Ce géant français de la construction tient enfin le sésame qui va lui ouvrir une voie royale vers un marché à 151 milliards d’euros en 2037 : l’éolien offshore

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Voici l’ovni flottant qui pourrait révolutionner l’éolien en mer.

Certifiée, testée, approuvée. OO-STAR, la fondation flottante en béton de Bouygues, entre dans la cour des grands.
Après deux années d’essais et d’ajustements millimétrés, ce colosse taillé pour la mer du Nord vient de recevoir l’une des certifications les plus exigeantes de l’éolien offshore.
Une innovation française conçue pour affronter les vagues, porter des turbines de 15 MW et… durer.
Mais que cache vraiment ce monstre d’ingénierie qui promet une énergie décarbonée, locale et réutilisable ?

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Une certification qui vaut de l’or pour Bouygues

Dans l’univers de l’éolien offshore, la certification « Basic Design » de DNV, ce n’est pas une médaille en chocolat. Il s’agit d’un sésame délivré après des batteries de tests rigoureux, qui valide la conception d’un flotteur destiné à soutenir des turbines géantes, souvent en pleine tempête. C’est ce que vient d’obtenir OO-STAR, la fondation flottante semi-submersible en béton conçue par Bouygues Travaux Publics.

La reconnaissance a été remise officiellement lors du salon Wind Europe, à Copenhague, en juin 2025. Ce n’est pas une première mondiale, mais l’un des tous premiers concepts en béton à passer ce cap pour une turbine de plus de 15 mégawatts. Une prouesse technique à la française, saluée par la communauté scientifique et industrielle.

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Du béton et de la mer du Nord

Pourquoi du béton ? Parce qu’il est local, dense, durable et moins cher que l’acier à l’échelle industrielle. Le flotteur OO-STAR a été spécialement conçu pour les conditions extrêmes de la mer du Nord, avec ses vents hurlants et ses vagues qui ne plaisantent pas.

La structure semi-submersible repose sur un design ingénieux qui assure une stabilité maximale tout en absorbant les forces hydrodynamiques. Trois campagnes d’essais en bassin ont été réalisées, comme à la grande époque des maquettes en soufflerie, pour tester l’équilibre du monstre avec une turbine dans toutes les conditions imaginables. Résultat : un comportement prévisible, maîtrisé, validé.

Un géant pour turbines XXL

La plateforme OO-STAR peut accueillir une éolienne de plus de 15 MW, soit l’équivalent de la puissance électrique instantanée pour environ 15 000 foyers. On est loin des petites éoliennes à axe vertical qui alimentent un abri de jardin.

Ce dimensionnement répond à la nouvelle tendance : construire moins d’éoliennes, mais plus grandes, plus puissantes, mieux intégrées et espacées, afin d’optimiser les coûts et de limiter les impacts sur les écosystèmes marins. Et OO-STAR coche toutes les cases pour ce marché en pleine ébullition.

Une marée de milliards et un raz-de-marée chinois

Le marché mondial de l’éolien offshore n’est plus une niche pour ingénieurs rêveurs. Il est estimé à 52 milliards d’euros en 2024 et pourrait atteindre près de 278 milliards d’euros en 2034, avec une croissance annuelle moyenne de 14,6 %. Cette dynamique repose sur plusieurs leviers : maturité des technologies, ambition climatique et soutien politique affirmé.

En 2025, un record de 19 GW de nouvelles capacités doit être installé dans le monde, dont 65 % uniquement en Chine, devenue le moteur de l’expansion mondiale.

Dans cette vague d’investissements, l’éolien flottant reste encore marginal avec moins de 7 GW attendus d’ici 2030, mais affiche une croissance annuelle de plus de 50 % et pourrait dépasser les 151 milliards d’euros en 2037 ! Un chiffre impressionnant qui reflète l’intérêt pour des technologies capables de conquérir les zones maritimes profondes où l’éolien posé n’a plus pied.

