Un secret des grandes profondeurs dévoilé grâce à la science.
Un nouveau système de caméra a récemment permis à des scientifiques de découvrir une espèce de requin à peau rugueuse, jamais vue auparavant dans les caraïbes : le Centroscymnus owstonii. Cette observation, rendue possible par des avancées technologiques résistant au plus hautes pressions, éclaire d’un jour nouveau la biodiversité cachée des abysses dans les Antilles.
Lire aussi :
- La nature a doté le manchot d’une technique inédite dans le règne animal contre ce métal mortel
- Le poisson des glaces ou Channichthyidae a le record de l’animal à l’environnement le plus froid sur Terre
Le système dBRUV permet des découvertes dans les profondeurs abyssales des océans
L’observation a été réalisée à l’aide d’un système vidéo sous-marin télécommandé : le deep baited remote underwater video system ou dBRUV (en français système vidéo sous-marin télécommandé à appâts profonds). Ce dispositif, submergé à une profondeur de 1054 mètres, était équipé d’une caméra haute définition GoPro dans un boîtier adapté aux grandes pressions, avec un éclairage LED intense et des capteurs pour mesurer la température de l’eau glaciale, qui avoisinait les 5°C. Ce montage a non seulement capturé des images du requin à peau rugueuse mais également d’autres espèces, enrichissant ainsi la documentation sur la faune abyssale.
Un habitat extrême pour un requin énigmatique
Appartenant à la famille des Somniosidae, le Centroscymnus owstonii est adapté à la vie dans les eaux profondes et froides. Ses caractéristiques morphologiques, comme les épines dorsales et la forme particulière de sa nageoire caudale, sont des adaptations à un environnement où la lumière ne pénètre pas. Cette découverte enrichit notre compréhension de la distribution géographique de cette espèce, observée non seulement dans les océans Atlantique, Indien, et Pacifique mais aussi donc, dans la région caribéenne.
Comportement et interactions écologiques
Les 54 passages du requin à peau rugueuse devant la caméra ont révélé des interactions complexes avec l’environnement et le dispositif d’appât. Les données collectées permettent d’analyser son comportement alimentaire et ses mouvements, offrant des indices sur son rôle au sein des écosystèmes abyssaux et son adaptation à un milieu extrême.
Défis et innovations de l’exploration abyssale
Explorer les abysses reste une entreprise coûteuse et logistiquement complexe. L’utilisation de systèmes comme le dBRUV démontre comment la technologie peut pallier ces défis en fournissant des méthodes de recherche efficaces et moins invasives, essentielles pour étudier ces environnements sans perturber leurs équilibres délicats.
(b) première nageoire dorsale longue et basse clairement visible ; (c) bouche sub-terminale ; (d) nageoire caudale ; (e) image du corps entier en vue antérodorsale ; (f) détail de la première nageoire dorsale mettant en évidence la première nageoire dorsale ; (g) image du corps entier en vue antérodorsale.
dorsale mettant en évidence la première épine de la nageoire dorsale ; la flèche blanche indique l’épine.
Protection des profondeurs : un impératif écologique
La pression croissante des activités humaines sur les écosystèmes marins profonds, telles que la pêche intensives ou l’exploitation minière, menace la survie de ces habitats uniques et complexes. Cette étude renforce l’appel à une meilleure compréhension et protection des espèces abyssales, qui jouent un rôle crucial dans l’écosystème des océans.
Cet article explore l’impact des technologies avancées dans la révélation de secrets longtemps gardés par les abysses des Caraïbes, mettant en lumière l’existence d’une espèce de requin méconnue et soulignant l’urgence de protéger ces écosystèmes profonds face aux menaces anthropiques.
Source : Journal of Fish Biology
Image mise en avant réalisée à l’aide de Canva à des fins de représentation de l’article.
