Un projet britannique transforme le CO₂ de l’air en matériaux de construction.
Le moins qu’on puisse dire sur nos amis britanniques, c’est qu’ils ont toujours des idées folles et l’envie de les réaliser. Après notre dernier article sur la limonade océanique capable de stocker le CO2, C’est un autre de ses projets farfelus que nous allons voir aujourd’hui : une usine vient d’ouvrir ses portes à Norfolk qui sera capable d’extraire du dioxyde de carbone directement de l’air pour en faire des granulats destinés au bâtiment ! Derrière cette prouesse, une alliance entre la start-up Mission Zero Technologies (MZT), la société O.C.O Technology et le ministère britannique de l’énergie. Son nom de code : Direct Air Capture, ou DAC pour les initiés.
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MZT veut capter le CO2 de l’air pour en faire des granulats destiné au bâtiment
Le principe du DAC est très simple :aspirer l’air ambiant, en isoler le dioxyde de carbone, et utiliser ce gaz pour fabriquer un calcaire artificiel, utile dans la fabrication de matériaux de construction. Le débuts sont prometteurs avec une capacité 250 tonnes de CO₂ par an pour l’usine de NorFolk. À titre de comparaison, c’est autant de CO₂ qu’émettent 150 voitures parcourant 10 000 kilomètres en un an.
L’usine de Norfolk est la deuxième à voir le jour sous la bannière MZT. La première, à Sheffield, transforme le CO₂ en carburant pour l’aviation. Une troisième, prévue au Canada, stockera directement le gaz sous terre.
Transformer un polluant en ressource
Chaque 1 000 tonnes de calcaire fabriqué par O.C.O avec le CO₂ capté permet de séquestrer autant de carbone que 3 000 arbres sur une année.
Le calcaire produit peut être utilisé dans les bétons, les routes, les briques. Autrement dit, il entre dans le cycle réel de la construction. Et au lieu d’émettre du CO₂ comme les ciments traditionnels (près de 8 % des émissions mondiales de CO₂), il en stocke.
Une manière de renverser la logique habituelle du secteur du bâtiment, historiquement très émetteur.
Un procédé sans chaleur, donc sans casse
Le talon d’Achille des technologies DAC ? La chaleur. D’ordinaire, séparer le CO₂ de l’air demande de très hautes températures, et donc une consommation énergétique massive.
Mission Zero a choisi une autre voie. Leur méthode n’utilise aucune source de chaleur directe. Elle repose sur un processus électrochimique alimenté par de l’électricité. Cette approche permet de coupler le système à des sources d’énergie renouvelable locales, comme les panneaux solaires ou les éoliennes. En bonus, elle peut absorber le surplus d’énergie produit à certains moments, un genre de batterie chimique qui recycle l’air et le tout pour trois à cinq fois moins d’énergie que les solutions classiques !
Un partenariat entre public et privé
Derrière cette réalisation, un triangle stratégique :
- un acteur technologique (MZT),
- un industriel des matériaux (O.C.O),
- et l’État britannique. Ce dernier joue un rôle de catalyseur en apportant soutien et visibilité.
Ce type d’alliance est essentiel pour faire émerger des technologies à fort impact environnemental, mais souvent risquées au démarrage. Ce n’est pas un hasard si le Royaume-Uni s’en mêle : il s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et cherche à accélérer les solutions dites “négatives en carbone”.
Des débuts discrets mais prometteurs
Alors oui, 250 tonnes par an, ce n’est pas encore l’eldorado. Ce chiffre reste infime à l’échelle du climat mondial. Mais c’est un prototype grandeur nature, et surtout, le premier à fonctionner sans combustion.
En changeant la manière dont on pense les matériaux, ce projet redonne une place centrale à la science dans la lutte contre le réchauffement.
Le génie n’est pas dans la complexité, mais dans la réutilisation intelligente de ce que nous avons sous les yeux… ou plutôt sous les narines.
D’autres idées à l’étude pour capter le CO2
À notre connaissance, voici les principaux types de projets actuellement étudiés dans le monde pour capter le CO2 de l’atmosphère :
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Le captage postcombustion récupère le CO2 dans les fumées industrielles très concentrées, souvent par absorption chimique avec des solvants comme les amines.
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La bioénergie avec captage et stockage du carbone (BECCS) combine la combustion de biomasse et le captage du CO2 émis, permettant une élimination nette de carbone.
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Le stockage géologique consiste à injecter le CO2 capté dans des formations souterraines profondes, comme des anciennes mines ou des réservoirs pétroliers, pour un confinement durable.
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La valorisation du CO2 récupéré permet de le réutiliser dans des procédés industriels, la fabrication de carburants synthétiques ou la production de matériaux.
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Certaines technologies exploitent la pyrolyse de biomasse pour produire du biochar, un carbone solide stable pouvant être stocké dans les sols ou en cavités géologiques.
Des projets pilotes et démonstrateurs à travers le monde (à l’instar de MZT) expérimentent ces technologies à différentes échelles, avec des ambitions croissantes pour multiplier les capacités de captage et réduire l’impact climatique.
Source : Mission Zero Technologies (MZT)
Pour cela ils.vont utiliser un klinker issu de.la calcination d’une roche.calcaire en dégageant du CO2.
La boucle est bouclée !!!!!