L’Agence spatiale européenne (ESA) vient de confier à Airbus, en collaboration avec Thales Alenia Space (TAS), la réalisation de la plateforme d’atterrissage du rover Rosalind Franklin, fer de lance de la mission ExoMars. Cette mission vise à explorer le sous-sol martien pour détecter d’éventuelles traces de vie passée ou présente.
Ce rover, développé depuis plus de vingt ans, représente un jalon majeur dans l’exploration européenne de Mars. Airbus, déjà constructeur du rover, est désormais en charge de son atterrissage sur le sol martien.
Une architecture pensée pour l’entrée, la descente et l’atterrissage
Le rôle de la plateforme d’atterrissage est fondamental : elle assure le freinage final et le déploiement du rover après la descente dans l’atmosphère martienne.
La phase de descente est segmentée en plusieurs étapes :
- D’abord, la capsule entre dans l’atmosphère martienne à grande vitesse.
- Ensuite, des parachutes ralentissent la descente à environ 45 m/s.
- Enfin, des rétrofusées intégrées à la plateforme d’Airbus réduisent cette vitesse à moins de 3 m/s, juste avant le contact avec le sol.
Cette phase nécessite une gestion extrêmement fine de la propulsion pour éviter tout basculement ou déséquilibre à l’impact. À cette fin, Airbus intégrera un système de jambes d’atterrissage spécialement conçu pour stabiliser la plateforme sur des terrains irréguliers.
Un dispositif de déploiement ingénieux
Pour que le rover puisse atteindre le sol martien, deux rampes seront déployées de part et d’autre de la plateforme. Ce double dispositif permettra de choisir le trajet le moins risqué, en fonction de la configuration du terrain au moment de l’atterrissage.
Ce détail n’est pas anodin. En l’absence d’intervention humaine directe, le choix du bon itinéraire doit être anticipé dès la conception, en tenant compte de la topographie potentielle du site d’atterrissage.
Une expertise britannique mobilisée depuis Stevenage
Le site d’Airbus à Stevenage, au Royaume-Uni, est au cœur de cette aventure technologique. Les équipes y ont déjà conçu et assemblé plus de 120 systèmes de propulsion pour 90 satellites, couvrant des missions d’observation, de télécommunications ou scientifiques.
C’est aussi là que le rover Rosalind Franklin a été assemblé, dans une salle blanche stérile pour limiter la contamination biologique, un critère déterminant pour ne pas fausser les futures analyses du sol martien.
Le lancement, initialement prévu en 2022, a été reporté à 2028 en raison du conflit russo-ukrainien, qui a contraint l’ESA à se passer du lanceur russe initialement prévu. Le rover sera finalement transporté par un lanceur américain fourni par la NASA.
Un travail d’intégration avec les agences spatiales européennes et américaines
Airbus collabore actuellement avec la NASA, l’ESA et TAS pour adapter le rover aux nouvelles contraintes de mission. Cela inclut l’ajout d’éléments techniques essentiels comme :
- Des unités de chauffage radio-isotopiques (RHUs) fournies par la NASA, indispensables pour survivre aux nuits martiennes glaciales.
- Un mode logiciel autonome qui permettra au rover d’agir en toute indépendance dès l’atterrissage.
Cette configuration garantira que le rover soit rapidement opérationnel, sans nécessiter une séquence longue et dépendante des communications avec la Terre, particulièrement limitées à cause du décalage de signal pouvant atteindre 20 minutes.
Un rover pour creuser jusqu’à deux mètres sous la surface
Contrairement aux rovers précédents, Rosalind Franklin sera le premier à pouvoir prélever des échantillons jusqu’à 2 mètres de profondeur. Cet atout technique permet d’analyser des sols préservés du rayonnement cosmique et des conditions climatiques extrêmes de la surface martienne.
Les instruments embarqués effectueront une série d’analyses géochimiques et spectrométriques afin de détecter des composés organiques et des signatures biologiques éventuelles.
Une mission pensée pour 2030
Le calendrier est désormais clair : lancement en 2028, atterrissage en 2030, hors période de tempêtes de poussière globales, qui rendent l’atterrissage extrêmement périlleux. Ce choix de fenêtre garantit une visibilité suffisante pour les capteurs optiques et une meilleure efficacité des panneaux solaires du rover.
La réussite de cette mission représente non seulement une avancée scientifique majeure, mais aussi une démonstration de l’autonomie technologique européenne dans l’exploration spatiale.
Une filière d’excellence qui crée de l’emploi
Le projet implique des centaines d’ingénieurs et techniciens hautement qualifiés, en particulier dans la région de Stevenage. Le gouvernement britannique soutient activement cette dynamique, y voyant un levier stratégique pour l’innovation et la formation scientifique.
Le Royaume-Uni devient ainsi un acteur majeur dans la course européenne vers Mars, en combinant industrie spatiale, recherche scientifique et coopération internationale.