Les terres rares sont partout autour de nous : dans les moteurs des voitures électriques, les éoliennes, les smartphones et même les satellites. Pourtant, leur extraction et leur raffinage sont quasi exclusivement contrôlés par la Chine, ce qui pose un problème d’approvisionnement pour l’Europe.
C’est ici que Caremag entre en jeu. Cette filiale de Carester, spécialisée dans le raffinage des terres rares, s’apprête à construire une usine de recyclage et de raffinage sur le site IndusLacq, en Nouvelle-Aquitaine. Un projet ambitieux qui bénéficie d’un financement de 216 millions d’euros et qui pourrait bien transformer l’industrie européenne des métaux critiques.
Un projet industriel aux dimensions impressionnantes
L’usine de Caremag, dont le démarrage est prévu pour fin 2026, aura deux missions principales :
- Recycler 2 000 tonnes d’aimants permanents issus de produits en fin de vie.
- Raffiner 5 000 tonnes de concentrés miniers, provenant de l’extraction de terres rares.
L’objectif ? Produire des oxydes de terres rares lourdes et légères avec une capacité inédite en Europe :
- 600 tonnes d’oxydes de dysprosium et de terbium, des éléments essentiels aux aimants ultra-puissants.
- 800 tonnes d’oxydes de néodyme et de praséodyme, indispensables pour les moteurs électriques.
Avec de tels volumes, Caremag deviendra le premier recycleur européen de terres rares et le plus grand producteur occidental de terres rares lourdes séparées.
Un soutien financier à la hauteur des enjeux
Un projet de cette envergure ne peut voir le jour sans soutien financier massif. Ici, deux acteurs majeurs se sont engagés :
- L’État français, qui apporte 106 millions d’euros via des subventions, des avances remboursables et un crédit d’impôt Industrie Verte.
- Un consortium japonais, composé de JOGMEC (organisation publique) et Iwatani Corporation, qui investit 110 millions d’euros en fonds propres et en dette d’actionnaire.
Cet investissement stratégique s’accompagne d’un accord d’achat long terme : le Japon s’assure ainsi un approvisionnement stable en terres rares lourdes issues de l’usine.
Une réponse aux défis environnementaux et stratégiques
L’extraction des terres rares est souvent critiquée pour son impact environnemental élevé. Caremag prend le contre-pied de cette problématique en intégrant les dernières innovations technologiques dans son usine :
- Réduction des émissions de CO₂ : plus de 80 % des émissions directes seront recyclées dans le processus.
- Minimisation de la consommation d’eau, avec un système optimisé pour éviter tout gaspillage.
- Absence d’effluents liquides, garantissant une empreinte environnementale maîtrisée.
Grâce à ces innovations, Caremag respecte pleinement les exigences du Critical Raw Material Act européen, qui vise à réduire la dépendance aux importations chinoises.
Un impact économique et technologique majeur
L’usine ne se contente pas d’être performante sur le plan industriel. Elle créera 92 emplois directs et renforcera l’expertise européenne dans le recyclage des terres rares.
En parallèle, l’intelligence artificielle sera intégrée aux processus pour optimiser la production et améliorer l’efficacité énergétique. Ce choix technologique positionne Caremag comme un modèle d’industrie du futur, où recyclage et digitalisation vont de pair.
Vers une souveraineté européenne en terres rares ?
Le projet Caremag marque une avancée importante vers l’indépendance européenne en terres rares. Il s’inscrit dans une dynamique où l’Europe cherche à sécuriser ses approvisionnements stratégiques et à développer une filière industrielle capable de rivaliser avec la Chine.
Avec cette usine, la France renforce sa position sur la carte mondiale du raffinage des terres rares et affirme sa volonté de maîtriser les ressources critiques pour la transition énergétique.
Résumé en 5 points :
- Caremag construit une usine de recyclage et raffinage des terres rares à Lacq (64), avec un démarrage prévu fin 2026.
- L’usine traitera 2 000 tonnes d’aimants usagés et 5 000 tonnes de concentrés miniers.
- Un investissement de 216 millions d’euros a été bouclé, avec 106 millions de l’État français et 110 millions de partenaires japonais.
- Les technologies utilisées permettront de réduire les émissions de CO₂ et d’optimiser la consommation d’eau.
- Caremag deviendra le premier recycleur européen de terres rares et renforcera la souveraineté européenne sur ces matériaux stratégiques.
