À Madagascar, les agriculteurs de la région de Sava, qui produit environ deux tiers de la vanille mondiale, font face à un défi de taille : le climat ne suit plus les règles d’autrefois.
Les saisons ne sont plus prévisibles. Une agricultrice témoigne : les rivières s’assèchent, ce qui rend plus difficile le travail dans sa rizière, la base de son alimentation. Un autre cultivateur de litchis constate que la récolte, qui commençait traditionnellement en novembre, est désormais repoussée à la mi-décembre à cause du manque de pluie.
Un constat alarmant
Une étude récente, publiée dans la revue scientifique PLOS Climate, s’appuie sur des entretiens menés auprès de 479 agriculteurs des villages de Sarahandrano et Mandena, situés à une cinquantaine de kilomètres l’un de l’autre. Le verdict est sans appel : pratiquement tous observent des changements dans les températures et les précipitations qui compliquent leur travail.
Environ trois quarts des agriculteurs interrogés signalent un assèchement de leurs sources d’eau et affirment devoir réduire le temps passé dans leurs champs à cause des températures extrêmes ou des pluies diluviennes.
Autre problème : ces modifications climatiques favorisent l’augmentation des nuisibles. Rongeurs et moustiques prolifèrent, provoquant des dégâts sur les cultures et une hausse des maladies comme le paludisme ou les diarrhées.
Pourquoi si peu d’adaptation ?
Face à ces bouleversements, on pourrait s’attendre à ce que les agriculteurs modifient leurs pratiques. Pourtant, seulement un sur cinq met en place des solutions comme l’utilisation d’engrais ou le décalage des périodes de plantation.
Pourquoi si peu de changements ? Le manque de moyens est un frein majeur.
L’étude montre que les hommes et ceux possédant des biens durables comme un générateur ou un ordinateur sont plus enclins à s’adapter. Ce n’est pas un hasard : Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde, et ces nouvelles pratiques demandent des investissements en argent et en travail.
Des pistes pour l’avenir
Certaines solutions existent pourtant. Des méthodes comme l’ajout d’arbres fruitiers dans les champs ou la culture de poissons dans les rizières permettent d’améliorer à la fois la fertilité des sols et la protection contre les parasites.
Les chercheurs suggèrent que des programmes d’accompagnement financier pourraient aider les agriculteurs à franchir le pas. Mais pour l’instant, ces initiatives restent rares dans le pays.
Une situation qui dépasse Madagascar
Ce que vivent les cultivateurs malgaches, d’autres agriculteurs du monde entier le connaissent aussi. Dans les régions tropicales, le réchauffement climatique modifie les cycles agricoles et met en péril des millions de personnes.
À Madagascar, les cyclones et tempêtes tropicales frappent plusieurs fois par an, détruisant les plantations et provoquant des inondations. Pendant la saison des pluies, les routes boueuses et les ponts effondrés compliquent l’accès aux marchés, réduisant encore plus les ressources des paysans.
Dans le sud-est du pays, près du parc national d’Andringitra, les anciens constatent l’absence totale de gel depuis une dizaine d’années, preuve supplémentaire que le climat change de manière irréversible.
Un défi de taille pour les agriculteurs
Aujourd’hui, la météo est devenue un adversaire imprévisible. Pour survivre, les agriculteurs vont devoir s’adapter, expérimenter et prendre des risques.
Mais comment changer ses habitudes quand une seule mauvaise récolte peut signifier la faim pour toute une famille ?
Les chercheurs poursuivent leurs travaux en élargissant leur enquête à 34 villages. Ils espèrent identifier des solutions efficaces et réalistes, accessibles aux agriculteurs les plus démunis.
Résumé en 5 à 7 points
- Les saisons sont devenues imprévisibles, rendant l’agriculture plus difficile dans la région de Sava à Madagascar.
- Les rivières s’assèchent, les récoltes sont retardées et les rendements menacés.
- Trois quarts des agriculteurs disent être touchés par le changement climatique, qui favorise aussi la propagation des maladies et des nuisibles.
- Seulement un sur cinq modifie ses pratiques, faute de moyens financiers.
- Certaines solutions existent, comme la culture de poissons dans les rizières ou l’ajout d’arbres fruitiers, mais elles demandent des investissements.
- Les cyclones et tempêtes tropicales aggravent la situation, rendant encore plus difficile l’adaptation des agriculteurs.
- Les chercheurs élargissent leur étude pour identifier des stratégies durables et adaptées aux réalités locales.
Source de l’article : http://dx.doi.org/10.1371/journal.pclm.0000501