Une analyse des données de vente d’antibiotiques provenant de 67 pays entre 2016 et 2023 révèle une tendance inquiétante : la consommation mondiale d’antibiotiques a augmenté de plus de 21%. Cette étude, publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), montre que malgré une baisse de consommation dans les pays à revenu élevé, compensée par une augmentation dans les pays à revenu moyen, la problématique de la résistance antimicrobienne continue de s’aggraver.
L’impact de la résistance antimicrobienne (AMR)
La résistance antimicrobienne, qui résulte de l’utilisation des antibiotiques, entraîne des infections résistantes aux traitements existants, provoquant des séjours hospitaliers prolongés, des coûts de traitement accrus et une mortalité plus élevée. On estime que l’AMR est associée à près de cinq millions de décès à l’échelle mondiale chaque année.
Décomposition de la consommation selon les revenus des pays
L’étude met en lumière des différences significatives en fonction du niveau de revenu des pays :
- Les pays à revenu élevé ont vu leur consommation baisser avant la pandémie de COVID-19.
- En revanche, dans les pays à revenu moyen, la consommation a augmenté, particulièrement pour les antibiotiques de la catégorie “Watch” par rapport à ceux de la catégorie “Access” définie par l’OMS pour la gestion de la résistance aux antimicrobiens.
L’effet de la pandémie de COVID-19
La pandémie de COVID-19 a eu un impact marqué, avec une baisse globale de la consommation d’antibiotiques en 2020, surtout dans les pays à revenu élevé. Cependant, la consommation a rapidement rebondi et continue d’augmenter, particulièrement dans les pays à revenu moyen et faible, où les taux de consommation dépassent désormais ceux des pays à revenu élevé.
Projections pour 2030
Les projections basées sur les données collectées suggèrent que la consommation mondiale pourrait augmenter de 52,3% pour atteindre 75,1 milliards de doses journalières définies (DDD) d’ici 2030. Cette augmentation pose un défi majeur pour la santé publique mondiale et souligne la nécessité d’actions concrètes pour promouvoir l’utilisation prudente des antibiotiques.
Implications et recommandations
Selon Dr. Eili Klein, auteur principal de l’étude et chercheur principal à l’One Health Trust, il est essentiel de réduire l’utilisation inappropriée des antibiotiques dans les nations à haut revenu tout en investissant significativement dans les infrastructures des pays à revenu faible et moyen pour contrôler efficacement la transmission des maladies.
Cette étude souligne l’importance d’une gestion rigoureuse des antibiotiques et des interventions de santé publique, telles que l’amélioration de la prévention des infections et l’augmentation de la couverture vaccinale chez les enfants, pour endiguer la consommation d’antibiotiques et lutter contre la résistance antimicrobienne. Les décideurs doivent prendre en compte ces données pour renforcer la préparation aux pandémies futures et réduire les impacts de l’AMR à l’échelle mondiale.
Source de l’article : https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2411919121