La première gigafactory de filtres à CO₂ veut effacer l’empreinte de 27 millions de voitures.
C’est décidemment un sujet qui est sur toutes les lèvres en ce moment : comment réduire la présence de CO² dans notre atmosphère ? Nous avons déjà évoqué sur ce site les ambitions européennes de “réinjecter” ce gaz directement sous la mer pour l’y stocker, le Canada mise sur une approche différente avec la production en masse de filtre à mettre directement sur les industries émettrices de CO².
C’est au cœur de la Colombie-Britannique, à Burnaby plus précisément, qu’une une nouvelle usine de 13 100 m² vient de sortir de terre et celle-ci pourrait insuffler un vent nouveau pour l’écologie mondiale. Son nom : Redwood Manufacturing Facility. Son ambition : produire en masse des filtres capables de capturer jusqu’à 10 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an… L’équivalent des émissions annuelles de 27 millions de voitures !
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Une usine pensée pour absorber du carbone, pas pour en produire
C’est l’entreprise Svante Technologies, basée à Vancouver, qui est à l’origine de ce projet qui ne démérite pas son épithète de “colossal” : la première gigafactory au monde de 113 000 m² dédiée exclusivement à la production industrielle de filtres à CO₂.
Les filtres produits par Redwood utilisent une technologie exclusive : des structures poreuses appelées MOF (Metal-Organic Frameworks). Ces matériaux offrent une surface de piégeage du CO₂ extrêmement élevée, et surtout, ils peuvent être régénérés et réutilisés.
Montés sous forme de « cartouches » standards, ces filtres sont conçus pour se loger directement dans les cheminées industrielles des secteurs les plus émetteurs : cimenteries, aciéries, incinérateurs, usines de papier ou centrales au gaz.
Une fabrication à haut débit pour des économies d’échelle
L’enjeu, ce n’est pas seulement d’inventer un bon filtre, c’est de le produire par milliers. Redwood repose sur une automatisation complète de l’assemblage et du revêtement des filtres. Cette standardisation permet de réduire considérablement les coûts de captage, longtemps considérés comme l’obstacle principal à une adoption massive.
Claude Letourneau, PDG de Svante, résume l’ambition :
« Ce site de production montre ce qu’il est possible de faire quand la technologie rencontre l’urgence climatique. »
Avec une capacité de 10 millions de tonnes de CO₂ par an, Redwood devient un outil industriel pour la première capable d’intervenir à l’échelle planétaire.
134 millions d’euros pour lancer la machine
Le projet a bénéficié d’un financement d’envergure : 145 millions de dollars américains (environ 134 millions d’euros), injectés par un groupe de partenaires stratégiques qui donne le ton. On y trouve Chevron New Energies, GE Vernova, Samsung, Temasek, United Airlines Ventures et le Canada Growth Fund.
L’objectif à terme est de déployer d’autres usines similaires dans les prochaines années pour répondre à une demande mondiale croissante, notamment en Amérique du Nord et en Asie.
Des filtres déjà sur le terrain
Les filtres de Svante sont déjà installés sur d’autres sites pilotes. En Californie, ils équipent l’unité de Chevron à Kern River. Au Canada, ils sont intégrés à la cimenterie Lafarge de Richmond dans le cadre du projet CO₂MENT. La même technologie est aussi utilisée par Climeworks, pour la capture directe dans l’air (DAC), dans une nouvelle génération d’installations qui divisent la consommation énergétique par deux.
Cette polyvalence : cheminée ou atmosphère libre, fait de ces filtres un couteau suisse du captage de carbone, adaptable aux sources les plus diverses.
Un marché du captage de CO² en plein boom
Le marché mondial du captage et du stockage du CO₂ a été évalué à environ 8,1 milliards d’euros en 2024 et connaît une croissance rapide, avec un taux annuel moyen estimé à plus de 16 % jusqu’en 2034. Selon différentes projections, il pourrait dépasser 23 milliards d’euros d’ici 2033, porté par des politiques climatiques de plus en plus strictes et l’essor des projets industriels à grande échelle.
Les autres grands projets de captage de CO² dans le monde en 2025
Parmi les plus grands projets mondiaux de captage et stockage de CO₂ figurent Northern Lights en Norvège, développé par Equinor, Shell et TotalEnergies, qui vise à stocker plus de 5 millions de tonnes de CO₂ par an à partir de 2028, et Greensand au Danemark, capable d’atteindre 8 millions de tonnes annuelles d’ici 2030. En parallèle, des initiatives majeures émergent en Chine et en Australie, comme le projet Bonaparte CCS qui prévoit de stocker 10 millions de tonnes de CO₂ par an en haute mer à l’horizon 2030. Des projets industriels, tels que le transport transfrontalier de CO₂ entre les Pays-Bas et la Norvège, illustrent la montée en puissance de la coopération européenne autour du stockage sous-marin. Enfin, des sites pilotes comme Mammoth en Islande ou les futures installations chinoises témoignent de l’accélération mondiale dans le domaine du captage de carbone. Si la capacité totale installée reste modeste face aux besoins climatiques globaux, il est en revanche certain que le sujet est pris de plus en plus au sérieux par les industries du monde entier et qu’une lueur d’espoir semble avoir émergée pour inverser la tendance !
Source : Svante Technologies
Image : Locaux de Svante à Vancouver, Canada.
BONJOUR,
ON NE COMPREND PAS POURQUOI, SUR UN SUJET AUSSI SERIEUX, IL N Y AIT PAS UN GROUPE DE SCIENTIFIQUES EXPERTS DES PROBLÈMES D ENERGIE ET DES PROBLÈMES MARINS, NE SE REUNISSENT POUR PRENDRE DES DECISIONS SUR LA SÉQUESTRATION DU DIOXYDE DE CARBONE DANS LES MERS OU LES OCEANS…
DES SCIENTIFIQUES IMPARTIAUX