La géoingénierie solaire stratosphérique, une approche qui consiste à injecter du dioxyde de soufre dans la stratosphère pour réfléchir une partie du rayonnement solaire, suscite à la fois espoir et inquiétude dans la communauté scientifique et parmi le public. David Keith, un chercheur émérite dans le domaine, défend cette technologie comme un moyen potentiellement efficace de lutter contre le réchauffement planétaire. Cependant, cette méthode n’est pas exempte de risques et soulève des questions éthiques et environnementales considérables.
Un fondement historique et scientifique
En 1991, l’éruption du mont Pinatubo aux Philippines a libéré d’énormes quantités de dioxyde de soufre dans la stratosphère, entraînant une baisse temporaire des températures mondiales. Ce phénomène naturel a inspiré les recherches de Keith, qui suggère qu’une démarche similaire pourrait être reproduite de manière contrôlée pour combattre le réchauffement climatique. Les études montrent que ce type d’intervention pourrait théoriquement refroidir la planète, mais l’application pratique de ces découvertes reste sujette à de vifs débats.
Les avantages revendiqués
Selon Keith, la géoingénierie solaire pourrait réduire significativement les températures globales, ce qui aiderait à prévenir les décès liés aux vagues de chaleur et à réduire la fréquence des événements climatiques extrêmes. De plus, cette méthode serait moins coûteuse et plus rapide à déployer comparée à d’autres stratégies de mitigation du changement climatique, comme l’élimination des combustibles fossiles, qui se heurte à des obstacles économiques et politiques majeurs.
Les risques et les inquiétudes
Cependant, la géoingénierie solaire n’est pas sans risques. Les critiques, tels que David Suzuki et Raymond Pierrehumbert, mettent en avant le potentiel de conséquences imprévues, comme la modification des cycles hydrologiques et l’exacerbation des conditions météorologiques extrêmes. La crainte que cette technologie puisse être utilisée de manière irresponsable, voire pour des fins militaires, est également préoccupante.
Un débat éthique et politique
La question de la régulation de la géoingénierie solaire est centrale. Qui aurait le droit d’autoriser une telle intervention à l’échelle planétaire ? Comment gérer les conséquences transfrontalières ? Ces questions nécessitent une gouvernance internationale solide, ce que l’Union européenne et d’autres acteurs internationaux commencent à explorer.
Implications pour la biodiversité et la santé humaine
L’injection de dioxyde de soufre dans la stratosphère pourrait également avoir des effets négatifs sur la biodiversité et la santé humaine. En redescendant vers la surface, ces particules pourraient aggraver la pollution de l’air, affectant la qualité de l’eau et de l’air, nuisant ainsi aux écosystèmes et à la santé publique.
Une alternative controversée à la réduction des émissions
Bien que Keith et d’autres défenseurs de la géoingénierie solaire affirment que cette technique pourrait compléter les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de nombreux environnementalistes et scientifiques craignent qu’elle ne serve de diversion, retardant les actions nécessaires pour une transition énergétique durable.
La recherche continue malgré les controverses
Les recherches sur la géoingénierie solaire, bien que controversées, reçoivent le soutien de figures telles que Bill Gates et sont menées par des institutions de renom telles que l’université de Harvard et maintenant l’université de Chicago, où Keith continue de développer ses théories. La nécessité d’une compréhension plus approfondie des mécanismes et des impacts potentiels de cette technologie est impérative.
Une décision mondiale est-elle envisageable ?
Keith soutient que si un référendum mondial était organisé sur l’utilisation de la géoingénierie solaire, il voterait en faveur, soulignant ainsi la complexité et l’urgence de répondre aux défis posés par le changement climatique.
La géoingénierie solaire stratosphérique représente une option potentiellement transformative pour contrer le réchauffement climatique. Toutefois, elle nécessite une évaluation rigoureuse de ses bénéfices, de ses risques, ainsi qu’une réflexion éthique approfondie avant toute mise en œuvre à grande échelle. Les décideurs, scientifiques et citoyens du monde entier doivent être impliqués dans cette discussion, qui pourrait bien définir les contours de notre réponse collective au changement climatique.
Source de l'article : https://www.nytimes.com/2024/08/01/climate/david-keith-solar-geoengineering.html