Ce poisson détient le record de l’environnement quotidien le plus froid pour un vertébré.
Le poisson des glaces, également connu sous le nom scientifique de Channichthyidae, est un fascinant habitant des eaux glaciales de l’océan Austral, autour de l’Antarctique. Cette famille de poissons osseux, composée de 17 espèces réparties en 11 genres, s’est remarquablement adaptée à l’un des environnements les plus hostiles de la planète.
Lire aussi :
- C’est le plus vieil animal sur terre : 500 ans mais vous ne pourrez le croiser que dans un endroit bien spécifique du globe
- Avec 340 tonnes soit 274 voitures, c’est l’animal le plus gigantesque à avoir jamais vécu sur terre (et ce n’est pas la baleine bleue)
Caractéristiques uniques du poisson des glaces
La particularité la plus frappante du poisson des glaces est son sang transparent, dépourvu d’hémoglobine et de globules rouges. Cette caractéristique en fait le seul vertébré connu à présenter cette anomalie. En l’absence de ces composants sanguins essentiels, l’oxygène diffuse passivement dans les tissus du poisson, une adaptation rendue possible par les températures extrêmement basses de son habitat. Pour compenser cette absence d’hémoglobine, le poisson des glaces a développé plusieurs adaptations physiologiques :
- Un cœur surdimensionné, environ sept fois plus gros que la normale
- Des branchies démesurées
- Un volume sanguin beaucoup plus important
- Une absorption partielle d’oxygène à travers la peau
Adaptations au froid extrême
Le poisson des glaces possède des protéines antigel dans son sang, une adaptation cruciale pour survivre dans des eaux dont la température peut descendre jusqu’à -2°C. Ces protéines empêchent la formation de cristaux de glace dans le corps du poisson, qui contient moins de sel que l’eau de mer environnante et risquerait donc de geler.
Habitat et mode de vie du poisson glace
Ces poissons vivent principalement sur le plateau continental antarctique. Bien qu’à l’origine ils aient été des espèces benthiques, certains se sont adaptés à la chasse dans la colonne d’eau au cours de leur évolution. Cette adaptation s’est accompagnée du développement de grandes nageoires pectorales et d’une morphologie particulière, caractérisée par une tête disproportionnée par rapport au corps. Le poisson des glaces se nourrit principalement de krill, de copépodes et d’autres poissons. Son métabolisme est extrêmement lent, une adaptation nécessaire à la survie dans un environnement où l’énergie est rare.
Reproduction
La reproduction du poisson des glaces est tout aussi fascinante que ses autres caractéristiques. Ces poissons construisent des nids de gravier sur le fond marin, chaque nid pouvant contenir en moyenne 1 700 œufs. Les mâles surveillent généralement ces nids. Une découverte récente a mis en lumière l’ampleur de ce comportement : en 2021, une colonie de 60 millions de nids de Neopagetopsis ionah a été observée en mer de Weddell, couvrant une superficie de 240 km², ce qui en fait la plus grande frayère connue à ce jour.
Menaces et conservation
Malgré leurs remarquables adaptations, les poissons des glaces sont particulièrement vulnérables au réchauffement climatique. L’augmentation de la température de l’eau entraîne une diminution de la concentration d’oxygène, ce qui pose un défi majeur pour ces poissons au métabolisme déjà lent et dépendant d’une diffusion passive de l’oxygène. De plus, leur croissance lente et leur maturité sexuelle tardive les rendent particulièrement sensibles à la surpêche. Certaines espèces, comme le Champsocephalus gunnari, sont déjà exploitées commercialement. Le poisson des glaces représente un exemple fascinant d’adaptation extrême à un environnement hostile. Son étude continue d’apporter des informations précieuses sur l’évolution et l’adaptabilité des organismes face à des conditions extrêmes. Cependant, comme de nombreuses espèces antarctiques, il fait face à des défis croissants liés aux changements climatiques et à l’activité humaine, soulignant l’importance de la conservation de ces écosystèmes uniques et fragiles.
Cet article revient sur le passionnant poisson des glace qui présente la singularité de ne pas avoir d’hémoglobine et de globules rouges, ce qui l’empêche de geler dans l’environnement très hostile dans lequel il vit : la côte antarctique.
Source : mnhn.fr