L’inflation, c’est l’évolution des prix des biens et services consommés dans un pays ou un groupe de pays. En février 2025, l’Union européenne affiche un taux annuel d’inflation de 2,7 %, contre 2,8 % en janvier. Dans la zone euro, cette inflation atteint 2,3 %, en légère baisse par rapport aux 2,5 % du mois précédent.
À première vue, ces chiffres semblent stables. Mais pour en comprendre les implications, il est nécessaire d’entrer dans le détail des mécanismes et des sources.
Services : principal moteur de l’inflation
Dans la zone euro, ce sont les services qui contribuent le plus à l’inflation annuelle, à hauteur de +1,66 point de pourcentage (pp). Cela signifie que sans eux, le taux global serait bien inférieur.
Pourquoi les services pèsent-ils autant ?
Parce qu’ils représentent près de la moitié de la consommation totale des ménages (pondération de 456,5 ‰ dans l’indice harmonisé des prix à la consommation, ou HICP). Et les prix de ces services augmentent à un rythme élevé : +3,7 % sur un an, ce qui reflète notamment l’augmentation des coûts salariaux dans les secteurs de la santé, du transport, de la restauration ou des services à la personne.
Baisse de l’énergie : un facteur de modération
Autre élément clé : l’énergie n’a quasiment pas contribué à l’inflation en février (+0,01 pp seulement). Cela tranche avec les pics de 2022, où l’énergie seule représentait plus de la moitié de l’inflation totale.
Les prix de l’énergie ont d’ailleurs progressé de seulement 0,2 % en glissement annuel, après un pic à +1,9 % en janvier. Cela s’explique par un effet de base favorable (comparaison avec des prix très élevés un an plus tôt) mais aussi par la stabilisation des marchés du gaz et du pétrole.
Les disparités entre États membres
Le taux d’inflation dans l’UE est une moyenne. Or, les écarts entre pays sont très marqués.
- Les pays à plus faible inflation en février 2025 sont la France (0,9 %), l’Irlande (1,4 %) et la Finlande (1,5 %).
- À l’inverse, la Hongrie (5,7 %), la Roumanie (5,2 %) et l’Estonie (5,1 %) restent en tête des hausses de prix.
Ces différences s’expliquent par plusieurs facteurs : la structure de la consommation, les politiques fiscales locales, le degré de dépendance énergétique et la dynamique des salaires.
Par exemple, la France bénéficie d’un mécanisme de bouclier tarifaire toujours en place sur l’énergie, tandis que la Hongrie subit encore les effets de l’instabilité monétaire et des tensions sur les produits alimentaires.
Les biens industriels n’alimentent plus la hausse des prix
Les biens industriels non énergétiques (habillement, électronique, mobilier…) n’ont contribué que de +0,14 pp à l’inflation totale.
Leur taux d’inflation est resté stable à 0,6 %, malgré une demande qui a légèrement repris. Cela suggère un effet de la baisse des coûts logistiques et une normalisation des chaînes d’approvisionnement, très perturbées depuis la pandémie.
Rebond des produits alimentaires non transformés
Un point technique cependant : les produits alimentaires non transformés (fruits, légumes, viande fraîche…) ont vu leur inflation grimper à 3,0 %, contre 1,4 % en janvier.
Cela a mécaniquement fait augmenter leur contribution à l’inflation de 0,06 à 0,13 pp. Cette évolution est typiquement saisonnière : des conditions climatiques défavorables dans certaines régions ont réduit les rendements agricoles, et donc fait remonter les prix.
Lecture technique des “inflations sous-jacentes”
Pour les économistes, la mesure brute de l’inflation ne suffit pas. On utilise donc des indicateurs dits “sous-jacents”, qui excluent les composantes volatiles (énergie, alimentation, tabac). Cela permet d’évaluer la tendance de fond.
L’un des indicateurs clés est l’inflation HICP hors énergie et aliments non transformés, qui s’établit à 2,6 % en février, contre 2,7 % en janvier. Ce chiffre suggère un ralentissement structurel, ce qui est cohérent avec la stratégie de stabilisation monétaire de la Banque centrale européenne.
Dynamique mensuelle : une hausse contenue
Entre janvier et février 2025, les prix dans la zone euro ont augmenté de 0,4 %, ce qui correspond à une inflation mensuelle modérée.
Certaines hausses mensuelles méritent d’être notées : +1,0 % au Danemark, +1,4 % aux Pays-Bas, +2,4 % en Belgique. Ces pics ponctuels reflètent généralement des ajustements administrés (TVA, tarifs réglementés) ou des hausses saisonnières.
Bilan : vers un atterrissage maîtrisé
En regardant l’ensemble des données, on constate que l’inflation en Europe reste sur une trajectoire de ralentissement progressif, même si elle varie fortement d’un pays à l’autre.
Le poids des services reste le principal levier inflationniste, tandis que l’énergie joue un rôle modérateur. Le rebond des produits alimentaires frais pourrait être temporaire, mais il rappelle la sensibilité du système aux aléas climatiques.
À suivre de près : la prochaine estimation rapide de l’inflation pour mars 2025, prévue le 1er avril, permettra de confirmer ou non la tendance actuelle.
Source de l’article : https://ec.europa.eu/eurostat/en/web/products-euro-indicators/w/2-19032025-ap