Le réacteur sphérique espagnol atteint le premier plasma avec une “triangularité négative”.
L’Université de Séville en Espagne vient de marquer de son empreinte l’histoire de la recherche sur la fusion nucléaire avec le réacteur SMART (Small Aspect Ratio Tokamak), le seul réacteur de fusion au monde à présenter une “triangularité négative”, ayant généré son premier plasma.
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L’Espagne dévoile un tokamak unique au monde par sa “triangularité négative”
Construit au Laboratoire de Science et Technologie de Fusion Plasma de l’Université de Séville, le réacteur SMART mesure environ 1,6 mètre de hauteur et de diamètre. Il intègre un aimant solénoïde d’environ 30 centimètres de longueur, avec 12 bobines de champ toroïdal et 8 bobines de champ poloïdal qui aident à modeler le plasma.
Qu’est-ce que la triangularité négative ?
La triangularité dans un tokamak décrit la forme de la section transversale du plasma par rapport au design du réacteur, typiquement en forme de “D”. Dans les designs classiques, la partie droite du “D” fait face au centre du réacteur, une configuration connue sous le nom de triangularité positive. Avec le SMART, c’est la partie courbée qui est orientée vers le centre, une caractéristique unique appelée triangularité négative. Cette “singularité” favorise une meilleure suppression des instabilités du plasma, ce qui réduit les expulsions de particules et d’énergie et limite les dommages à la paroi du tokamak.
Premier plasma : une avancée majeure
La réussite de la création du premier plasma est une étape cruciale pour le projet, annonçant le début de la phase opérationnelle du réacteur. Cette avancée est le fruit de la collaboration entre les chercheurs de l’Université de Séville et ceux du Princeton Plasma Physics Laboratory (PPPL). Elle ouvre la porte à une utilisation plus large de cette technologie dans les efforts mondiaux pour répondre aux demandes énergétiques futures de manière propre et illimitée.
Implications et attentes futures
Selon Eleonora Viezzer, physicienne et professeure à l’Université de Séville, l’excitation était palpable lors de la visualisation du premier plasma magnétiquement confiné. L’intérêt international que suscite le SMART est significatif, promettant de vastes applications et expérimentations futures dans la communauté scientifique internationale.
Les principaux projets de recherche actuels sur la fusion nucléaire dans le monde
- ITER : le plus grand tokamak en construction à Cadarache, France, visant à produire 500 MW de puissance de fusion.
- JT-60SA : le plus grand tokamak opérationnel actuellement, situé au Japon, servant de banc d’essai pour ITER.
- SPARC : projet de Commonwealth Fusion Systems aux États-Unis, prévu pour 2025
- National Ignition Facility (NIF) : utilisant la fusion par confinement inertiel, a réalisé la première expérience de fusion à gain net en décembre 2022.
- Divers projets de start-ups : notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et au Japon, explorant des approches innovantes de la fusion.
Le réacteur SMART de l’Université de Séville, avec sa triangularité négative unique, représente une percée significative dans la recherche sur la fusion nucléaire. Il illustre le potentiel des approches innovantes dans le développement des technologies de fusion, offrant un chemin vers une énergie propre et abondante, inspirée des processus énergétiques stellaires. Cette réalisation pourrait bien redéfinir les futures stratégies globales en matière d’énergie.
Source : Université de Séville
Image réalisée à l’aide de Canva à des fins de représentation de l’article.