Lourds comme 20 000 éléphants, ces 4 mastodontes des mers vont être équipés du dernier cri en matière de propulsion hybride

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Des pétroliers géants britanniques vogueront bientôt… à la voile suisse.

Le futur du transport maritime aura des ailes. Union Maritime Limited, armateur basé à Londres, vient d’annoncer l’équipement de quatre tankers de 125 000 tonnes avec un système énergétique hybride signé WinGD, un motoriste suisse de renommée mondiale, et seront équipés de voiles rigides assistées pour pofiter du vent.

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125 000 tonnes poussées par le vent par un pays au cœur des montagnes

Les navires seront construits en Chine, dans les chantiers de Xiamen Shipbuilding Industry Co. Ce qui attire l’attention dans le cas des 4 monstres en construction, c’est la combinaison inédite entre propulsion au vent et moteur hybride intelligent. Le système baptisé X-EL signera sa première intégration sur des navires dotés d’ailes propulsives, optimisant en temps réel la répartition d’énergie entre voiles, générateur d’arbre et moteur principal.

Une architecture qui conjugue tradition, haute technologie… et pragmatisme environnemental.

L’algorithme dans la cabine de pilotage

Le cœur du dispositif : le X-EL est un système de gestion énergétique capable de jouer avec toutes les sources disponibles. Plutôt que de laisser tourner un moteur auxiliaire pour produire l’électricité nécessaire à bord, X-EL exploite la puissance excédentaire du moteur principal. Une approche qui réduit la consommation de carburant, tout en permettant une distribution plus souple de l’énergie dans tous les compartiments du navire.

Le principe est simple : quand le vent pousse les voiles, le moteur peut ralentir et compenser par de l’électricité produite à moindres frais. Quand le vent tombe, le système réajuste les priorités : plus de propulsion mécanique, moins d’électricité. Cette logique d’équilibrage, gérée par un algorithme maison, permet d’optimiser chaque kilowatt disponible, quelle que soit la météo ou la charge du navire.

L’enjeu n’est pas seulement économique. Chaque litre de carburant économisé, c’est aussi moins de CO₂ dans l’atmosphère. Dans un secteur sous pression pour se décarboner, ces gains ne sont pas anecdotiques.

L’armateur veut devenir la référence des tankers écolos

Côté armateur, Union Maritime Limited affiche clairement ses ambitions : “Notre objectif est de construire les navires les plus économes en énergie du marché”, explique Bhuvnesh Dogra, responsable technique chez UML.

La voile moderne y joue un rôle clé. Contrairement aux idées reçues, les voiles du XXIe siècle ne ressemblent pas à celles des galions. Il s’agit ici de panneaux rigides verticaux, capables d’orienter leur surface en fonction du vent apparent, ce qui donne une propulsion additionnelle sans consommation, disponible sur des parcours interocéaniques bien exposés.

La voile seule ne suffit pas. C’est la gestion globale de l’énergie à bord, du refroidissement des soutes à l’alimentation des instruments de navigation, qui permet un vrai saut d’efficacité. Et c’est là que le système X-EL entre en scène.

Une innovation discrète mais stratégique

À première vue, il ne s’agit “que” d’un logiciel de gestion. Mais derrière cette interface numérique se cache un levier de transformation majeur pour le transport maritime. Grâce à des capteurs embarqués et des modèles numériques, chaque paramètre du navire est suivi en temps réel : température, consommation, pression, couple moteur, rendement électrique, poussée des voiles…

Cette digitalisation permet des ajustements constants, quasi invisibles à l’œil nu, mais essentiels pour gagner en efficacité. Une sorte de chef d’orchestre invisible qui veille à chaque note de la symphonie énergétique du bord.

Depuis 2022, WinGD déploie ce système sur plusieurs types de navires commerciaux, mais c’est la première fois que X-EL est intégré à des moteurs principaux conçus par un tiers, et surtout à des systèmes de propulsion au vent. Une preuve de sa modularité et de sa capacité d’adaptation aux nouveaux standards du marché.

La Suisse au cœur de la décarbonation maritime

Installée à Winterthur, WinGD (Winterthur Gas & Diesel) est l’un des leaders mondiaux des motorisations deux-temps pour cargos. Sa force, c’est d’avoir su évoluer : passage au gaz naturel liquéfié (GNL), hybridation, algorithmes embarqués, et désormais intégration de l’éolien dans ses modèles d’optimisation.

Le système X-EL peut aussi se coupler à des batteries, voire à des piles à hydrogène dans le futur. De quoi envisager des architectures de navires encore plus sobres, où les moteurs thermiques ne seraient que l’un des éléments du puzzle énergétique. Chaque navire peut ainsi être équipé d’une stratégie personnalisée, selon son tonnage, sa route, son rythme d’exploitation.

C’est cette vision holistique, connectée et adaptative, qui attire des armateurs comme UML, en quête de performance mais aussi de conformité avec les normes de plus en plus strictes de l’Organisation maritime internationale.

Cette invention française indispensable à la construction fête ses 207 ans mais c’est la première fois qu’une variante permettrait de la rendre « réellement » plus verte

Les tankers et supertankers sont à la traine de la transition écologique

Le secteur du transport de pétrole connaît une augmentation importante des livraisons de navires neufs, notamment des product tankers (pétroliers raffinés) avec 12 millions de tonnes de port en lourd prévues en 2025.
La transition vers des carburants alternatifs (LNG, méthanol) ne semble pas encore à l’ordre du jour puisque seulement 7 % des nouveaux navires livrés en 2025 sont conçus pour les utiliser, limitant ainsi les progrès en matière de décarbonation.

Les géants des mers prennent enfin le virage du vent

Malgré tout ce projet est synonyme d’espoir: la voile revient sur les océans, mais dans une version 4.0, associée à des outils numériques et à des moteurs intelligents. Le rêve d’un cargo propulsé à moitié par le vent, piloté par un algorithme et assisté par une IA, est en train de se concrétiser.

C’est un argument qui devrait faire “mouche” dans le contexte actuel : Moins de consommation, moins d’émissions, meilleure image… et potentiel de conformité réglementaire sur vingt ans. Autrement dit, une stratégie qui parle aux actionnaires autant qu’aux climatologues.

Source : WinGD

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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