Une étude réalisée par l’Université Pompeu Fabra (UPF) et l’Université ouverte de Catalogne (UOC) révèle qu’un jeune Espagnol sur cinq est un utilisateur à risque de TikTok, passant plus de deux heures par jour sur l’application. Cette durée d’utilisation, supérieure au seuil recommandé, peut augmenter les risques de troubles de santé mentale.
Une consommation plus marquée chez les filles
L’étude met en évidence une différence notable entre les sexes. Près de 24,37 % des filles passent plus de deux heures par jour sur TikTok, contre 15,45 % des garçons. Cette disparité reflète des habitudes de consommation différenciées et des vulnérabilités spécifiques.
Les effets de TikTok sur le bien-être digital
L’étude, publiée dans la revue Nature, analyse pour la première fois les effets spécifiques de TikTok sur le bien-être digital des adolescents. Contrairement à d’autres réseaux sociaux, TikTok encourage une consommation passive de vidéos, avec peu d’interactions entre utilisateurs. En Espagne, où l’application est particulièrement populaire, cette tendance est préoccupante.
Trois indicateurs de bien-être digital
L’équipe de chercheurs a mesuré trois variables liées au bien-être digital :
- La capacité à limiter son temps de connexion.
- La faculté de créer des connexions sociales et communautaires.
- La résilience émotionnelle face aux contenus visionnés.
Malgré un usage élevé, les jeunes attribuent des scores globalement positifs à leur bien-être digital : 3,22 pour la gestion du temps, 3,31 pour la résilience émotionnelle, et 3,64 pour les connexions sociales (sur une échelle de 5).
Une corrélation entre usage intensif et manque de contrôle
L’étude souligne que plus les jeunes passent de temps sur TikTok, moins ils parviennent à limiter leur consommation. Ceux qui passent plus de deux heures par jour donnent une note de 2,93 à leur capacité à fixer des limites, contre 3,53 pour ceux qui l’utilisent moins de 10 minutes par jour.
Des différences dans les contenus consommés
Les types de contenus visionnés diffèrent fortement entre les garçons et les filles. Les garçons préfèrent les vidéos sur les jeux vidéo et le sport professionnel, tandis que les filles consomment davantage de contenus sur la mode et la beauté. Ces tendances reflètent la persistance des rôles de genre traditionnels dans la sphère digitale.
Les impacts psychologiques de l’usage prolongé
Des recherches précédentes ont associé une utilisation des réseaux sociaux supérieure à deux heures par jour à une faible estime de soi, une perception négative de sa santé mentale, et un risque accru de stress psychologique ou de pensées suicidaires.
Des solutions éducatives et structurelles nécessaires
Face à ces constats, l’étude plaide pour des mesures au-delà du simple contrôle parental. Les chercheurs préconisent :
- La mise en place de programmes éducatifs pour favoriser des habitudes digitales saines.
- Le soutien des familles par des stratégies adaptées.
- Des audits réguliers des algorithmes de TikTok afin de limiter ses effets potentiellement addictifs.
Un projet d’envergure nationale
Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet « Les adolescents espagnols comme récepteurs et créateurs de contenus sur la santé mentale dans les réseaux sociaux », financé par le Ministère espagnol de la Science, de l’Innovation et des Universités. Son objectif est de développer des outils pour l’alphabétisation digitale et la réduction des stigmates liés aux troubles psychologiques.
Cette recherche met en lumière les enjeux majeurs liés à l’utilisation excessive de TikTok et la nécessité de développer des solutions à la fois individuelles et collectives pour préserver le bien-être des adolescents.
Source de l’article : https://doi.org/10.1057/s41599-024-03984-5