Les Manchots empereurs, maîtres de la détoxication contre le mercure.
Une récente percée scientifique a mis en lumière des mécanismes inédits par lesquels les Manchots empereurs parviennent à se débarrasser du mercure, un métal lourd dangereux pour leur santé. Cette étude, menée par l’ESRF et publiée dans le Journal of Hazardous Materials, révèle comment ces oiseaux marins utilisent des stratégies complexes pour neutraliser le mercure accumulé dans leur organisme.
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Un mécanisme doublement efficace de la part du Manchot empereur contre le mercure
Les chercheurs ont découvert que les Manchots empereurs emploient un double mécanisme pour détoxifier le mercure. D’une part, ils utilisent le soufre, à l’instar des bactéries, pour transformer le mercure en une forme moins nocive. D’autre part, ils exploitent le sélénium, à la manière des prédateurs supérieurs, pour convertir le mercure en séléniure de mercure, un composé minéral inerte et non toxique. Cette dualité de méthodes montre une adaptation remarquable à leur environnement hautement contaminé.
Des techniques de pointe pour une découverte majeure chez les vertébrés
Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques Alain Manceau et Pieter Glatzel de l’ESRF ont utilisé la spectroscopie d’absorption des rayons X, une méthode avancée permettant de détecter les formes chimiques précises du mercure dans le foie des manchots. Cette technique a non seulement confirmé la présence des mécanismes connus mais a aussi révélé une voie de détoxication jamais observée chez les vertébrés plus bas dans la chaîne alimentaire.
Impact et applications potentielles de la recherche
Cette découverte est cruciale non seulement pour la compréhension des processus de détoxication chez les animaux mais aussi pour l’évaluation des risques environnementaux liés au mercure. Les résultats pourraient influencer les stratégies de conservation des espèces menacées et orienter le développement de nouvelles approches pour traiter l’empoisonnement au mercure chez d’autres animaux, voire chez les humains.
Exploration future : Au-delà des manchots
Les chercheurs planifient déjà d’étendre leurs études à d’autres espèces, telles que les crocodiles et le thon rouge, pour voir si des mécanismes similaires ou différents sont utilisés. Ces études futures pourraient révéler que de nombreux autres animaux disposent de méthodes inconnues pour gérer les toxines environnementales, changeant ainsi notre compréhension de la biochimie animale.
Transfert de mercure : De la mère à la progéniture
Une partie de l’étude s’est également intéressée à la façon dont le mercure est transféré des mères manchots à leur progéniture via les œufs. Il apparaît que si une partie du mercure est neutralisée dans le jaune d’œuf grâce aux mécanismes de détoxication, la majeure partie reste sous forme toxique dans l’albumen. Cette découverte souligne l’importance de la purification continue, notamment lors de la mue, où les manchots se débarrassent du mercure via leurs plumes.
Cet article revient sur une découverte étonnante dans la biologie des Manchots empereurs. Les scientifiques ont en effet réussi à percer le secret de comment ces animaux marins gèrent les niveaux dangereux de mercure dans leur environnement. Grâce à des méthodes innovantes et à une collaboration internationale, les chercheurs ont découvert des mécanismes de détoxication qui pourraient avoir des implications importantes pour la préservation de la faune et le traitement de la contamination au mercure à travers le monde.
Source : CNRS