Une véritable batterie verte puisée à 3 000 mètres sous l’Alsace.
Le sous-sol alsacien va devenir un nouvel Eldorado pour la France avec le projet Ageli ! Le terme n’est pas galvaudé pour un projet où la chaleur des entrailles de la Terre permettra non seulement de produire de l’énergie, mais aussi du lithium, ce métal “star” de la transition énergétique. Le 25 mars, l’Union européenne l’a reconnu comme “projet stratégique”, lui ouvrant ainsi un tapis rouge administratif et financier.
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Le projet Ageli en Alsace permettra de produire 10 000 tonnes de lithium
Dans un monde accro aux batteries, le lithium est devenu un ingrédient central. Il équipe les téléphones, les ordinateurs, et surtout les véhicules électriques. D’ici 2031, la France aura besoin de quoi alimenter entre 1,2 et 1,6 million de batteries par an. En 2025, l’Europe importe plus de 80 % de son lithium, souvent depuis des zones instables ou à l’impact écologique élevé.
Ageli a un objectif simple mais ambitieux : produire jusqu’à 10 000 tonnes de lithium par an, directement depuis les profondeurs du fossé rhénan. Ce serait suffisant pour couvrir 15 à 20 % des besoins français en lithium à horizon 2031.
La géothermie au coeur du procédé
Le principe est ingénieux : puiser dans des réservoirs d’eau géothermale situés entre 2 500 et 3 500 mètres de profondeur, où la température dépasse les 150 °C. Cette eau naturellement chaude alimentera des turbines pour produire de l’électricité. Ensuite, avant de la réinjecter dans le sol, on lui extraira le lithium qui y est dissous.
Ce double usage permet de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Contrairement aux méthodes classiques d’extraction à ciel ouvert ou par évaporation solaire, le procédé utilisé ici ne laisse pas de trace visible et évite les gigantesques bassins d’évaporation qu’on trouve en Amérique du Sud.
Un savoir-faire déjà éprouvé à l’autre bout du monde
Eramet a déjà testé et validé sa technologie sur le site argentin de Centenario. Le procédé breveté permet une extraction directe du lithium, sans réactifs lourds, avec un rendement énergétique optimisé.
Ce procédé sera adapté aux spécificités géologiques de l’Alsace. Et même si la concentration en lithium y est plus faible que dans les salars argentins, la proximité géographique et les synergies énergétiques compensent largement.
L’un des avantages de cette solution est aussi la rapidité du cycle : on extrait, on traite, on réinjecte, le tout en circuit fermé. Pas de transport maritime, pas de dépendance aux aléas géopolitiques.
Pourquoi l’Union européenne sort le grand jeu
Avec le Critical Raw Materials Act entré en vigueur en mai 2024, Bruxelles veut sécuriser l’approvisionnement de l’Europe en matières premières sensibles. Le lithium figure en tête de liste.
Le statut de « projet stratégique » accordé à Ageli signifie que les procédures administratives seront accélérées, que l’accès aux financements européens sera facilité, et que le projet pourra s’appuyer sur un soutien politique renforcé. La décision finale d’investissement est prévue pour fin 2027, avec un début de production espéré au début des années 2030.
Un tremplin pour l’Alsace industrielle
Le projet Ageli s’inscrit également dans une vision plus large de réindustrialisation du territoire. L’Alsace, autrefois bastion de la chimie et du textile, pourrait devenir une plateforme stratégique de l’électromobilité européenne.
Outre le lithium, l’énergie géothermale produite profitera à des clients industriels et locaux, pour des usages thermiques ou électriques. De quoi réduire leur facture énergétique et leur empreinte carbone.
À terme, Ageli pourrait aussi servir de modèle pour d’autres projets en Europe, notamment en Allemagne ou en Italie, où les conditions géologiques sont similaires.
Les besoins de lithium en Europe ne cessent de croitre
La demande de lithium en Europe augmente rapidement, principalement en raison de l’essor des véhicules électriques et des systèmes de stockage d’énergie. Les besoins en lithium devraient quadrupler d’ici 2040, atteignant 2,5 millions de tonnes équivalent carbonate. Actuellement, l’Europe dépend fortement des importations, notamment de Chine, du Chili et d’Australie, qui représentent 80 % des réserves mondiales connues. Pour réduire cette dépendance, l’UE développe des projets stratégiques d’extraction et de raffinage dans plusieurs pays comme la France, le Portugal et la Finlande. Malgré ces efforts, seulement 10 % de la demande pourrait être couverte par l’extraction domestique d’ici 2030. Enfin, le recyclage est également priorisé pour atteindre 25 % de la consommation européenne à cette date.
Ce qu’il faut retenir du projet Ageli
- Le lithium sera extrait des eaux géothermales du fossé rhénan, entre 2 500 et 3 500 mètres de profondeur
- Eramet et ÉS développent ce projet, en s’appuyant sur une technologie déjà éprouvée en Argentine
- Le site pourrait produire jusqu’à 10 000 tonnes de lithium par an, soit 15 à 20 % des besoins français dès 2031
- La Commission européenne l’a désigné “projet stratégique”, facilitant son développement
Source : Communiqué de presse d’Eramet
Des forages ont provoqué de petites secousse du côté de Strasbourg et ça parle d’exploitation a 3000 mètres de profondeur , ils n’ont pas peur