La France a une solution pour transformer les 250 000 tonnes de déchets nucléaires en une manne économique et écologique

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Cette start-up franco-néerlandaise veut transformer nos déchets nucléaires en électricité.

Transformer nos 250 000 tonnes de déchets nucléaire en énergie. C’est le projet d’une jeune pousse européenne qui entend bousculer l’industrie nucléaire avec une technologie restée pendant 60 ans le placard mais très prometteuse : les réacteurs modulaires à sels fondus au thorium.

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Thorizon veut faire de l’or avec nos déchets nucléaires

Chaque année, le monde produit 10 000 tonnes de combustible usé radioactif et depuis les débuts de l’atome dans les années 50, 250 000 tonnes se sont accumulées dans le monde, stockées comme on peut (parfois même jetées dans l’océan).
L’essentiel vient des centrales électriques, surtout en Europe, Amérique du Nord et Asie.
En Europe, la France, le Royaume-Uni, l’Ukraine et l’Allemagne en génèrent les trois quarts à elles seules. Le recyclage existe, mais reste très marginal : l’essentiel dort dans des piscines ou des bunkers.
Et c’est là que Thorizon veut intervenir : ne plus stocker, mais produire de l’énergie à partir des déchets.

Profiter des 90% d’énergie encore présent dans le combustible nucléaire

Le combustible nucléaire usé contient encore près de 90 % de son énergie initiale. Une véritable manne jusqu’ici inexploité que Thorizon propose de réutiliser à l’aide d’un réacteur modulaire à sels fondus, ou MSR (Molten Salt Reactor). En mélangeant des déchets radioactifs avec du thorium, un métal plus abondant et moins problématique que l’uranium, le système permettrait de produire jusqu’à 100 mégawatts d’électricité, soit de quoi alimenter environ 250 000 foyers pendant plus de 40 ans !

Une architecture très différente des centrales classiques

Le MSR est un réacteur de génération IV, qui fonctionne à haute température et basse pression, ce qui diminue les risques d’explosion. En cas d’emballement, le sel liquide qui contient les matières radioactives se fige naturellement à température ambiante, enfermant le contenu radioactif dans une gangue solide.

Mais la véritable innovation du projet réside dans son système de cartouches interchangeables. Concrètement, chaque cartouche est constitué d’un cylindre en acier massif, contenant le combustible liquide. Une fois que ce dernier est usé, il suffit simplement de sortir la cartouche et de la remplacer, sans avoir à manipuler directement le combustible “comme sur une imprimante… mais en un peu plus lourd”, selon un ingénieur du projet.

Avec ce système, on évite la corrosion, véritable cauchemar dans les réacteurs expérimentaux à sels fondus des décennies passées.

De l’électricité, oui mais aussi tellement plus

Dans sa première version, baptisée Thorizon One, le réacteur sera d’abord destiné à l’industrie.

Les 250 mégawatts de chaleur générés seront utiles notamment dans les procédés chimiques ou pour la production d’hydrogène. En théorie Thorizon One pourra également être configuré pour produire 100 mégawatts d’électricité, avec la capacité de moduler cette puissance de 50 à 300 mégawatts selon la demande.

Une levée de fonds à la hauteur des ambitions

La société a annoncé avoir récemment levé 20 millions d’euros supplémentaires, portant son financement total à 42,5 millions d’euros.

Ces fonds vont permettre à Thorizon de finaliser le prototype du réacteur et de développer les fameuses cartouches interchangeables.

Le projet n’en est encore qu’à l’étape de développement, mais les démonstrateurs sont déjà en cours de conception. D’ici 2030, le premier réacteur pourrait entrer en service, selon les prévisions des fondateurs.

Longtemps à la traine, la France commence à jouer les bons élèves avec une nouvelle usine à 500 millions d’euros pour la production de batteries en Europe

Une technologie ancienne remise au goût du jour

Le concept du réacteur à sels fondus n’est pas nouveau. Il a été testé dès les années 1960 aux États-Unis, notamment à l’Oak Ridge National Laboratory, mais jamais industrialisé, même si son potentiel associé au thorium a rapidement été compris.

Le thorium n’avait jusqu’ici jamais percé car il n’est pas fissile : il faut d’abord le transformer en uranium 233 à coups de neutrons.
Cela oblige à utiliser du plutonium ou de l’uranium enrichi, ce qui complique sérieusement le cycle du combustible.
Cette technologie nécessite en outre des réacteurs spéciaux, des infrastructures dédiées et beaucoup d’investissement. Ce qui explique pourquoi l’industrie nucléaire est restée fidèle à l’uranium, plus simple… et plus utile militairement.
Résultat : pas rentable, pas prêt, pas de filière… Le thorium est resté sur la touche, jusqu’à aujourd’hui.

Mais en 2025, la donne a changé. Le thorium est trois fois plus abondant que l’uranium, il ne provoque pas de réactions en chaîne explosives, et il est moins radioactif à long terme, ce qui réhausse l’intérêt d’une recherche coûteuse mais rentable à la fois écologiquement et économiquement.

Le Thorium est ainsi un candidat sérieux à la relance nucléaire mais reste à voir si les obstacles réglementaires, industriels et sociaux pourront être franchis. Car même une très bonne idée scientifique ne se branche pas toute seule sur le réseau électrique !

Source : https://thorizon.com/news/94/-thorizon-secures-%E2%82%AC20m-to-advance-molten-salt-reactor-development

Image : Échantillon de thorium dans une ampoule

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

4 Commentaires

    • Bonjour Dominique, merci pour votre intervention. Ecoutez je vais être honnete, je n’ai pas la réponse à vos 2 questions que je trouve très pertinentes mais je ne manquerai pas de me rapprocher de Thorizon pour leur poser la question qui pourrait faire l’objet d’un prochain article. En vous souhaitant une bonne journée !

  1. Le serpent de mer du recyclage des déchets nucléaire refait surface régulièrement, mais replonge aussitôt et cela depuis 60 ans. Si j’étais d’un naturel soupçonneux je pourrais croire qu’il n’y a aucune solution rationnelle à ce cousin de la quadrature du cercle.
    Serge Rochain

  2. Très bonne nouvelle ,la montagne de déchets en stock à flamanville, au fond de la Manche ,ou bien,dans les mines de sel allemande ,pourra enfin nous servir ,et sera ,je l espère,un poids moins important pour nos enfants,pour l avenir de notre belle planète !

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