Avec 57 km, le plus long tunnel du monde fait la fierté de la Suisse mais il pourrait être bientôt battu par un projet français

Le tunnel de base du Gothard en Suisse est tout simple le plus long tunnel du monde.

57 km de long. Jusqu’à 2 300 mètres sous terre. Plus de 28 millions de mètres cubes de roche excavés. Le tunnel de base du Gothard, reliant Erstfeld à Bodio, est un ouvrage titanesque qui aligne des chiffres hors-norme. Mis en service pour le transport de marchandises le 11 décembre 2016, il détient deux records mondiaux : le plus long et le plus profond tunnel ferroviaire jamais construit.

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Le tunnel de base du Gothard : une prouesse d’ingénierie helvétique et un chantier sous contrôle

Démarré en 1999, ce projet d’ampleur a nécessité 17 ans de travaux. Contrairement à d’autres grands chantiers européens marqués par des surcoûts incontrôlés, la Suisse a su gérer les imprévus. Initialement estimé à 6 milliards de francs suisses (6,31 milliards d’euros), le coût final a atteint 12 milliards (12,33 milliards d’euros), mais depuis 2008, le budget est resté stable et le calendrier respecté, le tunnel ayant même été livré avec un an d’avance sur le planning initial de 2017.

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Un colosse qui règne sur le royaume souterrain des Alpes

Le tunnel est constitué de deux tubes parallèles dédiés aux trains, reliés tous les 325 mètres par des galeries de sécurité. Au total, cela représente 152 km de galeries, 290 km de rails et 380 000 traverses posées.

Avec ses 57 km, il dépasse largement les 53 km du tunnel sous la Manche et les 54 km du tunnel Seikan au Japon. Son tracé quasi horizontal, avec une pente minimale, optimise la vitesse et la consommation d’énergie.

Un chantier aux chiffres records pour l’Europe

Jusqu’à 2 400 ouvriers ont travaillé en continu sur le chantier, organisés en trois équipes se relayant jour et nuit.

Les tunneliers utilisés étaient de véritables monstres d’acier : 450 mètres de long, 2 700 tonnes, un diamètre atteignant 9,5 mètres. Ces machines ont percé 80 % du tunnel, les 20 % restants ayant été réalisés par dynamitage. Leurs capacités de forage : 6 tours par minute, à travers du granit dur comme du gruyère.

Une liaison ferroviaire stratégique entre Europe du Nord et Europe du Sud

Le tunnel s’étend entre Erstfeld (canton d’Uri) et Bodio (Tessin), formant l’axe central d’une ligne ferroviaire reliant l’Europe du Nord à l’Europe du Sud. Il facilite les échanges entre les pôles industriels de Belgique, d’Italie, d’Allemagne, des Pays-Bas et de Suisse.

Les ports de Rotterdam et Gênes en tirent un avantage logistique majeur, en accélérant le transport de marchandises.

Une idée qui remonte à 1947

L’ingénieur suisse Carl Eduard Gruner avait déjà imaginé un tunnel de base sous le Gothard dès 1947. Pourtant, ce n’est qu’en 1992 et 1998 que les Suisses ont approuvé sa construction lors de référendums nationaux. Les travaux ont officiellement débuté en 1999, avec une percée finale du tunnel en 2010.

Des tunneliers aux proportions hors-norme

Quatre tunneliers ont été déployés, chacun baptisé d’un prénom féminin : Sissi, Heidi, Gabi I et Gabi II. En plus de forer, ces dernier(e)s extrayaient la roche et posaient simultanément les parois en béton préfabriqué.

Aujourd’hui, l’un des énormes disques de coupe de 9,5 mètres de diamètre repose dans un musée.

Le grand atout du tunnel

Les trains de passagers filent désormais à 200 km/h dans le tunnel, avec deux trains par heure dans chaque direction. La liaison Zurich-Milan est écourtée de 30 minutes.

Le tunnel visait aussi à réduire le trafic routier en augmentant le transport ferroviaire de marchandises. Combiné à une taxe poids lourds accrue, il contribue à préserver l’environnement alpin en limitant la circulation des camions.

Un tunnel français pour battre le record ?

Le tunnel de base du Mont-d’Ambin, qui devrait faire 57,5 km de long une fois achevé, est un ouvrage majeur de la liaison ferroviaire transalpine entre Lyon et Turin qui devrait “théoriquement” battre le record du monde du plus long tunnel détenu par le Gothard. Traversant les Alpes, il reliera Saint-Jean-de-Maurienne en France à Suse en Italie. Ce tunnel bitube, conçu pour les trains de marchandises et à grande vitesse, permettra une vitesse maximale de 220 km/h et vise à réduire le trafic routier transfrontalier. Actuellement en construction, son achèvement est prévu pour 2032, avec environ 14 km creusés sur les 115 km nécessaires (deux tubes). Ce projet stratégique est cofinancé par la France, l’Italie et l’Union européenne.

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Source  : AlpTransit Gotthard AG