Saint-Gobain réinvente l’isolation thermique en Finlande.
C’est à Forssa, en Finlande, que Saint-Gobain vient de mettre en route une usine d’un genre tout à fait nouveau. Ici, on fait tourner les machines avec du biogaz et de l’eau !
Le domaine de la construction étant là des secteurs les plus polluants du monde, on ne peut que saluer l’initiative du Français pour diminuer son empreinte carbone.
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Saint-Gobain s’attaque au problème des émissions de C02 dans le bâtiment avec une usine nouvelle génération 0 carbone pour la production de laine de verre
À l’échelle mondiale, le secteur du bâtiment représente environ 34 à 37 % des émissions totales de CO₂ liées à l’énergie et aux processus opérationnels, selon les rapports récents du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Cette part inclut à la fois les émissions directes liées à la consommation d’énergie des bâtiments (chauffage, climatisation, éclairage) et les émissions indirectes issues de la production de matériaux de construction, comme le béton, l’acier ou les isolants. Nous avons déjà vu sur ce site que de nombreux laboratoires et entreprises ont commencé à s’attaquer au problème en proposant par exemple du ciment écologique. Dans le domaine de l’isolation, le référent mondial sera désormais français avec l’usine de Saint-Gobain à Forssa !
Le biogaz sous pression : trois réservoirs pour tourner sans polluer
Dans cette usine de Forssa qui ne paye pas de mine, un détail pourtant change tout : l’énergie utilisée n’est ni fossile, ni nucléaire. Depuis juin 2025, la ligne de production de laine de verre de Forssa tourne exclusivement avec de l’électricité hydraulique et du biogaz sous pression, stocké dans trois grands réservoirs flambant neufs. Une grande première dans le monde pour ce type d’usine !
Depuis 2010, le site était déjà connecté par canalisation à un fournisseur local de biogaz. Le pas franchi cette année, c’est celui de l’autonomie : 50 % du besoin énergétique est désormais couvert par le gaz vert, produit à partir de déchets organiques. Le reste est fourni par l’électricité d’origine hydraulique, omniprésente en Finlande.
L’équation est simple : zéro charbon, zéro fioul, zéro gaz naturel.
Une baisse mesurée des émissions, un effet démultiplié
1 500 tonnes de CO₂ seront évitées chaque année grâce à cette nouvelle configuration. Cela équivaut aux émissions annuelles de plus de 700 voitures essence circulant en zone urbaine.
L’impact est aussi mesurable sur le produit fini : la laine de verre issue de Forssa affichera une baisse de 30 à 40 % de son empreinte carbone totale (du berceau à la tombe, comme disent les experts du cycle de vie). Ces données seront bientôt validées par des fiches DEP (Déclaration Environnementale de Produit), attendues d’ici fin 2025.
Autrement dit, moins de CO₂ à la fabrication, moins d’énergie nécessaire à l’usage, et plus de points pour les bâtiments qui cherchent une certification HQE ou BREEAM.
Le recyclage en renfort : quand le verre devient deux fois vert
Le site finlandais agit aussi sur la matière première. Jusqu’à 80 % du verre utilisé dans la laine produite est issu du recyclage. Une vraie performance quand on sait que Saint-Gobain est désormais le premier utilisateur de verre recyclé en Finlande.
Cela veut dire que les bouteilles jetées dans les bacs verts finlandais finissent parfois… dans l’isolation thermique des logements. Et le cercle est vertueux : plus on recycle, moins on extrait, moins on chauffe, moins on pollue.
C’est là tout l’intérêt de cette approche industrielle : la décarbonation passe autant par le choix de l’énergie que par l’origine des matériaux.
Une stratégie d’investissement discrète mais efficace
À aucun moment Saint-Gobain n’a construit une nouvelle usine à Forssa. Tout repose sur une modernisation ciblée des infrastructures existantes, en intégrant des équipements de stockage, de traitement et de distribution de biogaz à haute pression.
Cette mise à jour technologique s’inscrit dans une stratégie plus large du groupe : investir localement, adapter les sites plutôt que les reconstruire, réduire les coûts logistiques et respecter les délais de déploiement.
Une usine vitrine pour un groupe tricentenaire
Avec 46,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, 161 000 salariés dans 80 pays, Saint-Gobain est un de nos champions nationaux dans le domaine de la construction.
En annonçant vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, le groupe s’est mis une pression supplémentaire. Forssa devient ainsi un laboratoire grandeur nature, montrant que l’on peut réduire l’empreinte des matériaux de construction sans renier la performance industrielle.
Et dans un contexte où les bâtiments représentent à eux seuls près de 40 % des émissions mondiales de CO₂, ce genre d’usine devient un outil stratégique, autant qu’un argument commercial.
La construction légère comme point d’entrée de la décarbonation
La laine de verre produite à Forssa sert principalement à isoler les murs, les toitures et les planchers des habitations scandinaves. En climat froid, un bon isolant réduit la consommation de chauffage de 30 à 50 %.
Cela permet aux bâtiments équipés d’améliorer leur efficacité énergétique, ce qui leur fait gagner plusieurs lettres sur l’étiquette DPE (Diagnostic de Performance Énergétique). Or, les nouvelles réglementations européennes vont dans ce sens : isoler mieux, rénover plus vite, consommer moins.
Ce chantier finlandais devient donc la démonstration concrète qu’un industriel peut anticiper les normes au lieu de les subir. Et en prime, cela améliore le confort des habitants. Moins de courants d’air, plus de silence, des factures en baisse.
À Forssa, Saint-Gobain n’a donc pas seulement ouvert une usine, il a démontré que la lutte contre le réchauffement climatique passe aussi… par le choix du bon isolant.
Source : Communiqué de presse de Saint-Gobain
Image : Paysage de forêt et de maisons se reflétant sur un lac recouvert de brouillard sous un ciel nuageux (Freepik)