L’iceberg A23a est une menace à plus ou moins long terme pour les Manchots royaux.
La récente séparation de l’iceberg A23a de la barrière de glace Filchner-Ronne a mis en émoi la communauté scientifique internationale. D’une hauteur de 40 mètres et couvrant une superficie quasiment égal à celle du Grand Lille, ce géant des mers se dirige inexorablement vers l’île de la Géorgie du Sud. Cette île britannique isolée, située près de l’Antarctique, abrite une faune riche, notamment des centaines de milliers de couples de manchots royaux. Ce colosse glacé, pesant près d’un milliard de tonnes (soit toute de même 2X le poids de toute l’humanité), pourrait perturber gravement les voies d’alimentation de ces oiseaux emblématiques.
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Le roi des Iceberg fonce sur la Géorgie du sud en menaçant 50% des manchots royaux du monde
L’iceberg A23a se distingue non seulement par sa taille immense mais aussi par la rapidité de son déplacement, avançant d’un mètre par seconde (soit 3,6 km/h). Détaché il y a six semaines, il a été mesuré pour la première fois en août avec une superficie de 3 672 km², soit à peu près la taille de la grande métropole de Lille et ses 3 783 km². À mesure qu’il se rapproche de Géorgie du Sud, l’inquiétude grandit quant à son impact immédiat sur l’écosystème de l’île.
Un écosystème en péril
L’île de Géorgie du Sud abrite environ 450 000 couples de manchots royaux, soit environ la moitié de la population mondiale de cette espèce. La collision potentielle de l’A23a avec l’île pourrait bloquer l’accès des manchots à la mer, vital pour nourrir leurs jeunes. Cette perturbation serait une menace directe pour leur survie durant la période cruciale de reproduction estivale.
Changements climatiques et fréquence des détachements
Andrew Meijers, océanographe physique du British Antarctic Survey, souligne que bien que le détachement des icebergs soit un phénomène naturel, l’augmentation de sa fréquence est une conséquence directe du changement climatique. Cette situation entraîne une plus grande quantité d’eau douce dans les océans, modifiant les courants marins et les écosystèmes.
Suivi continu et implications écologiques
Observé pour la première fois en décembre 2023 depuis le RRS Sir David Attenborough, A23a continue sa progression lente mais constante vers l’île. Selon les courants océaniques, il pourrait s’échouer dans les eaux peu profondes autour de l’île ou la contourner. La principale préoccupation des scientifiques est l’impact potentiel sur les manchots durant leur période de reproduction.
Désintégration et risques pour la navigation
Le Dr Jan Lieser, glaciologue marin de l’Université de Tasmanie, a signalé que l’iceberg commence à montrer des signes de fragmentation. Les vents et les vagues qui frappent les côtés de l’iceberg ainsi que la fonte par le dessous provoquent de grandes fissures, préfigurant une possible division en plusieurs morceaux. Ces fragments, de tailles variables, constituent un danger important pour la navigation, étant souvent difficiles à détecter par satellite ou depuis un navire.
Surveillance et gestion des risques
Le 13 décembre de l’année précédente, le British Antarctic Survey a signalé que l’A23a s’était détaché de son ancrage sur le fond marin et avait commencé à dériver dans l’océan Austral. Mark Belchier, directeur des pêches et de l’environnement pour le gouvernement de Géorgie du Sud et des îles Sandwich du Sud, a insisté sur la nécessité d’une surveillance rigoureuse de la trajectoire de l’iceberg.
La nature a doté le manchot d’une technique inédite dans le règne animal contre ce métal mortel
Cet article explore l’impact potentiel de l’iceberg A23a sur l’écosystème de l’île de la Géorgie du Sud. Alors que le monde assiste à une augmentation de la fréquence des détachements d’iceberg, cette situation offre une occasion unique d’étudier les effets accélérés des changements environnementaux sur la dynamique des glaces polaires.
Source : https://www.researchgate.net/figure/Estimated-numbers-of-King-penguin-incubating-and-status-of-colonies-monitored_tbl1_290890404