Ces neurones qui prédisent si une récompense vaut le coup ou non

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Dans notre cerveau, certaines décisions paraissent instantanées, presque automatiques. Accepter ou refuser une proposition, choisir entre deux options : tout cela repose pourtant sur un traitement complexe d’informations. Et l’un des acteurs principaux de ce mécanisme s’appelle l’amygdale, une structure profondément enfouie dans le cerveau, longtemps associée aux émotions, mais dont le rôle s’étend bien au-delà.

Des chercheurs du German Primate Center et de l’Université d’Oxford ont mené une étude auprès de singes rhésus pour mieux comprendre comment les neurones individuels de l’amygdale codent la probabilité, la valeur et le risque des récompenses. Leurs résultats apportent un éclairage précieux sur les fondations neuronales de la prise de décision.

Quand le cerveau doit choisir : entre sécurité et incertitude

Dans l’expérience, deux singes rhésus ont été entraînés à interagir avec un écran. Devant eux, des stimuli visuels leur indiquaient deux types d’options : une récompense sûre, toujours identique, et une récompense risquée, variable selon la probabilité et la quantité de jus de fruit à la clé.

Les animaux devaient toucher l’écran pour faire leur choix. Ce comportement volontaire a permis aux scientifiques de vérifier que les singes étaient capables d’intégrer les informations pour maximiser leur gain. Pendant cette tâche, l’activité des neurones de l’amygdale était enregistrée à l’aide d’électrodes extrêmement fines.

Ce protocole a révélé que les neurones n’agissent pas tous de la même manière : certains codent la probabilité seule, d’autres prennent aussi en compte l’intensité de la récompense, et d’autres encore calculent une forme de risque à partir des deux.

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Des neurones qui comprennent l’incertitude

L’un des résultats les plus marquants est la capacité de l’amygdale à évaluer le risque. En neurobiologie, ce terme correspond à l’incertitude sur le résultat d’une récompense. Même si la probabilité de recevoir un gain est élevée, l’amygdale tient compte de la variabilité de ce gain.

Les chercheurs ont observé que certains neurones intègrent successivement la probabilité, puis la valeur potentielle, pour construire une estimation du risque. Ce processus n’est pas statique : il évolue dynamiquement selon les indices visuels. C’est ce traitement en deux temps qui permet d’évaluer une situation dans son ensemble, et pas uniquement selon un critère isolé.

Autrement dit, l’amygdale ne se contente pas de détecter si une récompense est possible. Elle pondère l’information selon son contexte, offrant ainsi une base à des décisions plus nuancées.

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Une abstraction indépendante de la forme des signaux

Autre découverte surprenante : les neurones de l’amygdale sont capables de représenter la probabilité de façon abstraite. Cela signifie qu’ils peuvent identifier un niveau de probabilité sans se soucier de la nature précise du stimulus.

Par exemple, que la probabilité soit indiquée par un cercle, une couleur ou une animation, les cellules activées sont les mêmes. Cette propriété rend le traitement plus efficace, car elle permet au cerveau de généraliser des concepts, et non de les relier à un seul type d’image.

Dans le cadre de la survie ou des comportements sociaux, cela représente un avantage certain. Savoir rapidement si une situation est favorable, indépendamment de la forme que prend le signal, permet une réactivité plus fine dans l’environnement.

Une interface entre émotions, choix et apprentissage

Pourquoi l’amygdale, connue pour son rôle dans les émotions, intervient-elle ici dans l’évaluation des récompenses ?

Parce que les émotions ne sont pas déconnectées des décisions. Elles guident nos préférences, influencent notre aversion au risque et peuvent même modifier notre perception d’une situation identique selon le contexte.

Les cellules identifiées pourraient être impliquées dans ce que les scientifiques appellent le guidage émotionnel des comportements sociaux. Si une récompense est rare mais très désirable, l’amygdale peut renforcer l’attrait que vous ressentez à son égard, même si rationnellement, le choix n’est pas optimal.

Des implications pour la santé mentale

Les chercheurs soulignent enfin que ce mécanisme pourrait être altéré dans certaines pathologies. En cas de dépression, par exemple, le cerveau pourrait mal évaluer la valeur d’une récompense ou surestimer le risque associé, ce qui expliquerait une perte de motivation ou une tendance à éviter toute prise d’initiative.

Comprendre comment ces circuits fonctionnent au niveau individuel des neurones, c’est donc aussi ouvrir des perspectives pour mieux cerner les troubles liés à la régulation émotionnelle, comme l’anxiété ou les troubles obsessionnels.

Dans cette étude, la finesse de l’analyse permet d’illustrer à quel point la prise de décision est un phénomène distribué, dynamique et plastique. Ce qui semble n’être qu’un simple choix est en réalité le fruit d’un traitement hautement structuré dans des régions cérébrales spécifiques. L’amygdale y joue un rôle central, en assurant une synthèse rapide entre les données de l’environnement et les réponses internes du cerveau.

Source de l’étude : http://dx.doi.org/10.1038/s41467-025-58270-y

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Eric GARLETTI
Eric GARLETTIhttps://www.eric-garletti.fr/
Je suis curieux, défenseur de l'environnement et assez geek au quotidien. De formation scientifique, j'ai complété ma formation par un master en marketing digital qui me permet d'aborder de très nombreux sujets.

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