Au Japon, des poussières transformées en béton réduisent l’empreinte carbone d’un des plus grands pollueurs de la planète : le ciment.
Le béton est un des plus gros producteurs de gaz à effet de serre de la planète qui peine encore à trouver des façons de devenir plus respectueux de l’environnement. Heureusement une équipe de chercheurs japonais vient peut-être de trouver une solution en démontrant qu’on peut stabiliser le sol avec des déchets de chantiers et du verre recyclé.
Au lieu de recourir au traditionnel ciment Portland, connu pour ses émissions de carbone, ces ingénieurs ont mis au point un liant pour sol ultra résistant, à base de résidus industriels. Et le plus impressionnant, c’est qu’il atteint une résistance à la compression de 160 kN/m², largement de quoi soutenir routes, bâtiments et ponts !
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Deux problèmes écologiques, une solution grâce à cette idée japonaise qui pourrait remplacer le ciment
Dans l’industrie, le ciment Portland est le roi incontesté de la stabilisation des sols. Mais il porte un lourd fardeau : 7 à 8 % des émissions mondiales de O₂ (d’après le dernier rapport du GIEC). À côté, des montagnes de poussières de chantiers et de verre usé s’entassent dans les décharges.
Le pari de l’équipe japonaise : tout recycler, tout valoriser. Leur astuce : chauffer soigneusement leur mélange à 110 °C et 200 °C, histoire de réveiller la réactivité chimique des composants. Ajoutez à ça une pincée de silice de terre, et le tour est joué : un géopolymère solide, sans un gramme de ciment.
Un marché de 385 milliards d’euros annuels qui ne demande qu’à verdir
En 2024, la production mondiale de ciment atteint environ 4,39 milliards de tonnes, avec la Chine en tête à 2,1 milliards. On estime que le marché mondial ce situe à environ 385 milliards d’euros en 2023 et devrait croître de 4,3 % par an jusqu’en 2032.
La pollution engendrée par cette industrie comme on l’a vue, est un enjeu qui dépasse la simple sphère économique et pourrait ouvrir de nouveaux débouchés pour une production plus verte et plus respectueuse de l’environnement.
Une avancée qui ne sacrifie pas la sécurité
« La durabilité ne doit jamais se faire au détriment de la sécurité environnementale », insiste le professeur Shinya Inazumi, à l’origine du projet. Les premiers tests ont montré la présence d’arsenic dans certains échantillons ? Pas de panique : l’ajout de chaux a permis de neutraliser le problème.
Cela pour un résultat sans appel : un matériau propre, qui coche toutes les cases des normes de construction. Pour Inazumi et son équipe, c’est une petite révolution. « Nous avons trouvé un moyen de stabiliser les sols fragiles sans recourir au ciment », explique-t-il. Une avancée d’autant plus précieuse dans les régions où l’argile rend les travaux coûteux et pénibles.
Des usages variés, du Japon au reste du monde
Les avantages de ce matériau ne s’arrêtent pas à son faible impact environnemental. Il durcit rapidement, résiste au gel, aux sulfates, aux cycles de gel-dégel et à d’autres agressions qui mettent à mal les infrastructures.
Cela le rend idéal pour les interventions d’urgence, après un séisme ou un glissement de terrain, par exemple. Mais aussi pour bâtir durablement dans les coins où le climat n’épargne rien.
Dans les campagnes, ce liant pourrait même servir à fabriquer des briques à faible empreinte carbone, une alternative bienvenue aux briques cuites classiques.
Une nouvelle manière de voir les déchets
Pour Inazumi : « En utilisant des flux de déchets disponibles, nous offrons non seulement une solution d’ingénierie durable, mais nous redéfinissons la valeur des sous-produits industriels ».
Autrement dit : là où certains voient de la poussière et des gravats, d’autres y trouvent un trésor caché. Une philosophie qui a toute sa place dans un monde où chaque ressource va désormais compter.
Sources :
Chiffres marché du béton et du ciment :
- https://www.gminsights.com/fr/industry-analysis/ready-mix-concrete-market
Etude japonaise :
Shinya Inazumi, Ryo Hashimoto, Yoji Hontani, Atsuya Yoshimoto, Ken-ichi Shishido, Kuo Chieh Chao,
Development of environmentally sustainable geopolymer-based soil solidifiers using waste siding and glass powders,
Cleaner Engineering and Technology,
Volume 26,
2025,
100976,
ISSN 2666-7908,
https://doi.org/10.1016/j.clet.2025.100976.
La valeur annoncée de 1,6 bar est seulement celle pour une maison individuelle, mais pas pour construire des villes, ce qui constitue l’essentiel de l’usage du béton
Bonjour,
Vraiment intéressant comme article, mais je me pose des questions quant à la résistance.
Si l’étude affiche 160 KN/m2 sur ce nouveau matériau alors que le beton le plus faible fait 8000 KN/mm2 (chiffre de la norme NF EN 206+A2/CN) peut-on vraiment dire que ça va le remplacer ou des améliorations sont en cours?
Je ne suis pas un expert, mais en voyant le chiffre sans élément de comparaison, je suis allé chercher celle du béton.
Je me trompe peut-être sur l’interprétation.
En tout cas, restons positif, ça reste une enorme avancée qu’il faut soutenir.
Merci pour cette article, c’était vraiment intéressant.