Une approche EPCI, quatre lettres pour tout faire

EPCI, en anglais engineering, procurement, construction and installation (ingénierie, approvisionnement, construction et installation dans la langue de Molière). Bouygues Travaux Publics joue ici la carte du clé en main, avec une maîtrise complète de la chaîne de valeur. De la planche à dessin jusqu’à la mise à l’eau.

Les méthodes d’ingénierie employées ont été validées indépendamment par DNV, à travers des calculs structuraux et des simulations poussées. Ce n’est pas juste une intuition de bureau d’études : chaque chiffre, chaque épaisseur, chaque liaison a été passée au crible. Ce contrôle qualité à grande échelle vise un objectif clair : atteindre le TRL 8, le niveau de maturité qui ouvre la voie à la production en série.

Une bête durable et recyclable

Le béton utilisé dans OO-STAR peut être produit localement, avec des granulats régionaux, réduisant l’empreinte carbone liée au transport. Ce choix industriel permet de créer des emplois locaux tout en limitant les émissions.

Encore mieux : une fois l’éolienne désinstallée, le flotteur peut être démonté, reconditionné ou même entièrement recyclé. Ses composants sont réutilisables à 100 %, ce qui est rare dans un secteur souvent critiqué pour ses déchets métalliques ou composites. De plus, peu de maintenance est nécessaire durant sa durée de vie, estimée à plus de 30 ans. Ce n’est pas une promesse en l’air : les ingénieurs tablent sur une fiabilité maximale, même dans des zones fortement exposées.

Une course technologique… et économique

Avec OO-STAR, Bouygues Travaux Publics compte bien s’imposer sur le marché mondial des éoliennes flottantes, un segment en pleine explosion. Aujourd’hui, seules quelques dizaines d’unités sont installées, mais les appels d’offres pleuvent en Europe, en Asie et en Amérique du Nord.

La technologie française a donc un coup à jouer. En misant sur le béton, sur la réduction des coûts logistiques, sur l’industrialisation de la production, Bouygues veut transformer OO-STAR en standard pour les zones de plus de 60 mètres de profondeur, là où les éoliennes posées atteignent leurs limites.

Un chantier éolien en mer représente souvent plusieurs centaines de millions d’euros, voire au-delà du milliard. Si OO-STAR parvient à faire baisser de 10 à 15 % les coûts d’infrastructure, cela pourrait représenter des économies de dizaines de millions d’euros par projet.

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La plateforme OO-STAR peut accueillir une éolienne de plus de 15 MW, soit l’équivalent de la puissance électrique instantanée pour environ 15 000 foyers.

Tableau comparatif des technologies flottantes actuellement employées pour l’éolien offshore

Voici un aperçu des principales technologies actuellement en compétition dans le secteur des fondations flottantes pour l’éolien offshore :

Technologie Matériau principal Capacité turbine visée Profondeur d’eau idéale Exemple de développeur
OO-STAR Béton >15 MW >60 m Bouygues Travaux Publics
Semi-submersible acier Acier 12–15 MW 60–100 m Principle Power (WindFloat)
Spar Acier 10–15 MW >100 m Equinor (Hywind)
Tension-leg platform (TLP) Acier 8–12 MW 30–100 m Technip Energies

 

Sources :

  • https://www.researchnester.com/fr/reports/floating-offshore-wind-power-market/7471
  • Bouygues Travaux Public

Image : Beau coucher de soleil (Freepik)

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

1 COMMENTAIRE

  1. Sauf qu’en Euope nous avons deja bcp trop d’électricité
    A quoi bon rajouter des moyens de production ?

    Que les ENRi se cannibalisent entre elles au point que les prix de gros du MWh sur les bourse Europeennes deviennent negatif. Et qu’il faille arrêter les éoliennes.
    En Allemagne c’est un véritable Fiasco ou les prix à la consommation sont parmi les plus lève d’ Europe.
    En mer les parcs ne sont pas les amis des pêcheurs et coûtent des milliars avec des coûts de maintenance qui explosent..
    STOP EOLIEN

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