9 centrales nucléaires et 200 milliards d’euros ! Ce sera le coût du plus performant des superordinateurs IA en 2030 si la tendance ne s’inverse pas

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Les superordinateurs d’IA  auront une soif d’énergie équivalente à 9 centrales nucléaires d’ici 2030.

Des machines de deux millions de puces, des coûts frôlant les 200 milliards d’euros, et une consommation énergétique digne d’un petit pays : le futur des superordinateurs d’intelligence artificielle commence à donner le vertige. Une récente étude menée par des chercheurs de Georgetown, Epoch AI et Rand lève le voile sur la démesure qui s’annonce dans ce secteur d’ici la fin de la décennie.

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La croissance effrénée de l’industrie hors normes des superordinateurs

Entre 2019 et 2025, le coût et la consommation énergétique des centres de données d’IA ont doublé chaque année. Si cette progression continue sans frein sur cette tendance, un seul supercalculateur pourrait nécessiter près de 9 gigawatts en 2030, soit l’équivalent de neuf réacteurs nucléaires !

La machine embarquerait deux millions de puces spécialisées pour un coût total estimé à 200 milliards d’euros.

À titre de comparaison, Colossus, actuellement le superordinateur le plus avancé construit par xAI, a nécessité 214 jours de construction, 7 milliards d’euros d’investissement, et engloutit déjà 300 mégawatts, l’équivalent de 250 000 foyers.

Encore une bonne nouvelle pour la France sur le chantier le plus important du Royaume-Uni à 23,5 milliards d’euros pour 2 réacteurs nucléaires EPR

L’efficacité énergétique progresse… mais trop lentement

Bien sûr, les centres de données deviennent plus efficaces. Le nombre d’opérations par watt a crû de 1,34 fois par an entre 2019 et 2025. Une bonne nouvelle, mais clairement cela pourrait s’avérer insuffisant.

Dans le même temps, la demande totale en énergie a doublé chaque année. Résultat : l’amélioration de l’efficacité est éclipsée par la frénésie de croissance.

Selon Epoch AI, 9 GW pourraient alimenter entre 7 et 9 millions de foyers. Cela donne une idée concrète de l’empreinte énergétique que ces infrastructures pourraient imposer aux réseaux électriques mondiaux.

L’IA industrielle supplante l’IA académique

En 2019, les universités et instituts publics contrôlaient encore 60 % de la puissance de calcul d’IA. Aujourd’hui, 80 % de cette capacité appartient au secteur privé.

Autrefois outil de recherche, le superordinateur est devenu une machine à générer des profits. Les entreprises s’arrachent la puissance pour entraîner modèles linguistiques, algorithmes d’analyse de données et applications industrielles.

OpenAI et NVIDIA en sont des exemples éclatants : chacune a récemment annoncé des investissements colossaux de 500 milliards d’euros pour développer de nouvelles infrastructures.

Le modèle change : on ne construit plus pour explorer, mais pour produire et vendre.

Une domination américaine mais des coûts cachés

Le leadership mondial est aujourd’hui américain : 75 % de la puissance de calcul d’IA est contrôlée par les États-Unis, 15 % par la Chine. Le Japon, l’Allemagne et d’autres anciens piliers du supercalcul suivent très loin derrière.

Installer ces monstres n’est toutefois pas sans conséquence :

  • Perte annuelle de plus de 100 millions d’euros de recettes fiscales dans au moins 10 États américains, en raison des exemptions accordées aux centres de données.
  • Consommation d’eau démesurée pour le refroidissement.
  • Pression sur les écosystèmes locaux liée à l’occupation des sols.

À mesure que les besoins augmentent, le coût écologique invisible devient de plus en plus difficile à ignorer.

Un possible ralentissement en vue ?

Début 2025, les hyperscalers comme AWS et Microsoft ont ralenti certains projets. Certains analystes parlent d’une pause stratégique, d’autres y voient les premiers signes d’une saturation.

La question reste ouverte : s’agit-il d’une simple respiration avant un nouvel élan, ou d’un plateau plus durable ? Ce qui est certain, c’est que l’équation entre puissance de calcul, coût économique et impact écologique devient de plus en plus difficile à équilibrer.

Une ruée vers la puissance, à quel prix ?

La montée en puissance de l’IA n’est pas une anecdote technologique. Elle redessine le paysage industriel mondial, tout en créant de nouveaux défis énergétiques, économiques et écologiques.

Les superordinateurs de demain promettent d’entraîner des modèles toujours plus performants, de résoudre des problèmes scientifiques complexes… mais aussi d’engloutir des ressources à un rythme jamais vu.

La vraie question ne sera bientôt plus de savoir ce que ces machines peuvent faire, mais ce que nos sociétés seront prêtes à payer pour qu’elles puissent continuer de fonctionner.

Cette ville française est devenue en 65 ans le plus grand centre européen pour la production de combustibles nucléaires et son importance va encore s’accroitre

Top 10 des superordinateurs dans le monde en 2025

Rang Nom du superordinateur Pays Puissance (PFlop/s ou EFlop/s) Organisation / Usage principal Commentaire
1 Frontier États-Unis 1,206 EFlop/s Oak Ridge National Laboratory (DOE) Premier supercalculateur exaflopique officiel, leader mondial en puissance brute.
2 Aurora États-Unis Environ 1 EFlop/s Argonne National Laboratory Deuxième exaflopique américain, en phase d’exploitation.
3 Fugaku Japon 442 PFlop/s RIKEN Center for Computational Science Ancien leader, toujours dans le top 3, très utilisé pour recherche scientifique.
4 LUMI Finlande 380 PFlop/s EuroHPC-CSC Plus puissant en Europe, supercalculateur collaboratif européen.
5 Leonardo Italie 239 PFlop/s EuroHPC-CINECA Deuxième plus puissant d’Europe, dédié à la recherche scientifique.
6 Alps Suisse 270 PFlop/s CSCS (Centre suisse de calcul scientifique) Nouveau venu dans le top 10, premier à intégrer des CPU Nvidia Grace Hopper.
7 Summit États-Unis 149 PFlop/s Oak Ridge National Laboratory Ancien leader, toujours performant, utilisé pour simulations complexes.
8 Sierra États-Unis 95 PFlop/s Lawrence Livermore National Laboratory Utilisé principalement pour la simulation nucléaire.
9 Sunway TaihuLight Chine 93 PFlop/s National Supercomputing Center L’un des plus puissants en Chine, architecture chinoise propriétaire.
10 Perlmutter États-Unis 65 PFlop/s NERSC (National Energy Research Scientific Computing Center) Supercalculateur dédié à la recherche énergétique et climatique.

Source : TOP500

Ce classement reflète la domination américaine dans le domaine des supercalculateurs exaflopiques, suivie par le Japon et l’Europe avec des machines très puissantes. La Suisse fait son entrée remarquée dans le top 10 avec Alps, qui se distingue par l’intégration de nouvelles technologies CPU. La Chine reste un acteur majeur avec plusieurs supercalculateurs parmi les plus performants au monde.

Image : Le plus puissant superordinateur du monde “Frontier” en 2022.

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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