L’Espagne, en 2000, a été au cœur d’un des plus grands scandales de l’histoire de Jeux Olympiques, elle a en effet aligné de faux athlètes déficients mentaux lors des compétitions de Sydney. Retour sur cette sombre histoire.
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La supercherie dévoilée
L’équipe de basket-ball adapté espagnole a été couronnée d’or ce 24 octobre 2000, une victoire qui a été rapidement entachée de doutes et de suspicions. Une enquête journalistique poussée a révélé la supercherie : 10 des 12 joueurs de l’équipe n’étaient pas handicapés mentaux.
Le rôle d’un journaliste infiltré
Carlos Ribagorda, un journaliste infiltré au sein de l’équipe pendant presque deux ans, a été le lanceur d’alerte de ce déshonneur. Selon lui, la plupart des joueurs n’avaient subi aucun test de quotient intellectuel approprié, un critère essentiel pour la classification des athlètes dans cette catégorie, qui exige un QI de 75 ou moins.
Répercussions et conséquences
Le récit de Ribagorda, appuyé par des rumeurs et des reconnaissances visuelles par des fans, a montré que certains des joueurs provenaient de milieux sportifs amateurs et professionnels sans lien avec le handicap mental. Le scandale a eu un impact profond et dévastateur, entraînant une suspension des compétitions pour les athlètes déficients mentaux pendant plus d’une décennie, une mesure révoquée uniquement en 2012.
Le sport adapté aujourd’hui aux JO
Aux jeux paralympiques de Tokyo, parmi les 138 athlètes composant la délégation française, six se distinguaient en représentant le “sport adapté”. Ce chiffre, bien que modeste en comparaison des milliers de membres inscrits à la FFSA (65 000 en 2019 avant la pandémie du Covid-19), marque néanmoins une amélioration par rapport aux Jeux de Londres et de Rio, où la France avait respectivement aligné quatre et cinq athlètes dans cette catégorie. Cette représentation limitée s’explique en partie par la rigueur accrue des critères de sélection, une réponse au scandale qui a éclaté lors des Jeux de Sydney. Les critères de sélection pour les athlètes handicapés mentaux se sont vus particulièrement renforcés, rendant la qualification aux Jeux paralympiques plus sélective avec seulement huit à douze participants admis par épreuve (9 au total, quatre en athlétisme, quatre en natation et une en tennis de table). Marc Truffaut précise : “En athlétisme, par exemple, les athlètes devaient se classer parmi les quatre premiers lors des derniers championnats du monde ou être dans les six premiers du classement mondial au 1er avril 2021.” Ce qui exclut de fait une énorme partie des sportifs de haut niveau en sport adapté.
Verdict judiciaire
Après de longues années de procédures judiciaires, une sentence a finalement été prononcée en 2013, principalement à l’encontre des autorités sportives impliquées, illustrant la gravité de la tromperie et ses répercussions sur l’intégrité du sport adapté. Les ramifications de cet épisode ont été largement ressenties, laissant une empreinte indélébile sur l’histoire des Jeux paralympiques et servant d’avertissement sévère contre les futurs actes de tromperie et de manipulation dans le monde sportif adapté.