Le dilemme australien risque de peser lourd risque de peser lourd sur sa transition énergique.
L’Australie, souvent vue comme le chantre de la transition verte réussie, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins en matière de politique énergétique. Alors que le gouvernement actuel favorise les énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire, l’opposition vient de proposer un virage à 180° vers le nucléaire, dans l’optique de stabiliser les prix de l’électricité pour les australiens.
Lire aussi :
- L’Australie dévoile des ambitions démesurées dans les énergies renouvelables et soutient des initiatives originales comme cette turbine éolienne verticale de 6kW
- L’Australie va battre le record de la plus grande centrale du monde avec ce “monstre” plus étendu que la Slovénie et ses 20 000 km2
L’option nucléaire ? une équation complexe pour l’Australie
Le plan de l’opposition consiste à ériger sept centrales nucléaires à petits réacteurs modulaires (en anglais Small Modular Reactor ou SMR) sur des sites de centrales à charbon vieillissantes. Ces installations pourraient, selon leurs estimations, entrer en fonction dès 2035 pour les unités plus petites, avec des extensions prévues pour 2037. Toutefois, cette initiative serait financée par des fonds publics, ce qui soulève des questions sur la viabilité financière à long terme (le vent tourne vite en ce moment quand on parle de nucléaire).
Qu’est-ce qu’un SMR ?
Un SMR est un petit réacteur nucléaire modulaire dont la puissance varie généralement entre 10 et 300 MW. Ces réacteurs sont construits en usine sous forme de modules standardisés, ce qui accélère leur déploiement et réduit les coûts. Ils peuvent être utilisés pour produire de l’électricité, de la chaleur, ou même du gaz hydrogène, offrant une flexibilité dans les applications énergétiques. Les SMR sont considérés comme une solution prometteuse pour une énergie nucléaire plus décentralisée et durable. Rappelons que la France est parmi les nations qui misent le plus sur la technologie des SMR.
Impact carbone : un bilan lourd pour le nucléaire ?
Le choix du nucléaire ne fait clairement pas l’unanimité au pays des kangourous et les batailles de chiffres commencent à pleuvoir. Selon Climate Change Authority, la construction de ces réacteurs pourrait entraîner un retard significatif dans la réduction des émissions de carbone, avec une augmentation projetée de près de deux milliards de tonnes de CO2. Cette quantité représenterait approximativement les émissions annuelles cumulées de l’industrie aérienne australienne sur deux cents ans. De nombreuses voix s’élèvent aussi du côté des “pro” nucléaire, rappelant que les énergies renouvelables ont également pour l’heure une dette colossale en C02 pour être en mesure de fonctionner (l’extraction de terres rares par exemple, très énergivore d’énergies fossiles).
Les SMR sont-ils déjà prêts ?
Un des arguments des “contre” est que la la technologie des SMR, bien que prometteuse, est encore en développement et pourrait ne pas être prête pour une mise en œuvre commerciale avant plus d’une décennie. Cela pourrait entraver les plans immédiats de réduction des émissions de carbone de l’Australie prévus pour 2030.
Une production d’électricité en pleine mutation en Australie
La production d’électricité en Australie a connu une transformation majeure ces dernières années, avec une montée en puissance des énergies renouvelables. En 2023, ces sources d’énergie ont représenté 33,9% de la production totale d’électricité du pays. Le solaire photovoltaïque a été particulièrement dynamique, contribuant à hauteur de 15,3% du mix électrique, suivi par l’énergie éolienne qui a atteint 11,4%. Le charbon, qui a longtemps dominé le paysage énergétique australien, a vu sa part diminuer à 46,5% en 2023.
Un long débat s’ouvre donc en Australie sur une question qui fait rugir à peu près toutes les démocraties occidentales du monde, en recherche de transition énergétique verte : doit-on considérer le nucléaire comme une énergie verte ? Si oui, investir dedans se fait-il au détriment des énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire ?
Sources :