La turbine marémotrice la plus puissante du monde débarque au Royaume-Uni.
Alors que le monde s’efforce de trouver des solutions durables à la crise énergétique et que la France semble avoir toutes les peines pour s’y affirmer, le Royaume-Uni semble sur le point de marquer encore sa différence avec son voisin d’outre manche en profitant de l’énergie offerte par les marées. Des chercheurs de l’Université de Plymouth ont récemment révélé la création d’une turbine marémotrice de nouvelle génération, la plus puissante du monde, située dans les îles Orcades en Écosse. Cette technologie pourrait bien changer la donne dans la quête d’une énergie propre.
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La puissance des marées bientôt captée par ce colosse britannique
Avec la demande croissante pour des sources d’énergie propres, le solaire et l’éolien ont connu une explosion d’installations ces dernières années. Cependant, leur imprévisibilité demeure un obstacle majeur. Les variations de vitesse du vent ou la couverture nuageuse peuvent entraîner des baisses drastiques de la production d’énergie, mettant en péril la stabilité du réseau électrique. C’est ici que l’énergie marémotrice entre en jeu. Contrairement aux sources d’énergie précédemment mentionnées, les marées sont régulières et prévisibles, offrant ainsi une alternative fiable. Malgré ses avantages, la technologie marémotrice en est encore à ses balbutiements et fait face à des défis considérables, notamment en matière de coûts et de connectivité au réseau.
La turbine O2 : Une première mondiale
L’O2, une turbine marémotrice révolutionnaire conçue par Orbital Marine, est la première turbine commerciale de cette envergure. Cette structure de 74 mètres de long, ancrée au large des Orcades, utilise deux rotors de 20 mètres de diamètre qui tournent sous la surface de l’eau pour générer de l’électricité. Contrairement aux turbines marémotrices classiques, l’O2 flotte à la surface de l’eau, facilitant l’entretien et l’ajustement. Avec une puissance de sortie de 2 MW, cette turbine est capable de fournir de l’électricité à 2 000 foyers britanniques et permet de réduire les émissions de dioxyde de carbone de 2 200 tonnes par an. Son système de contrôle permet à ses rotors de s’adapter automatiquement aux courants changeants, maximisant ainsi la production d’énergie.
Comprendre les courants marins pour maximiser son efficacité
Pour maximiser l’efficacité de la turbine O2 et mieux comprendre son interaction avec l’environnement marin, des chercheurs de l’Université de Plymouth, de l’Association de biologie marine (MBA) et de l’Université des Highlands et des Îles (UHI) ont effectué des études approfondies. Utilisant des drones et des bateaux, ils ont cartographié les courants marins complexes autour de la turbine, avec des flux dépassant parfois les 8 nœuds (environ 15 km/h). Ces données permettent de mieux appréhender comment ces courants puissants affectent les performances de la turbine et fournissent des indications précieuses sur la manière d’optimiser le positionnement de futures installations marémotrices pour maximiser la production d’énergie.
Optimisation de l’infrastructure Marémotrice
Les résultats des études menées autour de la turbine O2 ont également mis en lumière l’importance de l’espacement entre les turbines lorsqu’elles sont disposées en réseau. Des simulations précédentes ont montré que des turbines trop rapprochées peuvent se gêner mutuellement en termes de flux d’eau, ce qui réduit l’efficacité de l’ensemble du dispositif. Cependant, des études sur le terrain ont permis de corriger certaines hypothèses théoriques, améliorant ainsi les stratégies de placement pour des installations futures. Fait intéressant, il a également été observé que les turbulences créées par les turbines peuvent offrir un environnement de chasse idéal pour certaines espèces d’oiseaux marins. Cela montre que, bien conçue, une infrastructure marémotrice pourrait non seulement répondre à des besoins énergétiques, mais aussi créer des habitats favorables pour la faune marine.
Défis et Opportunités : Un Avenir Radieux pour l’Énergie Marémotrice
Bien que prometteuse, la technologie marémotrice doit encore surmonter des obstacles considérables pour être largement adoptée. Les coûts initiaux pour l’installation et la maintenance des turbines marémotrices sont élevés, et il reste des défis à relever pour les connecter efficacement au réseau électrique existant. Cependant, les progrès réalisés grâce à des études comme celle menée autour de la turbine O2 montrent que la recherche continue de combler les lacunes entre la théorie et la pratique. Shaun Fraser, chercheur senior à l’UHI Shetland, souligne que « cette étude montre à quel point la collaboration entre expertise scientifique et nouvelles technologies est cruciale pour faire avancer la compréhension des environnements marins dynamiques ». À mesure que les infrastructures d’énergie renouvelable marine continuent de se développer dans les Highlands et les îles, les découvertes réalisées aujourd’hui seront déterminantes pour l’avenir de cette industrie.
Avance Britannique sur la France
Le Royaume-Uni commence depuis quelques années à devenir un champion des éoliennes offshore et profite de sa position géographique, entre Atlantique et la Manche, pour profiter du vent et des marées pour redéfinir son mix énergétique. La France est encore très en retard sur ces questions comme nous l’avions vu dans un article précédent mais la donne pourrait encore changer dans quelques années avec des ambitieux chantiers en projet ou en négociation.
Cet article explore l’importance de la turbine marémotrice O2 dans la transition vers une énergie propre, mettant en avant les découvertes récentes sur l’impact des courants marins et les avancées technologiques nécessaires pour optimiser l’énergie marémotrice. L’avenir semble prometteur pour cette source d’énergie renouvelable, qui pourrait devenir un pilier de la production d’électricité durable dans les décennies à venir.
Source : Orbital Marine