Un médicament utilisé contre l’addiction à la cocaïne ouvre la voie à un nouveau traitement du cancer avancé du côlon.
Le 13 février 2024, l’Université d’Ottawa a annoncé une découverte révolutionnaire susceptible de changer le cours du traitement du cancer colorectal avancé. Cette nouvelle recherche, publiée dans Nature Cancer et dirigée par le Dr Yannick Benoit, révèle que la vanoxérine, un médicament initialement développé pour le traitement de la dépendance à la cocaïne, pourrait jouer un rôle inattendu dans la lutte contre le cancer.
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La découverte inattendue
Le Dr Yannick Benoit, chercheur principal et professeur agrégé au Département de médecine cellulaire et moléculaire de l’Université d’Ottawa, et son équipe ont démontré que la vanoxérine interfère de manière surprenante avec les cellules souches du cancer colorectal. En perturbant un transporteur de dopamine et en réprimant une enzyme appelée G9a dans les tumeurs colorectales, la vanoxérine inhibe efficacement l’activité des cellules souches cancéreuses.
Un espoir pour l’immunothérapie
L’une des découvertes les plus prometteuses de cette étude est la capacité de la vanoxérine à rendre les tumeurs traitées plus vulnérables à l’attaque du système immunitaire. Cela est dû à la réactivation de fragments d’ADN viral ancien, accumulés dans notre génome au fil de l’évolution. Cette percée est particulièrement significative étant donné que les tumeurs colorectales ont tendance à répondre faiblement aux traitements immunothérapeutiques standards.
Le cancer colorectal : un tueur silencieux
Considéré comme un “cancer silencieux” car ne présentant généralement pas de symptômes aux premiers stades, le cancer colorectal est la deuxième cause de décès liés au cancer dans le monde. L’augmentation alarmante des cas parmi les adultes plus jeunes souligne l’urgence de trouver de nouvelles méthodes de traitement, surtout pour les stades avancés de la maladie.
La vanoxérine : une option prometteuse
La recherche a révélé que les traitements à la vanoxérine présentent une toxicité minimale, suggérant une méthode sûre d’élimination des cellules souches cancéreuses dans les tumeurs colorectales sans endommager les “bonnes cellules souches” des organes du corps. Cette découverte ouvre des perspectives prometteuses pour le traitement des formes avancées et agressives de cancer colorectal.
Vers un nouveau traitement
Alors que la prévention et la détection précoce restent les meilleures stratégies contre le cancer colorectal, les résultats de cette étude pourraient mener à une nouvelle option de traitement prometteuse pour les patients aux prises avec la maladie à un stade avancé, offrant ainsi un espoir de survie substantiellement accru.
Une collaboration fructueuse
L’étude a bénéficié de la collaboration étroite entre divers experts de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. Christopher Bergin, récent docteur issu du laboratoire du Dr Benoit, a joué un rôle clé, tout comme le Dr Rebecca Auer, le Dr Mario Tiberi, le Dr Michele Ardolino et le Dr Tanguy Fenouil, pathologiste gastro-intestinal venu de France.
Cet article explore une avancée significative dans le traitement du cancer colorectal avancé. La découverte que la vanoxérine, un médicament conçu pour lutter contre l’addiction à la cocaïne, peut inhiber les cellules souches du cancer colorectal, ouvre de nouvelles voies pour le développement de traitements plus efficaces. Avec son potentiel pour renforcer l’efficacité de l’immunothérapie et sa faible toxicité, la vanoxérine représente une lueur d’espoir pour les patients confrontés à des formes avancées de cette maladie mortelle.
Source : https://www.nature.com/articles/s43018-024-00727-y