Les chimpanzés de la forêt de Budongo en Ouganda présentent des comportements fascinants, notamment leur utilisation potentielle de plantes à des fins médicinales. Cette étude, dirigée par Elodie Freymann et une équipe internationale de chercheurs, explore l’ingestion spécifique de plantes par ces primates, souvent choisies pour leurs propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires, soulignant un aspect complexe de leur comportement alimentaire qui pourrait être qualifié d’auto-médication.
Comportements d’auto médication chez les chimpanzés
Deux communautés de chimpanzés habituées ont été observées : les chimpanzés de Sonso et de Waibira. Les chercheurs ont collecté des données comportementales sur huit mois et analysé 17 échantillons botaniques associés à des comportements auto-médicatifs tels que la consommation de l’écorce, de bois mort et le dépouillement de la moelle.
Sélection et analyse des plantes
Les plantes examinées incluaient des arbres et des plantes herbacées dont les parties ont été extraites en utilisant divers solvants pour tester leur efficacité dans les modèles in vitro antibactériens et anti-inflammatoires. Parmi elles, l’écorce et la résine de Khaya anthotheca ainsi que le bois mort d’Alstonia boonei ont montré une activité antibactérienne significative.
Propriétés médicinales des plantes consommées
Les extraits de ces plantes ont inhibé la croissance de plusieurs souches bactériennes résistantes aux médicaments. Par exemple, l’extrait de n-hexane de bois mort d’Alstonia boonei était particulièrement efficace contre Staphylococcus aureus. De plus, des extraits ont montré des effets anti-inflammatoires, notamment ceux de la résine et de l’écorce de Khaya anthotheca.
Implications éthologiques
Ces résultats sont renforcés par des observations comportementales, où les individus consommaient ces plantes en périodes de maladie ou après des blessures, suggérant une forme de comportement auto-médicatif ciblé plutôt que de simples choix alimentaires aléatoires.
Intégration des données et perspectives
L’approche interdisciplinaire combinant l’éthologie, la pharmacologie et la surveillance de la santé permet d’élucider les choix de consommation des chimpanzés et de distinguer entre la consommation alimentaire normale et la self-médication thérapeutique. La collecte de données sur site et les analyses en laboratoire jouent un rôle crucial dans la compréhension des pratiques médicinales des chimpanzés.
Conservation et implications éthiques
La reconnaissance des comportements auto-médicatifs des chimpanzés enrichit notre compréhension de leur bien-être et de leur adaptation à l’environnement, ce qui a d’importantes implications pour la conservation et la gestion des habitats. Ces découvertes soulignent également l’importance éthique de préserver les écosystèmes naturels qui fournissent des ressources vitales pour la santé des espèces animales.
Cette étude met en lumière la complexité du régime alimentaire des chimpanzés de Budongo et leur utilisation potentielle de plantes à des fins médicinales. Ces découvertes contribuent de manière significative à notre compréhension des interactions entre les primates et leur environnement et ouvrent des voies pour des recherches futures sur l’auto-médication chez les animaux sauvages.
Source de l’article : https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0305219