Le fruit préféré des Français qui pèse 130 milliards d’euros dans le monde pourrait voir son prix quadrupler d’ici 50 ans

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La banane va-t-elle disparaître de nos étals d’ici 2080 ?

La température monte, les récoltes flanchent, et les marchés s’affolent ! Dans le collimateur du changement climatique, un fruit qu’on croit tous éternel : la banane.
Elle pourrait pourtant devenir un produit rare dans les décennies à venir. Et si votre prochain dessert coûtait le prix d’un plat gastronomique ?

Une étude internationale tire la sonnette d’alarme. D’ici 2080, plus de la moitié des plantations actuelles pourraient être rayées de la carte. Si vous pensiez que le climat ne se glissait pas jusque dans vos compotes, détrompez-vous. On passe à table, et le menu ne fait pas rêver.

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La banane pourrait connaitre des jours difficiles avec le réchauffement climatiques

La banane est le fruit préféré des Français en 2024 après avoir détrôné la pomme qui dominait le classement depuis des années. En 2024, la consommation de bananes a atteint 750 000 tonnes, soit environ 11,5 kg par habitant, avec une hausse des achats de 6 % depuis 2020.

Aujourd’hui, le marché mondial de la banane est estimé à environ 130 milliards d’euros en  avec une production annuelle de 156 millions de tonnes. Ce n’est pas juste un fruit : c’est une industrie. Des milliers de camions, des cargos, des ports entiers tournent autour de ce seul produit. L’Équateur, la Colombie ou encore le Costa Rica misent une partie de leur économie là-dessus.

Le hic ? La banane, ce n’est pas un cactus. Elle a besoin d’un climat humide, d’une température entre 25 et 30 degrés et d’un sol bien irrigué. Trop chaud ? Le plant sèche. Trop sec ? Le fruit ne pousse pas. Trop instable ? La récolte fond comme neige au soleil.

Les chercheurs de l’université d’Exeter ont analysé les zones de production à l’aide de satellites, et les prévisions sont glaçantes. On parle de pertes de surface cultivable de 50 à 80 % dans certaines régions d’Amérique centrale d’ici la fin du siècle.

Avec 200 000 hectares (soit 20x la taille de Paris), la Chine devient première puissance mondiale de la fraise

Carte sur table : qui va trinquer ?

Pas tous les pays sont logés à la même enseigne. Si certains comme le Brésil ou l’Équateur semblent pouvoir encaisser le choc climatique un peu mieux que les autres, le Costa Rica et la Colombie risquent de souffrir sévèrement.

Il faut comprendre que la banane n’est pas juste une affaire de climat. C’est un système logistique complexe, avec des routes, des ports, des hangars, une main-d’œuvre formée. Déplacer des plantations vers des zones plus fraîches ? Ce n’est pas comme changer de champ. Il faut tout reconstruire autour.

Voici un petit aperçu de la vulnérabilité des zones actuelles :

Pays Rendement annuel (en tonnes) Risque de déclin d’ici 2080
Colombie 1,5 million Élevé
Costa Rica 2,3 millions Élevé
Équateur 6,5 millions Modéré
Brésil 7 millions Faible à modéré

 

Des mains, de la sueur, et une chaleur intenable

Cueillir une banane, ce n’est pas cliquer sur un bouton. C’est des heures debout sous 35 °C, un régime physique difficile, souvent dans des conditions précaires. Et ça, c’est sans le réchauffement climatique. Quand le mercure dépasse les 40 °C, ce n’est plus une plantation, c’est une fournaise.

Les conséquences sont directes : productivité en chute libre, maladies liées à la chaleur, et une pression énorme sur les ressources humaines. Dans certains cas, les heures de travail devront être réduites, les plages horaires déplacées, voire les récoltes suspendues.

Côté santé, les travailleurs agricoles sont en première ligne. Déshydratation, insolation, épuisement thermique : autant de risques qui montent en flèche.

Le fruit est malade de son uniformité

Autre problème : la dépendance à une seule variété, la fameuse banane Cavendish. Elle est partout. Pourquoi ? Parce qu’elle voyage bien et se conserve facilement. Mais elle a un talon d’Achille : elle supporte mal les écarts climatiques.

Chercher des alternatives génétiques devient donc indispensable. Il faut créer des bananiers capables de survivre à des climats plus secs ou plus chauds. Des instituts travaillent déjà sur des croisements, des hybridations et même des modifications génétiques. Mais ces efforts demandent du temps. Et de l’argent.

Ça coûte combien, de sauver la banane ?

Mettre en place des systèmes d’irrigation intelligents, repenser l’agriculture, former les producteurs à anticiper les sécheresses… C’est jouable. Mais c’est cher. Très cher. On parle d’investissements de plusieurs centaines de millions d’euros à l’échelle régionale.

Beaucoup de petits producteurs n’ont pas les moyens d’assumer ces transformations. Certains pays manquent aussi d’infrastructures ou de soutien public. Il faudrait une mobilisation collective, mais ce n’est pas gagné.

Voici une estimation simplifiée des besoins par hectare :

Type d’investissement Coût estimé (€/hectare)
Système d’irrigation goutte à goutte 6 000
Ombrières textiles 3 500
Formation des agriculteurs 500
Assurance climatique annuelle 200

 

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La banane va-t-elle devenir un produit de luxe ?

Si les rendements chutent et que l’offre diminue, le prix à la tonne va grimper. Et qui dit hausse des prix, dit consommateurs lésés. Imaginez : la banane à 4 ou 5 euros le kilo. Absurde ? Pas tant que ça. Il y a des précédents avec la tomate ou l’huile d’olive…

Aujourd’hui, la banane coûte en moyenne 1,70 € le kilo en France. C’est l’un des fruits les moins chers du marché. Mais demain, si l’offre mondiale se réduit de moitié et que les coûts de production explosent, ce tarif pourrait tripler, voire quadrupler.

Les pays importateurs devront choisir : payer plus ou changer d’habitudes alimentaires. Et dans les écoles, les hôpitaux, les cantines ? Finis les desserts à la banane à prix modique.

Tu veux une banane ? Va falloir te lever tôt. Ou payer cher. Le  fruit préféré des Français n’a jamais été aussi menacé. Et si l’on ne s’adapte pas maintenant, il ne restera bientôt que des souvenirs d’un goût sucré… et l’addition salée.

Sources de l’article :

  • http://dx.doi.org/10.1038/s43016-025-01130-1
  • https://actu.orange.fr/france/la-banane-detrone-la-pomme-dans-le-c-ur-des-francais-magic-CNT000002gve0v.html
  • https://www.mordorintelligence.com/fr/industry-reports/banana-market

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Matthieu Aigron
Matthieu Aigronhttps://www.bulle1924.fr/
Matthieu Aigron est un passionné de gastronomie traditionnelle française, "revisitée" ou non. Il a fait ses études chez Ferrandi avant de faire ses armes aux Plaza Athénée Paris et au Saint-James et désormais Chef du restaurant "Bulle 1924" à Reims. Il vous donne rendez-vous sur Media24.fr pour vous parlez des dernières nouveautés en matière de tourisme, de gastronomie ou tout simplement vous partager une recette !

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