Le trésor des Andes : Redécouverte de la vigogne.
Connue depuis l’époque des Incas comme “la laine des dieux”, la vigogne offre une fibre plus douce, plus rare et plus coûteuse que celles de l’alpaga ou du cachemire. Aujourd’hui, douze siècles plus tard, elle demeure la quintessence du luxe dans le domaine textile, principalement travaillée en manteaux, pull-overs, et plaids par un cercle restreint de maisons de haute couture.
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L’héritage inca et les pratiques modernes de la “laine des dieux” : la vigogne
Les Incas, premiers à valoriser cette fibre, réservaient son usage aux vêtements de la famille impériale. La collecte se faisait lors de grandes battues, où des milliers d’hommes rassemblaient les animaux pour ne tondre que les vigognes, les autres espèces étant destinées à la consommation. Aujourd’hui, des techniques similaires sont encore utilisées pour la récolte de cette fibre précieuse, maintenant les traditions tout en préservant l’espèce. Une vigogne adulte produit en moyenne seulement 550 grammes de laine brute, transformée en environ 150 grammes de fibre utilisable.
L’impact de la conquête espagnole et les mesures de protection
L’arrivée des conquistadors espagnols a mis en péril l’existence de la vigogne, chassée sans discernement jusqu’à l’intervention de Simon Bolivar en 1825, qui a mis en place des lois pour protéger cette espèce. Ces efforts ont été renforcés au fil du temps, notamment avec des interdictions de commerce visant à contrer le braconnage. De moins de 20,000 vigognes en 1960, la population a rebondi à 75,000 en 1990 grâce à ces mesures.
La vigogne : caractéristiques et adaptations uniques
Ce petit cousin du lama, adapté à la vie en haute altitude, possède un pelage exceptionnellement chaud grâce à ses fibres creuses qui retiennent la chaleur. Ses capacités physiologiques lui permettent de survivre dans des conditions extrêmes, jouant un rôle crucial dans la préservation de l’espèce. La fibre de vigogne, avec son diamètre de seulement 12 microns, est non seulement plus fine mais aussi plus isolante que celle des autres mammifères laineux.
Renaissance de la vigogne et durabilité
Après des décennies de déclin, des initiatives comme l’accord entre le gouvernement péruvien et la maison Loro Piana dans les années 90 ont marqué un tournant, en assurant la protection de l’espèce tout en stimulant l’économie locale. Ce partenariat a permis une gestion durable de la production de la fibre de vigogne, avec aujourd’hui près de 80% de la production mondiale légalisée, totalisant environ cinq tonnes par an.
Luxe et exclusivité : Loro Piana et autres maisons prestigieuses
Peu de maisons de mode incluent la vigogne dans leurs collections en raison de son coût élevé et de sa rareté (aux alentours de 300€ / le kilo pour la laine brute). Loro Piana, par exemple, grâce à un accord historique, a presque l’exclusivité de cette fibre, positionnant ainsi ses produits comme le summum du luxe discret. Les tarifs élevés reflètent cette exclusivité : un pull en vigogne peut coûter plus de 3,000 euros, tandis qu’un manteau peut atteindre 30,000 euros. D’autres maisons, telles que Dormeuil et Scabal, proposent également des articles en vigogne, chacune ajoutant sa touche unique à la précieuse étoffe.
Cet article explore l’univers de la vigogne, fibre considérée comme la plus luxueuse et la plus exclusive au monde. De son héritage inca à sa préservation moderne, la vigogne représente un symbole de luxe et de durabilité. Cette fibre continue de captiver l’industrie de la mode de luxe, assurant non seulement la conservation de l’espèce mais aussi l’essor de pratiques de production éthiques et durables, avec des produits finaux atteignant des prix astronomiques.
Source : Peru Excepion