Une avancée scientifique majeure
Des scientifiques de la Wake Forest University School of Medicine et de l’Université de Californie du Sud (USC) ont franchi une étape décisive dans le domaine des neurosciences. Ils ont démontré, pour la première fois, l’utilisation réussie d’un dispositif de prothèse neuronale pour rappeler des souvenirs spécifiques. Cette recherche, publiée en ligne dans Frontiers in Computational Neuroscience, repose sur une étude antérieure de 2018, dirigée par Robert Hampson, Ph.D., qui avait déjà mis en évidence l’efficacité d’un système prothétique basé sur les modèles de mémoire propres à une personne.
Comment ça fonctionne ?
L’étude actuelle a élaboré un nouveau modèle pour assister l’hippocampe, la région du cerveau impliquée dans la création de nouveaux souvenirs. Les chercheurs ont utilisé des enregistrements de l’activité de cellules cérébrales pour créer un modèle de décodage de la mémoire (MDM), permettant de décoder l’activité neuronale stockant des informations spécifiques. L’activité neuronale ainsi décodée a été utilisée pour générer un code, appliqué ensuite sous forme de neurostimulation à l’hippocampe lors de la tentative de stockage de l’information par le cerveau.
Des résultats prometteurs
L’étude a impliqué 14 adultes souffrant d’épilepsie, soumis à une procédure de cartographie cérébrale diagnostique avec des électrodes implantées chirurgicalement. La stimulation électrique MDM a été délivrée lors de tâches de reconnaissance visuelle pour tester son efficacité sur la mémoire. Les résultats ont été significatifs : une amélioration de la mémoire a été constatée dans environ 22% des cas, et près de 40% chez les participants présentant une fonction de mémoire altérée, stimulés des deux côtés du cerveau.
Vers une application thérapeutique
L’objectif des chercheurs est de développer une intervention capable de restaurer la fonction de mémoire perdue à cause de maladies telles qu’Alzheimer, d’accidents vasculaires cérébraux ou de traumatismes crâniens. Brent Roeder, Ph.D., l’auteur correspondant de l’étude, envisage d’affiner cette technologie pour aider les personnes à vivre de manière autonome, en leur rappelant des informations cruciales comme la prise de médicaments ou le verrouillage des portes.
Fondements et financement de la recherche
Ce travail repose sur plus de 20 ans de recherche préclinique sur les codes de mémoire, menée par Sam Deadwyler, Ph.D., en collaboration avec l’équipe de Hampson à Wake Forest, et celle de l’USC, dirigée par les ingénieurs biomédicaux Theodore Berger, Ph.D., et Dong Song, Ph.D. Le projet a été financé par l’Agence de Projets de Recherche Avancée de Défense des États-Unis (DARPA), soulignant l’importance stratégique de ces découvertes.
Les implications de cette recherche sont vastes et prometteuses, ouvrant la voie à de nouvelles thérapies pour les troubles de la mémoire. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour affiner cette technologie et explorer pleinement son potentiel thérapeutique. Cette avancée marque un pas significatif vers la compréhension et la manipulation de la mémoire humaine, avec l’espoir d’améliorer la qualité de vie de millions de personnes affectées par des troubles de la mémoire.