Bill Gates et TerraPower lancent un réacteur de 345 MW refroidi au sodium.
La société TerraPower, soutenue par Bill Gates, a reçu l’approbation pour démarrer la construction de la première unité de sa technologie Natrium, marquant un tournant dans le développement de l’énergie nucléaire avancée et zéro-carbone.
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Natrium : un projet de réacteur nucléaire de génération IV refroidi au sodium
La société TerraPower a franchi une étape majeure avec l’approbation par le Wyoming Industrial Siting Council (ISC) de son permis pour la construction des installations non nucléaires de la centrale Natrium à Kemmerer. Cette technologie innovante est une des 6 filières de génération IV : un réacteur rapide refroidi au sodium. Celui-ci devrait atteindre les 345 MW, complété par un système de stockage d’énergie à grande échelle basé sur du sel fondu.
Quelles sont les 6 filières des réacteurs nucléaires de génération IV ?
Les six filières de réacteurs nucléaires de génération IV sont :
- Les réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium (SFR – Sodium-cooled Fast Reactor)
- Les réacteurs à neutrons rapides refroidis au gaz (GFR – Gas-cooled Fast Reactor)
- Les réacteurs à neutrons rapides refroidis au plomb (LFR – Lead-cooled Fast Reactor)
- Les réacteurs à très haute température (VHTR – Very High Temperature Reactor)
- Les réacteurs à eau supercritique (SCWR – Supercritical Water-cooled Reactor)
- Les réacteurs à sels fondus (MSR – Molten Salt Reactor)
Ces six concepts ont été sélectionnés par le Forum international Génération IV (GIF) pour leur potentiel à répondre aux critères de durabilité, de sûreté, de compétitivité économique et de résistance à la prolifération nucléaire.
Capacités de stockage d’énergie unique
La centrale Natrium intègre un système de stockage d’énergie qui permet une interaction fluide avec les ressources renouvelables et améliore la résilience du réseau électrique. TerraPower affirme que cette caractéristique distingue le design Natrium des autres projets de réacteurs avancés.
Implications réglementaires et construction
Le projet bénéficie maintenant du premier permis d’État jamais accordé à un projet nucléaire avancé à l’échelle commerciale. Les travaux sur le site commenceront en 2025, incluant la construction d’un centre de formation à Kemmerer et de l’île énergétique, ainsi que la continuation des travaux sur l’installation de test et de remplissage de sodium débutés en 2024.
Avantages énergétiques et environnementaux
Le réacteur Natrium permettra une augmentation rapide de la capacité du système jusqu’à 500 MW pendant plus de cinq heures et demie, offrant ainsi une nouvelle voie économique vers une énergie propre sans émissions de carbone. Ce projet s’inscrit dans le cadre du programme de démonstration de réacteurs avancés du Département de l’Énergie des États-Unis et sera situé à proximité d’une centrale au charbon en cours de retrait.
Autonomie et sécurité énergétique
Dans un effort pour renforcer l’autonomie énergétique des États-Unis, TerraPower a également signé un accord pour la construction d’une installation d’enrichissement de l’uranium faiblement enrichi à haute teneur (HALEU) en Afrique du Sud, en utilisant la technologie d’enrichissement au laser d’ASP Isotopes. Cette initiative réduira la dépendance des États-Unis envers les combustibles nucléaires russes.
Doit-on être inquiet de la main mise du privé sur le secteur de l’énergie nucléaire ?
La percée de TerraPower dans le secteur nucléaire soulève des questions sur la pertinence de laisser le secteur privé prendre le contrôle de cette industrie stratégique. D’un côté, l’innovation et les investissements privés, comme ceux de Bill Gates, peuvent accélérer le développement de technologies nucléaires avancées, cruciales pour la transition énergétique. Cependant, la concentration du pouvoir et des connaissances dans les mains d’entreprises privées pose des questions de sécurité nationale et d’intérêt public. Le projet Natrium illustre ce dilemme : il promet des avancées technologiques significatives, mais soulève des inquiétudes quant à la régulation et au contrôle démocratique de technologies aussi sensibles. La collaboration entre TerraPower et le gouvernement américain montre une tentative d’équilibre, mais le débat reste ouvert sur le juste rôle du secteur privé dans un domaine aussi critique que l’énergie nucléaire.
Cet article explore le développement par TerraPower, soutenu par Bill Gates, d’un réacteur nucléaire de 345 MW utilisant une technologie de refroidissement au sodium. Cette innovation représente une avancée significative vers la réalisation d’une énergie nucléaire avancée et sans carbone, combinant haute technologie, responsabilité environnementale et indépendance énergétique stratégique.
Source : https://trib.com/news/state-regional/business/wyoming-terrapower-natrium-reactor-nuclear-power/article_962ea7c4-d369-11ef-9201-fbe7aa4c2dcf.html
Image : Ville de Casper, siège du comté de Natrona dans l’État du Wyoming.