Le début de la tempête
Le 19 octobre 1987 est gravé dans les mémoires comme l’un des jours les plus tumultueux de l’histoire financière mondiale. Les cieux économiques, jusque-là relativement cléments, se sont assombris de manière inattendue, laissant place à une tempête qui a balayé les marchés mondiaux avec une force dévastatrice. Wall Street a été le théâtre d’un drame financier épique ce jour-là, perdant un stupéfiant 22,6 % de sa valeur en une seule session de trading, un événement qui a été par la suite baptisé “Le Lundi Noir”.
C’est arrivé un 29 septembre : le Dow Jones connait une chute historique en 2008
Les vents contraires des taux d’intérêt
Le krach boursier de 1987 trouve ses origines dans plusieurs facteurs clés :
- Un endettement global doublé depuis la fin des années 1970, conduisant à un afflux massif de liquidités et un triplement de l’indice Dow Jones en une décennie.
- Des fluctuations majeures et soudaines du dollar au milieu des années 1980, dues à l’adoption du système de changes flottants et renforcées par les accords de la Jamaïque.
- L’utilisation répandue de “portfolio insurance”, un mécanisme destiné à réduire les risques, qui, en devenant prédominant, a créé un système auto-destructeur.
- L’introduction de systèmes automatiques d’achat et de vente d’actions, qui ont amplifié et accéléré la chute des marchés. Suite à ce krach, des mécanismes de “coupe-circuits” ont été instaurés pour limiter les risques de telles chutes à l’avenir.
Une contagion globale
L’impact de ce krach ne s’est pas limité aux frontières des États-Unis. Il s’est propagé à travers les marchés mondiaux, provoquant des réactions en chaîne de sell-offs et de pertes considérables. Les bourses du monde entier ont ressenti les ondes de choc de cette débâcle, illustrant l’interconnexion et la vulnérabilité des économies globales face aux crises financières. Durant le mois d’octobre, une réduction significative des indices boursiers locaux a été observée à travers le globe :
- À Hong Kong, une chute vertigineuse de 45,8 % a été enregistrée.
- En Australie, les marchés ont subi une dévaluation de 41,8 %.
- Au Royaume-Uni, une baisse de 26,4 % a été constatée.
- Le Canada n’a pas été épargné non plus, avec une réduction de 22,5 % de ses indices boursiers.
La Fed à la Rescousse
Les banques centrales, sous la houlette de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed), ont adopté une approche proactive et résolue, contrastant avec leurs réactions en 1929. Elles se sont engagées publiquement et fermement à fournir un refinancement d’urgence aux banques et courtiers en besoin, minimisant ainsi le risque systémique qui pesait lourdement sur les marchés financiers. Dès le 20 octobre 1987, la Fed a pompé d’importantes liquidités dans le système, parvenant à détourner une crise majeure.
Cette démarche proactive de la Fed s’est manifestée à plusieurs reprises durant la direction d’Alan Greenspan, y compris lors de la débâcle du hedge fund Long Term Capital Management le 23 septembre 1998, et suite aux événements tragiques du 11 septembre 2001.
Conséquences du Lundi Noir
Contrairement à la tragédie de 1929, le krach de 1987 n’a pas engendré une crise économique prolongée. Les taux d’intérêt à long terme ont chuté immédiatement après, et les marchés boursiers ont graduellement récupéré leurs pertes. Cependant, la stratégie adoptée par Alan Greenspan, qui consistait à saturer les marchés monétaires de liquidités pour contenir la crise boursière, a eu comme répercussion l’émergence de nouvelles bulles de crédit qui ont fini par éclater trois ans après.
Quant à l’indice Dow Jones, il est simplement retombé à sa valeur de 1986, soulignant ainsi que l’ascension fulgurante mais précaire de son cours qui a marqué l’année 1987.
Les leçons du Lundi Noir
Bien que la journée ait été marquée par le chaos et la confusion, le “Lundi Noir” sert également de rappel et de leçon précieuse. Il a souligné l’importance de la prudence, de la diversification et de la préparation dans la gestion des investissements et des portefeuilles.
Les échos de cette journée continuent de résonner à travers les couloirs de Wall Street, rappelant aux investisseurs et aux régulateurs les risques inhérents aux marchés financiers et l’importance de la diligence et de la résilience face à l’adversité.