L’Union européenne finance l’extension de l’usine d’enrichissement Georges Besse II : un investissement stratégique pour l’indépendance énergétique du continent.
L’Union européenne renforce son soutien au secteur nucléaire français avec un prêt de 400 millions d’euros accordé par la Banque européenne d’investissement (BEI) à Orano. Ce financement servira à l’extension de l’usine d’enrichissement Georges Besse II, située à Tricastin, dans le sud de la France. L’objectif : augmenter de plus de 30 % la capacité de production en uranium enrichi, une ressource essentielle pour les réacteurs nucléaires européens.
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Une montée en puissance des usines d’enrichissement d’uranium françaises pour répondre à la demande européenne
Mise en service en 2010 pour remplacer l’ancienne usine Georges Besse I (arrêtée en 2012), Georges Besse II a atteint sa capacité nominale de 7,5 millions d’unités de travail de séparation ou UTS (représentant le travail nécessaire à l’enrichissement isotopique d’un mélange, ici l’uranium) en 2016.
Face aux demandes croissantes des clients européens et américains, cherchant des alternatives aux sources russes, Orano a approuvé en octobre 2023 un investissement de 1,7 milliard d’euros pour augmenter la capacité de l’usine.
Le projet consiste à construire quatre modules supplémentaires, identiques aux quatorze modules existants. Ces nouvelles cascades centrifuges utilisent une technologie éprouvée et optimisée, garantissant sécurité, compétitivité et économies d’énergie tout en réduisant l’impact environnemental. Elles permettront d’augmenter la capacité de production de 2,5 millions d’UTS.
Un projet validé par la Commission européenne
Le projet a fait l’objet d’une notification auprès de la Commission européenne le 7 septembre 2023, conformément à l’article 41 du Traité Euratom. Le 9 octobre 2024, la Commission a rendu un avis positif, soulignant la conformité du projet aux objectifs d’Euratom et son importance pour la sécurité d’approvisionnement en Europe.
Une pierre angulaire de la transition énergétique européenne
La Banque européenne d’investissement, qui finance des projets clés pour l’Union européenne, considère cette extension comme un élément stratégique pour la souveraineté énergétique du continent. Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI, souligne :
« Ce financement majeur contribue à l’indépendance énergétique européenne. Les énergies décarbonées sont essentielles pour atteindre les objectifs climatiques ambitieux de l’Union européenne. »
De son côté, Nicolas Maes, PDG d’Orano, insiste sur l’impact de cette extension :
« Ce projet permettra de fournir une électricité bas-carbone à 120 millions de foyers. Dans le contexte géopolitique actuel, cet investissement renforce la sécurité énergétique de l’Europe. »
Un calendrier serré pour une mise en service en 2030
Orano a posé la première pierre de l’extension en octobre 2024. Selon le planning annoncé, les premiers modules seront opérationnels en 2028, avec une mise en service complète prévue pour 2030.
La France montre la voie dans le nucléaire
En 2025, le secteur nucléaire en France est en pleine relance, avec des projets majeurs comme la construction de nouveaux réacteurs EPR2 et le développement de Small Modular Reactors (SMR ou Petits Réacteurs Modulaires dans la langue de Molière). Le parc nucléaire français, avec 57 réacteurs, produit environ 80 % de l’électricité nationale. EDF prévoit une production nucléaire annuelle comprise entre 350 et 370 TWh. La filière, qui emploie 220 000 personnes, doit recruter 10 000 talents par an pour répondre à ses besoins croissants. Cependant, des défis subsistent, notamment certaines pressions européennes favorisant les énergies renouvelables au détriment du nucléaire. Comme quoi, rien n’est jamais simple sur le vieux continent…
Source : Orano