Ce prototype n’est pas au point. EDF devrait se contenter de faire des PWR 900 et 1300 et peut être des SMR.

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