Une critique sur les études existantes
Liberty Vittert, professeur de pratique en science des données à la Olin Business School de l’Université de Washington à St. Louis, met en lumière les défauts statistiques des études souvent citées en faveur de la semaine de travail réduite. Dans son témoignage devant le Comité sénatorial américain sur la santé, l’éducation, le travail et les pensions le 13 mars, Vittert a souligné que les arguments en faveur d’une semaine de 32 heures reposent sur des données faibles et erronées.
Les failles des études populaires
Vittert a critiqué une étude Islandaise, régulièrement mise en avant, qui omet de mentionner les coûts supplémentaires significatifs engendrés par l’expérience, tels que l’embauche de personnel de santé supplémentaire, financée par près de 30 millions de dollars de fonds publics. Une situation similaire a été observée en Espagne, où les entreprises participant à un programme pilote bénéficiaient également de fonds gouvernementaux substantiels. Ces études présentent également des défis méthodologiques importants, notamment le recours à des données auto-déclarées et un manque de randomisation, engendrant un biais de sélection statistique et des variables confondantes.
L’impact réel sur la productivité et le bien-être
Le professeur a également souligné l’absence de preuves de l’augmentation à long terme de la productivité due à la réduction des heures de travail. Au contraire, des études montrent les impacts négatifs potentiels sur le PIB des pays. La définition même de la productivité et du succès varie d’une étude à l’autre, rendant les comparaisons et conclusions difficiles.
Les conséquences négligées sur les travailleurs et l’économie
Selon Vittert, réduire les heures de travail n’augmente pas automatiquement le bonheur ni ne diminue le stress à long terme. Elle cite l’exemple de la France, où la réduction de la semaine de travail de 39 à 35 heures n’a pas amélioré le bonheur des travailleurs, et a parfois entraîné une diminution due aux changements dans les pratiques d’embauche des entreprises.
Les implications d’une semaine de travail réduite aux États-Unis
Vittert avertit que la mise en œuvre d’une semaine de travail réduite aux États-Unis pourrait avoir des effets inégaux sur les travailleurs, exacerbant potentiellement les inégalités. Elle met en avant les risques pour les travailleurs à temps partiel, souvent associés à des salaires plus bas et à l’absence de bénéfices. De plus, elle souligne que les travailleurs âgés ou ceux devant cumuler plusieurs emplois pourraient voir leur stress et leur malheur augmenter.
La remise en question par Vittert des avantages présumés d’une semaine de travail réduite met en lumière la complexité de la question et la nécessité d’analyser critiquement les données et les études existantes avant de prendre des décisions politiques. Ses observations suggèrent qu’une approche plus nuancée et fondée sur des données solides est essentielle pour comprendre les véritables implications d’une telle réforme sur le bien-être des travailleurs et l’économie.
Source de l’article : https://www.help.senate.gov/imo/media/doc/fe56f2c1-e4ed-ae6c-12a1-570c703651b9/written_testimony_Vittert.pdf