L’Allemagne va battre un nouveau record dans ce type d’énergie dont vous n’avez jamais entendu parler : les batteries à air comprimé

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L’Allemagne va enfouir une batterie à air comprimé géante dans une caverne de sel.

C’est une première mondiale : l’Allemagne s’apprête à accueillir la toute première AirBattery industrielle, un immense dispositif de stockage d’électricité basé sur l’air comprimé… dans une caverne de sel. Derrière ce projet hors norme, l’entreprise israélienne Augwind propose une alternative géante et durable aux batteries traditionnelles, pour répondre à un défi bien allemand : le Dunkelflaute. Autrement dit, ces longues périodes où ni le soleil ni le vent ne daignent coopérer avec les ambitions climatiques du pays.

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À première vue, cela ressemble à une usine classique. En réalité, c’est un hybride entre une centrale hydroélectrique et un plongeoir géant dans une caverne.

Le principe ? Stocker l’électricité sous forme d’air comprimé dans des cavités salines situées à plusieurs centaines de mètres sous terre. Lorsqu’on a trop d’électricité – typiquement les jours de grand vent en mer du Nord – on utilise cette énergie pour comprimer de l’air et le pousser dans une gigantesque poche creusée dans une ancienne couche de sel.

Et quand le réseau électrique a besoin d’un coup de boost, on relâche l’air, qui traverse une chambre remplie d’eau et actionne des turbines. C’est le cœur du système Hydraulic Compressed Air Energy Storage (H-CAES), développé par Augwind. Un mix entre stockage hydraulique et compression d’air, donc, mais sans les montagnes ni les barrages.

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Des cavernes plus grandes que l’Empire State Building

Ce n’est pas une image : les cavernes utilisées sont réellement plus vastes que l’Empire State Building. Elles peuvent stocker entre 3 et 8 GWh d’électricité. C’est l’équivalent de plusieurs millions de kilowattheures, assez pour alimenter des dizaines de milliers de foyers pendant plusieurs jours.

En matière de densité énergétique, ce n’est pas aussi efficace qu’une batterie lithium-ion. Mais la durée de stockage est sans commune mesure. Là où les batteries classiques se déchargent après quelques heures, l’AirBattery peut conserver l’énergie pendant plusieurs semaines, voire des mois.

Et comme tout se passe dans une caverne déjà existante, inutile de raser une forêt ou d’importer des métaux rares. Le système est local, durable et peu invasif.

Une réponse directe au “trou de vent” allemand

Le Dunkelflaute, littéralement “flotte sombre”, désigne les longues périodes hivernales sans vent ni soleil, redoutées par les ingénieurs du réseau allemand. Depuis la sortie du nucléaire et la fermeture programmée des dernières centrales à charbon, le pays dépend massivement du solaire et de l’éolien. Mais que se passe-t-il lorsque les deux sont absents ?

C’est là que l’AirBattery intervient : elle sert de tampon, capable d’absorber le surplus des jours fastes et de le restituer pendant les creux. C’est exactement le type de flexibilité dont a besoin un réseau à forte composante renouvelable.

Et ce n’est pas une simple promesse marketing. Sur son site pilote en Israël, Augwind a déjà atteint un rendement de 47 %. L’objectif pour les installations industrielles est de franchir la barre des 60 % – un score comparable aux turbines à gaz, mais sans émettre le moindre gramme de CO₂.

Un prix compétitif, sans cobalt ni conflit

Côté porte-monnaie, le système frappe fort. Le coût de stockage serait de 10 à 15 euros par kilowattheure, sur plusieurs semaines. C’est moins cher que les batteries lithium-ion sur de longues durées, surtout si l’on considère les coûts d’infrastructure évités.

En effet, l’énergie est stockée près des zones de production, dans le nord de l’Allemagne, ce qui réduit les besoins en lignes à haute tension pour alimenter le sud industriel du pays. Moins de câbles, moins d’expropriations, moins de béton : un argument qui séduit les aménageurs du territoire.

Et surtout, aucun besoin de métaux rares ou importés : pas de lithium, pas de cobalt, pas de nickel venu de l’autre bout du monde. Cela rend le système insensible aux tensions géopolitiques et aux hausses de prix des matières premières.

Une batterie de cavernes validée par les ingénieurs allemands

Pour rassurer les décideurs, le groupe d’ingénierie allemand Fichtner Group a validé le concept : le système est techniquement viable, économiquement compétitif et modulable à grande échelle. En somme, ce n’est plus un prototype mais un produit prêt à être déployé.

Le chantier allemand, dont la mise en service est prévue entre 2027 et 2028, pourrait faire des émules. L’Union européenne mise de plus en plus sur les stockages massifs pour accompagner sa transition énergétique. Si le projet fonctionne, il pourrait être répliqué dans d’autres cavités salines d’Europe, en France, aux Pays-Bas ou en Pologne.

Le retour du sel comme ressource stratégique

Curieusement, ce projet redonne au sel une valeur énergétique insoupçonnée. On connaissait le rôle du sel dans le stockage de déchets nucléaires ou comme ressource minière. Désormais, on l’exploite comme réservoir géologique pour stocker du vent et du soleil.

L’air comprimé dans les poches salines devient ainsi une nouvelle forme d’énergie fossile… renouvelable. Cela peut prêter à sourire, mais c’est bien une des pistes les plus sérieuses pour stabiliser les réseaux électriques dans un monde à plus de 50 % d’énergies renouvelables.

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Comparatif des plus grandes technologies de stockage d’énergie

Technologie Durée de stockage Coût estimé (€/kWh) Impact environnemental Ressources critiques
Lithium-ion 4 à 6 heures 150 à 200 € Élevé (extraction, recyclage) Lithium, cobalt, nickel
Step (barrage hydraulique) 6 à 20 heures 20 à 50 € Fort impact territorial Eau, relief montagneux
AirBattery (caverne saline) Semaines à mois 10 à 15 € Faible (caverne existante) Aucune ressource rare
Hydrogène vert Semaines à mois 50 à 80 € Énergie grise élevée Électrolyseurs, eau pure

À suivre : le test grandeur nature dans le sous-sol allemand. Une batterie qui respire, qui n’a pas besoin de lithium, et qui dort dans le sel ? Ça pourrait bien devenir la prochaine star silencieuse de la transition énergétique.

Source : https://www.aug-wind.com/airbattery

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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