Le métro qui pense tout seul : comment Taichung passe à la vitesse supérieure.
Un métro sans conducteur, capable de faire circuler un train toutes les 90 secondes sur près de 25 kilomètres, c’est le prochain chantier que le français Alstom vient de décrocher à Taïwan. Avec un contrat de 159 millions d’euros, l’entreprise française installe son système de signalisation automatisée sur la ligne bleue du métro de Taichung. Loin de se contenter d’un coup de pub, ce projet s’inscrit dans un changement de paradigme dans la gestion des transports urbains.
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Alstom déploie son dernier cri technologique dans le métro de Taïwan
La ligne bleue du métro de Taichung, actuellement en développement, traversera la ville d’ouest en est, du port à la gare centrale. Longue de 24,8 kilomètres et dotée de 20 stations, elle viendra compléter une toile métropolitaine en plein tissage, déjà amorcée avec la ligne verte et poursuivie avec la future ligne orange. Grâce à Urbalis, un système de signalisation de type CBTC (Communication-Based Train Control), les rames peuvent circuler sans conducteur tout en maintenant une fréquence maximale d’un train toutes les 90 secondes.
Urbalis : le cerveau numérique du métro
Le système CBTC Urbalis repose sur une communication constante entre les trains et l’infrastructure. Finies les balises fixes espacées de plusieurs centaines de mètres. Chaque rame sait précisément où elle se trouve, à la seconde près, et peut ajuster sa vitesse ou son arrêt en temps réel.
Cela permet non seulement d’augmenter la fréquence des trains, mais aussi de réduire drastiquement les temps d’attente aux heures de pointe. À terme, on obtient un réseau qui s’adapte aux flux de passagers, sans saturation. C’est un peu comme si un cerveau géant calculait à la volée la meilleure répartition des trains en fonction du trafic.
Le système a déjà fait ses preuves : Urbalis équipe déjà plus de 190 lignes de métro dans 32 pays, de Paris à São Paulo.
Un consortium international et un partenariat de longue date entre Alstom et Taïwan
Dans ce contrat de 159 millions d’euros, Alstom ne fournit pas des trains, mais le cerveau qui les fait circuler. L’entreprise s’intègre dans un consortium international aux côtés de géants comme Singapore Technologies Engineering, CTCI et Hyundai Rotem. Elle s’occupe de la signalisation, un domaine stratégique pour éviter les collisions, gérer les horaires et améliorer l’efficacité énergétique.
Ce n’est pas la première fois qu’Alstom est aux manettes à Taïwan. Elle a déjà déployé Urbalis sur la ligne verte de Taichung, entrée en service en 2021. Et ce n’est qu’une partie de son implication locale : l’entreprise travaille aussi sur les lignes Wanda (phases 1 et 2) et la Taipei Circular Line (phase 2), en plus de fournir 35 rames de métro Metropolis pour une autre ligne.
Une régularité à toute épreuve, même pendant les typhons
Taïwan est régulièrement touchée par des événements climatiques intenses. Cela implique des infrastructures résistantes, modulables et surveillables à distance. Le système Urbalis n’a pas besoin d’un conducteur qui affronte des vents violents. Il communique en continu avec des postes de contrôle, ce qui permet de reprendre le trafic plus vite après une perturbation.
Autre avantage : le système peut évoluer. Si demain la fréquentation explose, on pourra ajouter des rames sans modifier l’infrastructure de base. Le logiciel suit.
On comprend alors pourquoi le choix d’un métro automatique est aussi une décision politique : moins de dépendance à la main-d’œuvre, plus de robustesse, et une flexibilité inégalée.
Une technologie française qui s’exporte sans peine
En positionnant Urbalis comme un standard international du métro sans conducteur, Alstom s’assure une visibilité stratégique. Taïwan est un marché exigeant, mais surtout une vitrine. Réussir à Taichung, c’est pouvoir convaincre ailleurs : Bangkok, Jakarta, Mexico… Le CBTC d’Alstom fait figure de référence mondiale dans les appels d’offres.
Ce n’est pas un hasard si la société cumule aujourd’hui plus de 30 ans d’expertise CBTC. Elle a su capitaliser sur ses expériences, tout en restant à jour sur les normes et les attentes des grandes métropoles.
Et surtout, elle vend une solution évolutive, capable de répondre aux défis de la mobilité urbaine sur les 30 prochaines années.
Le métro comme système nerveux urbain
En ajoutant la ligne bleue à son réseau, Taichung connecte des zones jusqu’alors mal desservies. Le métro devient alors bien plus qu’un moyen de transport : c’est un outil d’aménagement du territoire.
Grâce à l’interconnexion avec la ligne verte existante et la future ligne orange, on assiste à l’émergence d’un véritable réseau multimodal, capable d’absorber la croissance rapide de cette ville de plus de 2,8 millions d’habitants. Une population qui bouge, travaille, consomme… et qui n’a pas envie d’attendre 7 minutes entre deux rames.
Alstom, poids lourd du métro mondial
Alstom est un leader mondial dans la conception et la fabrication de métros, avec une présence sur presque tous les continents. Un métro sur quatre dans le monde est un métro Alstom, et ses solutions transportent chaque année 12 milliards de passagers. Récemment, l’entreprise a remporté de grands contrats, comme la fourniture de 103 rames pour le métro parisien pour près de 1,1 milliard d’euros, ou encore la livraison de 15 rames automatiques à Lille pour environ 210 millions d’euros. En Inde, Alstom a déjà livré plus de 1 200 voitures de métro et continue d’équiper de nombreuses villes en pleine croissance. Au total, plus de 6 000 voitures de métro sans conducteur d’Alstom circulent dans plus de 22 villes à travers le monde, illustrant la puissance de son activité dans ce secteur.
Source : Communiqué de presse d’Alstom